Troisième film dOlivier Assayas, «Paris séveille» (France, 1991) possède déjà la singularité de mise en scène dun grand cinéaste. Tout en sinspirant de la Nouvelle Vague par la distribution et la direction dacteurs, Assayas met en scène son film dune manière originale, scindant les espaces, soustrayant la vivacité des couleurs aux teints pâles de son univers. Les images ne sencastrent pas dune façon automatique, elles se dissolvent les unes dans les autres. Et cest ainsi que sopère louverture despace du film, tout comme lappartement de Clément (Jean-Pierre Léaud) qui sépare laction et la caméra puis qui, in fine, figure lélargissement des horizons des personnages. Adrien, interprété par le talentueux Thomas Langmann, passe du petit délinquant au grand voyageur fugueur, Clément, du père transit à lhomme posé et amoureux. Mais cest le personnage de Louise (le meilleur rôle de Judith Godrech), centre affectif de «Paris séveille» qui figure la plus grande évolution passant de jeune fille en quête didentité à présentatrice reconnue de la météo. Tout sélargie, tout ne saméliore pas mais tout prend de lampleur. Cest limperceptible évolution des choses qui saigne le film. Lentrecroisement des amours, sentortillant autour de lambition calme de Louise, possède au travers de lil dAssayas le teint dune Nouvelle Vague, la vérité de la foule parisienne, mais aussi les doux affres du commun. Denis Lenoir, directeur de la photographie et Luc Barnier, monteur participent avec brio à lambiance réduite du film. Et cest ainsi, en montrant un petit groupe de personne cloisonné dans des «communautés» anti-sociales quAssayas montre le crépuscule de Paris, comme laissant en suspend son réveil, le jour où Paris séveillera.