Un film de guerre est forcément psychologique, sinon c'est un reportage ou un film d'archives comme l'excellent Horizons en Flammes avec Gary Cooper. Certains films de guerre privilégient l'action, le scénario. C'est le cas des Canons de Navarone, par exemple. Mais, même là, il y a des situations de tension psychologique. Le film à thèse purement psychologique est bien représenté par Attack de Robert Aldrich, ou Ouragan sur le Caine avec Humphrey Bogart. Généralement on trouve des thèmes psychologiques qui laissent libre cours à l'action cinématographique : opposition officier théoricien contre sous-officier empirique, critique de l'état-major, peur contre courage, intelligence contre volonté aveugle, bons contre méchants, etc... Ici, on se base sur le récit de Norman Mailer, écrivain et journaliste, qui a participé à la guerre du Pacifique. C'est l'histoire d'une trilogie général, officier subalterne, sous-officier. L'officier, pas très guerrier, est pris en sandwich psychologique entre général activiste et carriériste et sous-officier baroudeur et obéissant au général. Le général, tortueux à souhait, est joué par cet acteur qui avait repris le rôle de Boris Karloff dans Arsenic et Vieilles Dentelles. Choix pas anodin. L'officier, bourgeois et mondain, se voit obligé de se secouer les puces, par la force des choses. Une fois de plus, le sous-off Aldo Ray, baroudeur rugueux sans état d'âme, qui a la confiance en direct du général, tire la couverture cinématographique à lui. Cet acteur a été nageur de combat à Okinawa pendant la guerre. On le voit nager, au cours d'une séquence, dans un style parfait. Son personnage, au cours d'une permission, découvre que sa femme le trompe, ce qui le rend d'autant plus dur avec son prochain. Malgré tout, mais je ne sais pas si c'est l'idée de Mailer, sa dureté finit par payer, et cette victoire locale est annonciatrice du succès global futur. Bon film, bien joué, bien tourné par Howard Hawks, qui se laisse voir avec intérêt et plaisir.