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chrischambers86
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3,5
Publiée le 18 mai 2014
Nous sommes dans la pèriode où William Dieterle tourne des biographies d'hommes illustres tels que Emile Zola! Comme d'autres du même rèalisateur, ce film ouvre un nouveau chemin au cinèma historique en faisant abstraction de grands spectacles, de batailles et de rois! Oscar du meilleur film 1938, "The Life of Emile Zola" expose comme dans "The Story of Louis Pasteur" ou "Juarez" les intrigues et l'hypocrisie des cercles dirigeants; sa signification est surtout sociale et son interprètation particulièrement rèaliste (Paul Muni est un saisissant Zola). D'après le livre de Matthew Josephson, on peut trouver dans ce drame historique de Dieterle - qui raconte la vie de Zola, avec, en particulier, son amitiè pour Cèzanne et l'affaire Dreyfus - une profonde analogie avec la situation de l'èpoque! En fait ce film marque une nouvelle mentalitè du peuple amèricain, fortement dèterminèe par une rèaction de sauvegarde face aux èvènements politiques et èconomiques contemporains: la crise, le nazisme..."The Life of Emile Zola" relate surtout le cèlèbre procès d'Alfred Dreyfus (Joseph Schildkraut, oscarisè), capitaine d'artillerie de l'armèe française dètachè au ministère de la guerre, qui fut accusè d'avoir communiquè à un espion des documents importants concernant la Dèfense nationale! Un conseil de guerre le dèclara coupable et le condamna à la perte de son poste et de son honneur, ainsi qu'à la dèportation! Publiquement dègradè, il fut ensuite emmenè à l'île du Diable (Guyane française). Dreyfus ne reconnut jamais sa culpabilitè et sollicita vainement la rèvision de son procès! Quant à Zola, il passa sa vie à lutter pour les opprimès et son oeuvre est le reflet de cette lutte; infatigablement, il persèvèra dans sa recherche de la vèritè...
A travers l'affaire Dreyfus (dont les origines et tenants pourront être éclaircis totalement avec l'excellent J'accuse de Polanski), la narration portrait l'intégrité d'un artiste désireux de dénoncer iniquités, malheurs et réalités populaires (cabotin Paul Muni, conférant emphase ironique voire ridicule à son Zola dont la force tient dans son engagement ou ses discours) parallèlement à l'innocence bafouée d'un bouc-émissaire (intense Joseph Schildkraut), condamné par convenance (l'antisémitisme étant tu) d'une Grande Muette violemment blâmée pour ses honteuses manipulations et lâchetés qui déteignent sur la justice qui se réfugie dans le déni. Dans une mise en scène classique à la bande-son grandiloquente se déroulent les événements qui permettent d'illustrer tant l'importance symbolique du cas pour l'écrivain que son poids moral dans la société française où la foule influençable effraie. Bien que parfois pompeux, ce drame n'en demeure pas moins pertinent et actuel...
C'est sous l'impulsion du réalisateur William Dieterle et de Paul Muni, fraîchement oscarisé pour son rôle dans "La vie de Louis Pasteur", que fût décidé le tournage d'un nouveau film biographique, cette fois-ci autour de la figure de l'un des plus grands écrivains de l'histoire de la littérature. Or, le titre s'avère trompeur puisque le film s'attache plus précisément aux dernières années de l'auteur, marquées par le combat judiciaire qu'il a mené en vue de la réhabilitation de Dreyfus, officier français de confession juive et qui fût condamné à tort pour haute trahison... De facture trés classique, le métrage n'est pas exempt de reproches : les dialogues pèsent lourds et Muni, d'ordinaire si juste, franchit la ligne jaune à de multiples reprises en surjouant certaines scènes du film pourtant capitales. Néanmoins, "La vie d'Emile Zola" recevra l'Oscar du meilleur film en 1937, face à "a star is born" et "Captains courageous" pourtant bien supérieurs, mais la raison de la conscience a des raisons que même les considérations artistiques ne peuvent dépasser et dans certains cas, c'est l'urgence qui fait loi... En effet, au même moment, de l'autre côté de l'atlantique, il y a un nouveau péril qui monte et Hollywood se décide enfin à en tenir compte... En exaltant le combat d'un homme pour la défense d'un juif innocent, ce film cinématographiquement assez mineur assigne un nouveau rôle à l'industrie du cinéma américain : celui de leader d'opinion du monde libre... Face au danger qui enfle, la prise de conscience fût tardive... mieux vaut tard que jamais...
