Troisième film de Kevin Smith après son culte "Clerks" et son sympathique "Les Glandeurs", "Méprise Multiple" (mais putain c’est quoi ce titre français de merde qui n’a rien à voir avec l’original ??!!!!) nous raconte l’histoire de deux créateurs d’une bande dessinée, Holden et Banky, qui participent à une convention de comic books durant laquelle il rencontre une consoeur, Alyssa, dont Holden tombe amoureux. Malheureusement pour lui, cette dernière est homosexuelle et une relation amicale mais ambigüe s’installe entre eux deux, bouleversant ainsi l’amitié des deux garçons.
Cette fois-ci, Smith nous livre un film beaucoup plus personnel qu’à l’habitude, avec beaucoup moins de gros délires : une histoire d’amour très bien écrite. Oui, car la force de "Méprise Multiple" c’est l’extrême réalisme et la justesse des sentiments dévoilés à l’écran : absolument divin ! De nombreuses scènes arrivent à nous rappeler nos propres souvenirs amoureux qu’ils soient négatifs ou positifs : la formidable déclaration dans la voiture suivie de sa conclusion sous la pluie (d’une beauté et d’une poésie rarement présentées dans un film romantique), la très intelligente discussion sur l’amour et le couple dans le lit, jusqu’à cette magnifique engueulade criante de vérité devant la patinoire au sujet du passé sexuel d’Alysson (ou comment parler de sujets tabous sans jamais verser dans le scabreux, bravo !). On peut donc considérer ce film comme étant incontestablement celui le plus mature de Kevin Smith dans la mesure où c’est tellement juste et aussi dans le fait qu’il confirme qu’il est un véritable dialoguiste de génie que ce soit dans le sentimental ou le comique (la réflexion d’un geek sur le métier d’encreur, lorsque Holden et Alyssa énumèrent les blessures qu’ils ont eu lors d’aventures sexuelles loufoques, ou encore cette formidable conférence sur la place des blacks dans les comics et Star Wars !!). On a toujours droit aux clins d’œil à l’univers « new-jerseyien » de Smith et à ses précédents films comme quand Alyssa parle à Holden de sa copine qui a couché avec un mort dans un quick-stop (la pauvre Caitlin de "Clerks"), le producteur Jim Hicks interprété par Brian O'Halloran (dans "Clerks" il interprétait Dante Hicks et Gill Hicks dans "Les Glandeurs"…les personnages s’appelant Hicks ont l’air d’être devenus le running gag de tous les films de Smith !) ou encore le retour des emblématiques Jay et Silent Bob pour une scène fantastique dans un café (ah, le speech de Bob sur « chercher l'Amy » !!). Côté casting, Kevin Smith a encore repris ses sempiternels potes qui ont déjà tourné avec lui pour un résultat très haut en couleurs : Ben Affleck nous livre ici certainement l’un des meilleurs rôles de toute sa carrière car il est tout simplement remarquable (à croire qu’il a réellement vécu une histoire d'amour impossible aussi difficile que celle de son personnage). Joey Lauren Adams est terrible aussi dans le sens où elle est à la fois drôle dans les moments d’insouciance, poignante lors des séquences forte en émotions et criante de vérité lors de ses excès de colère. Jason Lee apporte lui une bonne dose d’humour malgré son personnage marqué au fer rouge par une certaine colère et frustration. Son duo avec son ami Holden fonctionne nickel chrome. Quand à Jason Mewes et Kevin Smith lui-même, ils sont toujours excellents dans leurs rôles de Jay et Silent Bob, personnages récurrents toujours hilarants et parfois philosophes, voire moralisateurs.
"Méprise Multiple" est donc tout simplement l’une des meilleures comédies romantiques jamais créées avec un humour rafraîchissant qui joue intelligemment sur le fait que la méconnaissance et l’inconnu peuvent parfois nous empêcher d’être heureux, mais qu’au final rien n’est impossible en amour. Un vrai petit bijou !
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