Princesse Tam Tam est un film des années 30 peu connu, mettant en vedette Albert Préjean et surtout Josephine Baker, laquelle, encore une fois, ne me convainc pas véritablement devant la caméra.
Tout le film tourne autour d’elle, et on se retrouve, comme Zouzou par exemple, peut-être même en plus marqué encore, avec un film spectacle à l’intérêt tout à fait limité. A la fin on se coltine quasiment un quart-d’heure de scènes dansées par exemple, et dont l’enjeu dans l’histoire reste en plus ténu. Il y a encore d’autres scènes chantées dans le film, mais à la limite c’est moins envahissant. L’histoire aurait pu éventuellement sans sortir, faisant passer le film pour une sorte de semi-comédie musicale, mais en vérité elle est tout à fait convenue. Lors d’un voyage en Tunisie un écrivain ramène avec lui une jeune femme locale, et pour rendre jalouse sa femme adultère il va, avec la complicité de son meilleur ami, la faire passer pour une princesse. De là découleront quelques gags fort convenus sur le décalage entre cette fille des rues et la haute société parisienne, et surtout beaucoup de lenteurs et de scènes de remplissages. Passé la première demi-heure, on se retrouve dans un film qui vivote gentiment entre vaudeville facile et scènes de spectacle, et au bout d’1 heure 15 environ le rideau tombe.
Peu enthousiasmant sur le fond, le film se rattrape un peu avec ses acteurs. Ces derniers jouent honorablement. Joséphine Baker reste tout de même approximative niveau jeu. On sent que c’est avant tout une femme de spectacle, pas vraiment une actrice, et si elle est à l’aise dans la seconde partie, dans la première c’est parfois franchement limite. Albert Préjean, Robert Arnoux, Jean Galland, pour ne citer que quelques autres acteurs dotés de rôles importants, sont convaincants, et globalement ils parviennent parfois à apporter un peu de la malice qu’il faut pour faire sourire ou amuser. Malheureusement l’importance de Préjean et de son acolyte décroit dans la deuxième partie, au fur et à mesure que la scène et la description du Paris bourgeois prend le pas sur l’histoire. Finalement, malgré leur talent, les acteurs ont du mal à faire oublier leurs personnages assez peu écrits.
Reste la forme, avec un réalisateur dont le talent explose dans les scènes de cabarets, mais reste assez terne pour le reste. Malgré tout, il tient à peu près la baraque, et c’est vrai qu’il a de la maitrise pour mettre en valeur les numéros dansés, dont le principal, avec quelques très belles idées (la vue plongeante sur le damier). Même s’il n’a pas beaucoup de génie ici, Greville parvient à insuffler du dynamisme à sa réalisation, et cela, c’est déjà un point qui plaide en faveur d’un film de ce genre, dont le principal intérêt réside dans sa vivacité et sa flamboyance. D’ailleurs en cela la deuxième partie est bien meilleure, à la fois dans les décors, la mise en scène, la musique, et même si on perd assez nettement l’histoire, esthétiquement on voit bien que toute l’équipe, et pas seulement Greville, était plus dans son élément que dans l’exotisme tunisien.
Franchement, ce métrage ne me convainc quand même pas énormément. L’histoire a une bonne idée mais est finalement bien paresseuse, et tient son rythme sur des spectacles dansés et chantés, réussis mais qui ne font pas beaucoup avancer le schmilblick. Joséphine Baker est une femme de scène, moins une actrice. Malgré cela, Greville orchestre une réalisation assez dynamique et les acteurs offrent des partitions assez solides pour maintenir un certain intérêt. A voir éventuellement pour le quart d’heure de spectacle dans la dernière partie du film, mais outre mesure c’est un film limité. 2