Misère, c'est pas gai ! Je ne connaissais pas le sujet du livre de Drieu La Rochelle dont est tiré le film. Alors voilà, pour faire court : c'est l'histoire d'un dépressif désœuvré, ex-alcoolique, qui erre dans Paris avant de se suicider. Pas franchement réjouissant... Et le long-métrage de Louis Malle est fidèle au roman éponyme ! Dans le rôle du dépressif traînant son désœuvrement, Maurice Ronet. L'acteur ténébreux, à l'affiche 5 ans plus tôt d' "Ascenseur pour l'échafaud" (déjà Louis Malle), puis magnétique en 1960 dans "Plein Soleil" de René Clément au côté de Delon, se fond de façon quasi mimétique dans la peau du héros. Cynique désabusé profondément inapte au bonheur, impuissant à refaire surface après sa cure de désintoxication dans la clinique versaillaise du docteur La Barbinais, Alain Leroy, dégoûté de tout, fatigué de vivre, annonce ses intentions suicidaires en inscrivant la date du 23 juillet sur le miroir de sa chambre. Avant ce geste fatidique, on le voit trimbaler son mal-être dans les rues de Paris et refaire une dernière fois le tour de ses connaissances, ses amis, ses ex dans une sorte d'itinéraire final désespéré. Du point de vue esthétique, la photographie noir et blanc de la capitale dans laquelle le héros malheureux traîne son désespoir sublime l'œuvre, jusqu'à la quintessence de la scène au "Café de Flore" sur la "Gnossienne n°1" de Satie. Drame à l'atmosphère crépusculaire sorti en 1963, "Le Feu Follet" me laisse une impression bizarre, mitigée, entre mélancolie et pessimisme, à laquelle j'étais finalement soulagée d'échapper avant d'être, comme Alain Leroy, aspirée dans ses filets.