Il n'y a pas à dire, à une lointaine époque, la France et ses réalisateurs savait faire du cinéma. Il y avait les polars, les films de guerre, les études sociales, les vraies comédies, "La femme du Boulanger", "Marius", "Ulysse", "Pécheurs d'Islande". "Les orgueilleux" est un savant mélange explosif, d'exotisme, d'aventure et de sensualité torride. Dans un contexte poisseux, par amour, un docteur alcoolique, clochardisé, réveille son savoir pour endiguer une épidémie. Le fil conducteur excellent et bien dans le cadre de l'époque, reste simple et ne ferait pas à lui seul, un si grand film. Mais le talent et la plastique exceptionnels de Michel Morgan et de Gérard Philippe rendent l’œuvre mémorable pour son interprétation et l'incroyable tension érotique de plusieurs séquences, tout cela sans montrer une seconde, plus qu'un regard ou bien une goutte de transpiration qui s'écoule sur le cou lors d'une étreinte symbolique. Chapeau les artistes. Quant à la déchéance alcoolique, ce n'est pas là qu'on pouvait attendre monsieur Philippe et pourtant, il y est et crève littéralement l'écran...