Si le thriller érotique est aujourd'hui devenu assez courant, et produit pas mal de films assez médiocres répétant toujours les mêmes formules, il n'en était pas ainsi en 1992 quand Verhoeven réalisa ce film assez novateur et provocateur pour l'époque, Basic Instinct.
Le réalisateur hollandais est totalement à l'aise avec cet univers pervers et ces personnages incapables de résister à leurs pulsions les plus animales, à leurs ... instincts les plus basiques! Michael Douglas et Sharon Stone sont parfaits pour ces rôles, et il est un peu triste de voir qu'ils ont régulièrement eu à jouer des mauvaises copies de leurs personnages par la suite, comme s'ils avaient été enfermés dans cette image sex symbole de femme fatale et d'homme victime de ses pulsions.
Ce Basic Instinct me fait beaucoup penser aux thrillers malsains de Brian De Palma (j'imaginerais sans grande peine le réalisateur de Body Double ou Pulsions derrière ce film-ci), et puis bien entendu, en continuant cette filiation, impossible de ne pas voir une parenté entre Basic Instinct et le Vertigo Hitchockien.
On retrouve ici un homme névrosé, traumatisé par un fait passé, aux prises avec une femme fatale blonde. On retrouve aussi le fétichisme des cheveux, blonds ou noirs, les images familières comme le Golden Gate, les conversations en voiture ou encore les escaliers filmés en plongée.
Bref, il me semble évident que l'ombre hitchockienne pèse sur Verhoeven, mais cela ne l'empêche pas de se démarquer de son modèle en proposant une vision peut être encore plus sauvage de l'amour et des relations humaines, et surtout, formellement, de faire exploser ce qui n'était que suggéré chez tonton Hitch (dans la lignée de De Palma, donc).
Cette mise en scène des plaisirs charnels, cette représentation de la chair entre le sensuel et ... le sang, me semble assez bien maitrisée. On peut penser bien sûr aux nombreuses scènes explicites, mais aussi à quelques moments tendus où l'on ne voit finalement pas grand chose, comme dans la cultissime scène de l'interrogatoire.
Je trouve néanmoins que sur la fin, le cinéaste hollandais perd un peu les pédales et nous embrouille plus qu'autre chose à trop vouloir chercher la provocation et le climax à tout près, faisant fi de la cohérence.
Malgré cette dernière partie un peu excessive, ce Basic Instinct reste un très bon essai de thriller érotique moderne, au dessus de la plupart des copies qu'il a engendré.