Je n'ai jamais tapé de commentaire sur Allociné, mais, au moment où je commence celui-ci, le seul commentaire concernant L'ARRIERE-PAYS de Jacques Nolot date de 2009 et n'en dit quasiment que du mal (une étoile). Je me sens donc investi de la noble mission de réparer ce que je considère comme une lourde injustice (même si je respecte le point de vue d'autrui).
Jacques Nolot a réalisé 3 films. L'ARRIERE-PAYS est le premier. Il est sensible, plein de délicatesse, très bien joué (mais pas de manière "professionnelle", bien visible et bien technique). Dans quel film prend-t-on le temps de nous faire rencontrer une vieille femme malade, puis de la découvrir morte et nue dans une longue séquence ? Son fils Jackie (Jacques Nolot) la porte pendant que l'on remet les draps de son lit à l'endroit.
Nous sommes dans "l'arrière-pays", tout le folklore semble y être, mais les gens n'y sont pas caricaturaux. Leurs contours ne sont pas parfaits, on sent un mélange de choses que l'on pourrait qualifier de qualités et de défauts. C'est si juste que tout respire et tout, si l'on a les yeux et le coeur ouvert, fait mouche.
Et derrière cette "France profonde", ni idéalisée ni condamnée, qu'y a-t-il ? L'homosexualité de Jackie, maintenant acceptée (du moins en apparence) car il est devenu une "vedette". Et la sensualité, le désir, le retour, après les obsèques de la mère, les retrouvailles avec la famille, vers la ville et un univers troublant et moins balisé. Ouf !
En fait, l'arrière-pays, c'est peut-être celui-là: le pays derrière les apparences, le pays de la complexité humaine plutôt assumée que camouflée.
L'ARRIERE-PAYS est un film qui, me semble-t-il, ne fait pas de cadeau, n'idéalise pas, ne juge pas, mais offre un regard particulier, sincère, tranquillement et radicalement audacieux (comme va le confirmer le décapant CHAT A DEUX TETES, deuxième film de Nolot). Jacques Nolot a quelque chose à raconter et sait le raconter sans utiliser les codes les plus répandus du cinéma le plus répandu. Merci à vous, Jacques ! Moi, ça me touche énormément.
(Je crains de ne pas avoir trouvé les mots justes. Désolé: si l'on peut modifier ce commentaire, je le ferai au gré de l'évolution de mon inspiration).