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gimliamideselfes
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3,5
Publiée le 9 mai 2018
Film méconnu de Rivette, Hurlevent gagne a être mis en lumière puisqu'il s'agit là d'une œuvre singulière et vraiment étonnante. Je ne connais pas l’œuvre d'Emily Brontë, mais Rivette dit dans le générique adapter les premiers chapitres des Hauts de Hurlevent. L'action se situe bien après la mort de l'auteur du bouquin et dans le sud de la France, je suppose donc que Rivette s'est fait plaisir avec l'adaptation.
Un changement salvateur tant les paysages sont beaux, tant toute cette pierre, tant tout ce soleil donne un aspect terroir des plus appréciable.
Plus surprenant que la relocalisation du film en France, ici tous les rôles ou presque, sont tenus par des adolescents et ça donne un charme totalement absurde au film. Je m'explique, dans le film les gens passent leur temps à se crier dessus, à se battre, à ne pas savoir parler calmement... Le fait de voir des ados parlent parfois beaucoup trop bien pour leur âge, prendre des airs de grands bourgeois, alors qu'on voit bien qu'ils sont très jeunes donnent un aspect farce au film, tout en expliquant leur comportement, c'est des gamins... ils sont incapables de se gérer...
Mieux encore, le seul personnage qui n'est pas totalement con c'est la bonne, l'une des seules adultes dans cette histoire... Et on voit dans la bonne devoir gérer les bourgeois qui sont trop cons pour communiquer, trop cons pour se parler clairement, trop cons pour faire autre chose que de se frapper... Ce qui donne, mine de rien, une dimension politique au film.
Le film est néanmoins un peu long, il ne se passe pas forcément grand chose, mais il arrive constamment à proposer quelque chose pour faire réagir le spectateur malgré la redondance des scènes de disputes qui ne sont pas forcément fondées sur grand chose. Je pense à cette fête du quatorze juillet, où ils sont six, ils dansent autour d'une grande table avec quelques lampions. La scène est profondément étrange, un bal avec six personnes ? Voilà qui renforce encore le côté farce du film.
Bref, c'est un film assez dérangeant tant il ne fait pas ce qu'on attend de lui et se contente du minimum (sans que ça soit un mal). Surprenant.
Jacques Rivette a indéniablement été marqué par « Les hauts du Hurlevent » dEmily Brontë. Moins par le récit romanesque que par la force et la violence des rapports entre les personnages. Et cest cela quil met en scène, car ici il faut parler de mise en scène plutôt que de réalisation tant la théâtralité est omniprésente. Il transpose une partie de cette histoire sur la période de lentre deux guerres, dans le pays des Cévennes, marqué par un puritanisme forcené. Ainsi, il ajoute une dimension doppression aussi forte que celle voulue en son temps et dans un autre pays, par la plus sauvage des surs Brontë
Tout dans ce film se veut épuré et abrupt : un récit orienté volontairement sur le conflit, une photo très artificielle, des décors et des costumes spartiates. De prime abord peu accessible, Rivette semble navoir réalisé ce film que pour son bon plaisir et y dévoile un manque de pudeur salvateur quon ne lui connaissait guère dans ses uvres précédentes. Il ne réalise pas seulement une uvre personnelle mais nous fait part de son incroyable admiration et son assentiment pour ce chef duvre de la littérature anglaise, et limpose derechef comme la plus fidèle des adaptations.
Le résultat aurait sans doute eu moins pénétrant sans lexceptionnelle interprétation de Lucas Belvaux. Il apporte à Roch, la même noirceur dans lesprit de vengeance, limpressionnante profondeur et lattirance manifeste que lon prête à lHeatcliff du roman.
Un film à placer sans aucun doute dans une future collection de la Pléiade Cinématographique.