Vu a sa sortie et vu dernièrement en DVD. A partir du moment où j’ai tel film en DVD, je peux vous assurer que je l’aime pour la vie entière ! C’est le cas de « Basic Instinct ». Contrairement à certains de mes DVD, ma mémoire ne me fait pas défaut ; qu’importe, moi qui apprécie d’avoir des manques, ce qui me permet de conserver l’effet de surprise, pour le film de Verhoeven tout est bien ancré. Toutefois, j’ai toujours le même plaisir à revoir les scènes comme si je les découvrais pour la première fois. Verhoeven est un réalisateur que j’ai toujours soutenu et défendu, même si je n’apprécie pas toute sa filmographie. Sa période néerlandaise est à découvrir. Ce que j’aime en lui, c’est son esprit sulfureux, c’est-à-dire honnête, brut. Il n’est ni hypocrite ni pudibond et surtout incorruptible. Ce n’est pas parce qu’il tourne aux States qu’il baisse son froc, qu’il dit amen à tout. C’est un caractère et bien sûr un des plus grand réalisateurs de cinéma. J’aime ses provocations. Et encore une fois, je suis consterné que des spectateurs soient indignés par les scènes de sexes qualifiées « d’explicites ». N’importe quoi ! « La vie d’Adèle » était beaucoup plus explicite. Les mêmes qui ne s’indignent pas de la violence. Celle-ci souvent très explicite. Verhoeven est néerlandais, le corps nu n’est pas tabou. Quand deux personnes font l’amour, ce n’est pas à moitié habillé. « Basic Instinct » est un thriller érotique dont la nudité n’est en aucun cas gratuite. Pas plus que la violence. Là encore, Verhoeven ne joue pas les pudibonds ou hypocrites. Sa violence comme les scènes d’amour s’inscrit parfaitement dans l’esprit du récit. Un récit sulfureux qui entretient de bout en bout le doute jusqu’à la scène finale. Un doute renforcé par la musique de Jerry Goldsmith lequel comme Verhoeven donne au film un accent hitchcockien. La charge érotique du film ne se limite pas à la scène de l’interrogatoire, elle est déjà dans le premier face à face entre Nicky et Catherine. Et cette charge érotique ponctuera l’histoire. On dit que ce film a révélé Sharon Stone, c’est indéniablement vrai, mais j’espère que ce n’est pas limité à la scène d’interrogatoire ; dès sa première rencontre avec Nick, sa façon de répondre, d’anticiper les questions l’installe comme une véritable actrice ; et ça se confirme tout au long du film, dans la voiture qui l’amène au commissariat, au milieu de tous ces inspecteurs avant de répondre aux questions, elle impose déjà une présence. Ce qui prouve sa capacité de jeu ajouté à la direction de Paul Verhoeven. Elle fait jeu égal avec Michael Douglas, acteur chevronné. On pourrait presque dire que Sharon Stone avait déjà beaucoup de métier. Catherine, son personnage entretient l’ambiguïté avec talent, elle a réponse à tout et surtout dit la vérité (ou a un don pour maquiller la vérité)… Verhoeven joue avec le spectateur en semant le doute constamment. On partage les mêmes doutes qui parasitent l’esprit de de Nick. En cela, le film est bien construit. A bien y regarder, la scène d’introduction nous ne révèle pas vraiment le visage de la meurtrière. Les plans sont habilement filmés pour ne pas nous montrer explicitement le visage. C’est une blonde et alors ? Les plus avertis se reporteront sur les seins… pas sûr. Le spectateur n’est pas dupe et se voit conforté avec le dernier plan. A moins que… Sharon Stone sera récompensée par ses pairs avec « Casino » de Scorsese. Mais je me plais à penser que sans « Basic Instinct » il n’y aurait pas eu de Sharon Stone dans « Casino ». On n’est pas obligé d’aimer le film, mais on ne peut pas ne pas saluer la performance de Sharon Stone dévouée à Verhoeven. Je ne vois toujours pas les deux heures passées, au contraire je les déguste. A voir en V.O si possible pour le timbre particulier de Michael Douglas.