Pathfinder n’a pas vraiment bonne presse, et c’est vrai que l’on sent malheureusement un potentiel avorté, même si attention, ce n’est pas non plus un désastre.
Coté interprétation le film est emmené par Karl Urban. Ce-dernier ne s’en sort pas mal. Il arrive à être assez charismatique, et semble s’investir réellement dans son rôle. Toutefois il faut reconnaître aussi que le film ne lui offre pas la possibilité de faire preuve d’un grand talent, puisqu’au final son personnage est très limité. Moon Bloodgood continue de confirmer les bonnes impressions que j’ai sur cette actrice. Elle livre une prestation tout à fait agréable, et au milieu de la barbarie générale du film elle est un havre de paix bienvenu. Son personnage est un peu plus développé curieusement que celui d’Urban. Pour le reste les acteurs ont déjà nettement moins à faire, avec des rôles très caricaturaux du coté viking (à noter la présence de Ralf Moeller) et un peu plat du coté indien (Russell Means est bien néanmoins).
Le scénario est très lacunaire. Il part sur des bases solides et rarement exploitées au cinéma. Il aurait pu déboucher sur un résultat très enthousiasmant, mais au final non. Nispel, comme dans Conan le Barbare au demeurant, reste totalement dans le superficiel, le manichéisme outrancier, la caricature béate. Les vikings sont forcément très méchants, les indiens sont forcément des victimes, ca bastonne à tout va. Le film part d’un point A et chemine vers on ne sait pas trop quoi d’ailleurs. La fin est peu concluante. Le sentiment est celui d’assister à un long clip qui, passé les 15 premières minutes s’enfonce dans une histoire qui ne présente aucun intérêt.
Alors on peut se dire, oui mais après tout 300 ce n’était pas non plus un modèle de scénario. Le souci c’est que Nispel n’est pas Snyder.
La mise en scène est un peu brouillonne. Elle se réclame d’une esthétique qui indéniablement rappelle 300, mais au final les combats sont loin d’avoir la même clarté, la même lisibilité. Même au niveau des mouvements de caméra, Nispel a fait beaucoup mieux sur Conan. Le final en la matière, sur la montagne est fort décevant, manquant totalement d’intensité. C’est dommage d’ailleurs car le début sur le bateau me semblait porteur. La photographie est un gros point noir. En fait, je comprends cette mode de vouloir s’affranchir des contraintes naturelles, mais il faut que ce soit fait avec un minimum de cohérence. Là les images sont tellement retravaillées que l’on perd tout : variété des couleurs, contrastes pertinents (il y a beaucoup de contraste dans Pathfinder mais ils nuisent largement à la lisibilité des images), beauté de certains paysages… A trop vouloir en faire finalement Pathfinder se pénalise tout seul, prenant un chemin qui aurait pu se défendre, mais le faisant avec la finesse de son scénario, c'est-à-dire avec un raffinement de cétacé. Quelques beaux passages surnagent, au milieu d’un conglomérat d’images souvent trafiquées, et pour certaines faites au tout numérique qui sont d’une mocheté rare. Quant aux décors, s’il y a des paysages indéniablement superbes (bien gâchés par la photo cependant), dès que les fx passent par là c’est nettement moins bon. Je note cependant un design des vikings plutôt agréable. Certes farfelu, mais il y a des idées intéressantes. Alors évidemment Pathfinder est un film très violent. C’est dans la veine de ce que Nispel a fait sur Conan. C’est assez bien maitrisé, plus que dans Conan justement, et du coup à l’écran le rendu est sympathique. Néanmoins cela limite le film à un public averti. Musicalement enfin Pathfinder est un peu décevant, se restreignant à une bande son commune.
Bon, voilà un film qui lorgne au final davantage vers l’heroic-fantasy que le film historique. On sent indéniablement un potentiel chez Nispel, mais Pathfinder est mal ficelé. Le scénario est nul, les acteurs dotés de personnages peu consistants, visuellement le film fait trop pensé à du sous-300. Restent de bons moments (celui sur le lac de glace version bataille du Lac Peïpous est très bien), quelques décors solides, des idées appréciables, et globalement un spectacle pas mauvais. Il mérite 2.