Avec son "Van Gogh" Maurice Pialat s'est semble-t-il, avec cette interminable longueur, chargé de dé-passionné celui de Vincente Minelli. Même si au final tout les deux se complètent pour une meilleure compréhension de l'homme et de l'artiste. C'est un portrait noir, qui nous ferait presqu'oublier que Van Gogh fut un temps prédicateur, tant le trait est mis sur sa décrépitude. Pourtant le plus intéressant est sans doute dans ses relations avec son frère, fidèle parmi les proches, mécène et en même temps vendeur de toiles impuissant. Cette relation fraternel, qui est d’ailleurs la principale source de connaissances sur Vincent Van Gogh, est d'une complexité qui mérite que le film s'y attarde. Mais comme il s'attarde aussi sur toutes les sources de "l'enfer" qui le tourmente, on a bien du mal à en finir.
Meilleur film jamais réalisé sur un peintre, avec l'Edvard Munch de Peter Watkins. Un film exceptionnel à tous points de vue (réalisation, photo, interprétation) qui, comme les tabelaux de Van Gogh, a le temps pour lui.
En dépit de sa réputation flatteuse, le «Van Gogh» (1991) de Pialat ne m'a guère convaincu! Ce n'est pas que le film soit dépourvu de qualités, tant sur le plan plastique que sur celui de l'approfondissement psychologique des personnages. Mais quel besoin le réalisateur avait-il finalement de faire un film sur Van Gogh dans la mesure où le peintre hollandais n'est plus ici qu'un prétexte? Il s'intéresse d'abord à ce qui présente le moins d'intérêt intrinsèque: la vie de l'artiste, plus précisément les derniers mois de sa vie à Auvers-sur-Oise. Mais, tout en passant délibérément à côté de ce qui est le plus intéressant, à savoir l'oeuvre picturale et l'acte créateur spécifique qui préside à celle-ci, Pialat n'est même pas fidèle à la biographie réelle en réinventant celle-ci à sa guise. Pourtant, le problème le plus profond est ailleurs. Pialat est en effet totalement infidèle à l'esprit même de l'oeuvre du peintre. On assiste ici à la récupération franco-française d'une peinture éminemment nordique, dont le style proprement expressionniste n'a que très rarement eu la France comme terre d'élection (Rouault peut-être?). Ce n'est pas parce que Van Gogh était fasciné par la lumière du midi qu'il est pour autant devenu un peintre méditerranéen. Il est toujours demeuré un artiste batave déraciné, ce que Dutronc, avec son accent bien français, suggère, il faut le dire, assez mal. Qu'on me comprenne bien! Le film aurait pu être réussi s'il avait porté sur un peintre imaginaire. Mais rien ici ne concerne vraiment Van Gogh! Et le génie de celui-ci est trop grand pour qu'un réalisateur, fût-il Pialat, puisse se permettre de le réduire au rang de faire-valoir de son propre travail créateur. Ce film est en définitive indécent...
Maurice Pialat n'a pas son pareil pour traquer la profondeur de l'âme humaine,qu'il s'agisse du commun des mortels ou d'un artiste célèbre. Ce film poignant n'a pas eu à sa sortie la reconnaissance qu'il méritait,il est encore temps de le réhabiliter. Ce n'est pas toute la vie de Van Gogh qui est évoquée mais bien plutôt ses derniers mois ce qui donne plus de force et d'émotion au récit. La reconstitution d'époque est superbement rendue et on trouve là un souci de perfection formelle d'autant plus remarquable que ce n'était pas jusqu'à lors la marque de fabrique de Pialat. L'artiste puise à pleins poumons dans la campagne arlésienne les dernières bouffées de sa courte vie. Ses rapports avec son frère sont parfois orageux, il donne libre cours à ses pulsions affectives. Sa fin tragique est surprenante par sa banalité et tout l'art du cinéate est qu'il ne tombe jamais dans le patho pour laisser l'émotion nous envahir juste ce qu'il faut. Ce film est vraiment un beau moment de cinéma avec un Dutronc fabuleux et criant de vérité humaine. Débrouillez vous pour le voir.