Avis sur Rapt

Très bon film d'époque à l'intrigue plutôt ténue mais valant surtout par la large place consacrée au visuel par rapport aux dialogues réduits, eux, à la part congrue. Un ton dans le style français avant-gardiste des années 30 représenté par Jean Grémillon, Jean Vigo et, donc, Dimitri Kirsanoff dont il est question, ici, qui nous offre, en plus de belles vues sur les montagnes suisses et de la présence sensuelle de Dita Parlo, une tragédie paysanne ornée de séquences expérimentales mêlant le sonore et le visuel, en étroite collaboration avec Arhur Honegger et Arthur Hoérée, issues d'une conception intellectuelle singulière de l'art filmique.
On ne doit, donc, pas s'attendre à de la théatralité mais à du réalisme pur jus orné d'une dimension documentaire, la plupart des figurants étant les habitants des lieux filmés, dont l'équipe de tournage à partagée, pour l'occasion, les dures conditions de vie qui, cela dit en passant, apparaissent bien misérables.
Une réalisation que je serais tenté de qualifier d'essentielle, malgré ses quelques défauts techniques qui ne font, en définitive, qu'accentuer son charme, dans le domaine de la création libérée des contraintes du classicisme ou des lois de genre mais pas pour autant déroutante, ennuyeuse ou hermétique. Certaines scènes m'apparaissent même d'une originalité inégalable de par leur particularité et régaleront ceux qui recherchent une expression personnelle inimitable même si cette conception se retrouve en filigrane chez (peu) d'autres.