Oscar du Meilleur Film pour ce biopic sur l'auteur de "Germinal" qui aurait eu un titre nettement plus évocateur avec "Zola et l'Affaire Dreyfus" car le scénario se concentre surtout sur le combat de l'écrivain lors de cette fameuse affaire. Le reste, où Zola vit dans un taudis avec son ami Paul Cézanne, rencontre une prostituée qui lui inspire "Nana", qui est un succès, et écrit le reste des "Rougon-Macquart" en quelques secondes, qui prend la quart de la durée totale apparaît comme redondant. Enfin une fois l'affaire abordée, le film devient nettement plus intéressant même si la représentation des faits est très loin d'être rigoureusement exactes (la chronologie des événements notamment est plus qu'hasardeuse !!!). Les scènes de procès ou de foule, de loin les meilleures, sont puissantes et, comme le confirmera par la suite "Quasimodo", montre le grand talent de William Dieterle pour ce type de séquences. L'armée avec son hypocrisie et son ridicule s'en prend vraiment plein la gueule, l'antisémitisme n'est pas dénoncé frontalement mais un gros plan sur le mot "juif" suffit à le suggérer et tout cela donne lieu à une oeuvre très engagée bien dans le style des studios Warner de l'époque. Quand au jeu de Paul Muni, il est inégal. Il peut paraître excessivement cabotin lors des scènes intimistes mais paradoxalement très bon lors de celles de longs discours dont la fameuse lecture de l'article "J'accuse". Une découverte intéressante.
Je dois commencer par avouer ne pas connaître énormément l'œuvre d'Émile Zola. Cependant, ayant lu Germinal, je connais son roman le plus célèbre et m'autorise ainsi à parler de ce grand écrivain. La Vie d'Émile Zola commence par les débuts difficiles du romancier, ses petits boulots et son amitié avec le peintre Paul Cézanne. Le récit se permet des inexactitudes chronologiques, mais cela n'a pas grande importance. Dans cette première partie, Zola explore le monde qu'il décrira dans Les Rougon Macquart : la France humiliée par la défaite de 1870, les terribles conditions de vie des mineurs, la vie des prostituées (un des personnages lui inspire Nana), etc. Avec ses succès littéraires, Zola devient immensément riche. Mais ce n'était là que le prologue. L'histoire débute réellement avec un fait divers : un officier, Juif de surcroit, est accusé d'avoir trahi la France et est condamné au bagne après avoir été dégradé. Son nom : Alfred Dreyfus. Apparemment, il y a aucun lien entre cette histoire et Zola. Or, ce dernier, convaincu par la femme de Dreyfus de son innocence, mène un combat pour la vérité. Explorant tous les détails de l'affaire, depuis l'investigation menée par le commandant Picquart qui conduit au vrai coupable, Esterházy, le procès factice de ce dernier, le petit-bleu de Henry etc. jusqu'à sa mort mystérieuse en 1902 (soit quatre ans avant la réhabilitation de Dreyfus, autre liberté que prend le film), suggérée dès le début par l'omniprésence d'un poêle menaçant. Deux scènes magistrales mettent en valeur le jeu impressionnant de Paul Muni : la lecture de son article-bombe "J'accuse !" dans les locaux de l'Aurore de Clemenceau, et son procès pour diffamation, alors qu'il est hué par l'assemblée antidreyfusarde. Le film de William Dieterle ne raconte qu'une maigre partie de la vie d'Émile Zola, mais sa critique de l'antisémitisme omniprésent dans les années 30 en fait un film héroïque, à l'image de son personnage.
Paul Muni habite le personnage de Zola et lui donne beaucoup de couleur. Excellente présence également de Donald Crisp dans le rôle de Maître Labori. Le tout mené avec entrain par William Dieterle. On ne s'ennuie pas une seconde. En revanche, pour l'exactitude historique ( en terme de chronologie, surtout), circulez, y a rien à voir. Dans le même genre, Dieterle récidivera deux ans plus tard pour 'Quasimodo', avec une fin pour le moins surprenante.