Cela doit bien faire trois ou quatre fois que je regarde ce film culte, réalisé par Paul Verhoeven et sorti en 1992, et ma note ne cesse de grimper à chaque visionnage ! Nous suivons ici l'histoire de Nick, un policier chargé d'enquêter sur un meurtre et la première suspecte est Catherine Tramell, une riche romancière diplômée en psychologie. Et Catherine n'hésitera pas à user de ses nombreux charmes pour déstabiliser le fragile inspecteur Nick ! Genre pourtant popularisé au début des années 80, c'est avec ce film que le réalisateur signe l'apogée du thriller érotique qui engendrera derrière lui plusieurs ersatz (comme "Jade", "Body", "Sliver" etc.) mais qui n'égaleront jamais celui-ci. Adoptant également les codes du film noir (puisque l'on y retrouve par exemple la femme fatale blonde, la brune proche du héros, le flic alcoolique et limite dépressif etc.), le film nous livre une histoire qui prend parfois son temps (ce qui m'avait plutôt dérangé lors de mon premier visionnage d'ailleurs) mais qui n'en est pas moins haletante. Ça m'avait en effet dérangé car on m'avait vendu le film comme un thriller sulfureux (ce qui est le cas) mais surtout passionnant du début à la fin et j'ai ainsi confondu rythme et rapidité. En effet, une intrigue n'a pas besoin d'être "rapide" pour être bien rythmée. Ici, nous avons par exemple énormément de scènes dialoguées qui prennent leur temps (comme la célèbre scène de l’interrogatoire ou encore tous les échanges entre Nick et Catherine ou Nick et Élisabeth) mais qui sont essentielles à la construction et à la compréhension de l'intrigue mais également des personnages ! Effectivement, outre le caractère sulfureux du film qui a beaucoup fait parler de lui, le film est très intelligemment écrit. Le film se focalise finalement autant sur l'enquête policière (un peu vaine pour le spectateur car, malgré le twist et quelques doutes, nous savons très bien, dès le début, qui est le tueur ; ce qui n'est d'ailleurs pas un défaut pour autant !) que sur la descente aux Enfers de Nick. En effet, dès qu'il rencontre Catherine, cette dernière s'amuse à le manipuler, à jouer avec ses sentiments et il retrouve, inconsciemment, ses anciens démons. Également dans sa construction, le film nous montre la dégradation du héros, notamment avec cet effet miroir qui place progressivement Nick littéralement à la place de Catherine, presque sans que le spectateur ne s'en rende compte. Et puis nous avons bien-sûr cette fin, ce dernier plan, cet ultime twist qui peut prêter à tant d'interprétations possibles. Et ce genre de chose n'est possible qu'au travers de dialogues très bien écrits et maitrisés dont aucune réplique n'est anodine ! C'est d'ailleurs, je pense, pour ça que mon appréciation du film ne fait que croître au fil de mes visionnages car je découvre toujours quelque-chose que j'avais loupé, tant le film est riche. Nous avons également la mise en scène qui est excellente, et pas seulement dans ses scènes iconiques, qui fait passer tellement de choses et d'informations au travers de ses plans et mouvements de caméra. Concernant les acteurs, nous retiendrons bien-sûr Sharon Stone, certainement dans son rôle le plus mémorable, mais également Michael Douglas qui joue également très bien. "Basic Instinct" est donc un thriller magnétique et captivant, brillamment écrit, réalisé et interprété.