Fait chier quoi... Autant je me suis rincé l'oeil et l'âme devant Totoro, Chihiro ou le château dans le ciel, autant là je suis déçu. C'est indéniable que c'est un bon film à l'ambiance vraiment bonne. Et puis bon, c'est juste éblouissant visuellement, que ce soi dans les scènes d'action où les scènes intimistes. Et pourtant... Le scénario n'est pas mauvais mais je trouve juste que ce n'est pas aussi bon que les autres. Où est passé la simplicité ultra efficace de Totoro? Je dirais qu'en fait le scénario est trop riche et très simple à la fois (curieux hein?). On se perd parfois entre les événements. Ce qui amène un autre petit défaut : le film est sans doute un peu long. Cette histoire ne méritait peut-être pas un film si long je pense et Miyazaki peine à installer de ce fait un mystère autour de cette forêt et de ces dieux (ce qui était pourtant très réussi dans le château dans le ciel, dès le début on ne pouvait pas faire plus mystérieux et ça continuait jusqu'à la fin et même au-delà de la découverte de Laputa). En fait le film est bon, c'est juste que je n'ai pas accroché autant qu'a ses autres films voilà tout. Et cela peut s'expliquer en partie par ceci : les personnages sont adultes, le film est sombre, parfois sanglant. Exit la petite Chihiro pleurant ses parents en mangeant du riz ensorcelé, exit ces enfants tellement heureux de rejoindre Laputa le cité des airs, exit la petite Mei courant à s'en rompre les os pour sauver sa mère malade à des kilomètres de là dans Totoro. En gros, exit l'enfance. Et c'est peut-être ça le problème. Le film est plus mature que les autres Miyazaki dans le sens où on ne se penche pas sur l'enfance. Mais c'était pour moi l'intérêt de son cinéma, comment oublier ce passage sur le dirigeable où les deux enfants se racontent leurs angoisses et leur peurs qui m'a planté une flèche dans le coeur et fait pleurer à chaudes larmes dans le château dans le ciel? Ici, autant vous dire qu'aucune scène similaire ne me restera en mémoire. Le film est cruel, montre la connerie humaine et est un plaidoyer contre la nature. Oui, bien sûr que c'est louable, il est temps pour les spectateurs de perdre leur innocence, d'ouvrir les yeux, de voir la véritable face de l'humain, mais à quel prix? Le réalisateur a grandi, nous aussi, certes. Mais justement, moi je ne veux jamais grandir quand je regarde un de ces films; je regarde Chihiro, je retrouve l'enfance et l'émerveillement, la peur, la tristesse. Je regarde Mononoké, je conserve une boule au ventre en voyant à quel point c'est moche de devenir adulte parfois. Bon à ce stade, vous devez vous dire que j'ai pété les plombs et que j'ai détesté. Bien sûr que non, j'ai vraiment aimé. La forêt, les dieux animaux (les loups magnifiques, j'adore la grâce de cet animal), la mise en scène, les scènes d'action magnifiques, le personnage de San très beau, les petites touches d'humour sympathiques malgré tout etc. J'ai aussi été très intéressé par certaines bonnes idées, comme le personnage principal qui essaye de se débarrasser du démon qu'il abrite ou la relation entre San et lui, ambiguë et réussie. Mais voilà, le changement d'ambiance radicalement différent ne m'a pas aidé à rentrer dans un scénario un peu trop flou pour moi. Cela dit, pour un fan de Miyazaki ça vaut quand même le détour, même si c'est le moins bon que j'ai vu.