Si John Brahm dans la catégorie Seconds couteaux est plutôt à ranger sous l'étiquette canif de poche, sa version de Jack l’éventreur est plutôt s'assez bonne facture, notamment pour le travail de son Chef Op. et pour la composition de l'acteur dans le rôle-titre, fortement inspirée de l'esthétique du cinéma expressionniste allemand. Reste George Sanders :sous employé et Merle Obéron, un peu décorative.
L'une des premières adaptations cinématographiques autour du célèbre personnage de Jack l'éventreur pour une vision très romancée et éloignée de l'histoire réelle. Un long-métrage qui résonne encore aujourd'hui comme une référence terriblement moderne, un peu à l'instar de "M, le maudit" de Fritz Lang avec son intrigue qui offre quelques rebondissements tout à fait savoureux, bien loin des écritures linéaires de l'époque et sa mise en scène captivante. Un long-métrage porté par le charisme incroyable et l'impressionnante prestance physique de Laird Cregar. Une superbe oeuvre.
Il faut voir ce film avec des yeux de cinéphile sinon il peut paraître totalement invraisemblable tant il est dépourvu de tout rapport avec la réalité intellectuelle ou visuelle. C’est un film d’artiste cinématographique, à ce titre il est remarquable. Ses acteurs sont tous des monstres sacrés de l’époque et ils ne se privent pas d’en jouir. Les décors de Whitechapel, de la maison et du théâtre sans oublier le musée du commissariat valent à eux seuls une vision. Par contre, son scénario convenu est peu intéressant, sa psychanalyse de quatre sous, l’incessant ballet de policiers inutiles dans le brouillard londonien ont de quoi rendre le premier degré de ‘’Jack l’éventreur’’ insupportable. Heureusement, la qualité du noir et blanc et de ses contrastes, l’ingéniosité de la mise en scène, l’originalité de nombreux plan et la fin d’un expressionisme achevé sont un régal. C'est quelque part une belle illustration de l'art du noir et blanc. Sa place dans l’histoire du cinéma est méritée.
Le film vaut principalement pour ses splendides images expressionistes (le grand Lucien Ballard est à la caméra) et pour son acteur principal, Laird Cregar, qui parvient à insuffler de l'humanité à son personnage. Le reste demeure trop littéral, entre ressorts psychanalytiques appuyés et jeu forcé des comédiens... Il faudra attendre le prochain film de John Brahm, le grand "Hangover square", pour que le cinéaste nous entraîne dans les zones troubles qu'il ne fait ici qu'effleurer.
"Le Lodger" sorti en 1944 remake du film muet d'Alfred Hitchcock (1926) reste avec de "Hangover square" (1945) l'essentiel fait d'armes de John Brahm, réalisateur allemand débarqué à Hollywood en 1944 pour diriger un remake du "Lys brisé" (1947) de D. W. Griffith avec Lilian Gish en vedette. Situé dans le Londres victorien alors que sévissait Jack l'éventreur (de 1888 à 1891), tueur en série jamais arrêté, le film propose sa propre version des faits. Le tueur qui s'attaquait dans la réalité à des prostituées dans le district de Whitechapel est ici obsédé par les chanteuses de cabaret. Cette légère digression permet d'immerger l'action dans un milieu plus huppé où John Brahm va faire évoluer un médecin psychopathe interprété par Laird Gregar et la très gracile Merle Oberon qui interprète une chanteuse d'opérette en devenir. Le suspense n'est pas la préoccupation du scénario écrit par Barré Lyndon puisque quasiment d'emblée toutes les clefs nous sont livrées. Ce qui intéresse Brahm au premier chef à travers l'interprétation du très troublant Laird Gregar c'est la compréhension de la transformation des pulsions morbides en acte barbare chez un être très civilisé qui vit sa pathologie comme une malédiction. Laird Gregar jeune acteur américain qui mourra juste après son second film sous la direction de John Brahm suite à une cure d'amaigrissement trop sévère, inscrit sa prestation dans le sillage de celle inoubliable de Peter Lorre dans "M le maudit" (1931) de Fritz Lang, exprimant toute l'angoisse d'un homme sentant monter en lui l'irrépressible besoin de faire le mal alors qu'il lutte désespérément pour dompter son horrible nature. Brahm aidé de son chef opérateur Lucien Ballard choisit tous les angles de vue et changements de lumières utiles à rendre toute l'expressivité de la prestation hallucinée de Laird Gregar. C'est donc un noir et blanc magnifique qui saisit tout à la fois l'opacité du brouillard londonien et le chatoiement des numéros de danse vaillamment exécutés par Merle Oberon. George Sanders un peu sous employé étant lui aussi parfait, on est donc face à un des excellents films d'épouvante des années 1940.
Un film qui vaut surtout pour l'interprétation de Laird Cregar, tragiquement disparu juste après ce film. On apprécie aussi la très belle photographie de Lucien Ballard, qui tourna par la suite avec les plus grands réalisateurs d'Hollywood !
Libre adaptation de l'histoire de "jack l'éventreur", cette version méconnue du mythe vaut néanmoins le détour par la qualité de son casting où l'on trouve George Sanders et le trop oublié Laird Cregar (qui retrouvera l'année suivante le réalisateur John Brahm pour son dernier film "Hangover Square").
Parfois un peu facile et vite expédié, le scénario se veut court et efficace ce qui est le cas et du coup malgré ses défauts il passe tout seul et surtout très bien pour passer un bon moment
Remake du film d'Alfred Hitchcock, "The Lodger" version John Brahm mérite d'être visionner par rapport à sa très belle mise en scène, à la superbe photographie de Lucien Ballard qui apporte une atmosphère bien trouble, et aussi et surtout pour l'inquiétante et grande performance de Laird Cregar. Côté casting, on notera aussi les solides performances de George Sanders et de la belle Merle Oberon. Un très bon film, mais qui manque à mon sens d'un véritable scénario.
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4,0
Publiée le 23 août 2013
La chair de poule vous guette et la mètèo n'y est pour rien! Alors fermez portes et fenêtres car « Jack l'èventreur » de John Brahm s'invite chez vous au cinèma de minuit de l'ami Patrick Brion, troisième des quatre adaptations cinèmatographiques du roman de Marie Belloc Lowndes! Dans un Londres victorien saisissant ou rien ne manque (et surtout pas le brouillard), la terreur règne sous les traits de l'inquiètant Laird Cregar dans l'un de ses rôles les plus cèlèbres! L'acteur avait alors que trente et un ans et allait mourir quelques mois plus tard après avoir jouè dans un autre grand film de Brahms, "Hangover Square", suspense remarquablement dosè et classique du cinèma hollywoodien! Des meurtres commis en notre sein, une police inadèquate..."The Lodger" est la plus belle performance de Cregar avec George Sanders en inspecteur de Scotland Yard et Merle Oberon en jeune actrice et vedette d'un spectacle dont la beautè est de celles qui peuvent dètruire les hommes! Une distribution parfaite qui donne un vrai plus à une oeuvre par ailleurs très rèussie qui n'a rien à envier à la version muette de Sir Alfred Hitchcock avec de très beaux plans à la grue! A cela s'ajoute un noir et blanc peu rassurant venant renforcer la terreur ambiante du quartier de Whitechapel dans un final extraordinaire notamment dans les clairs-obscurs! Cregar disait dans le film que les eaux profondes ètaient reposantes et paisibles! On peut dire que la Tamise l’a attirè à lui! Un fleuve nettoie une ville mais emporte aussi les choses à la mer dans les eaux profondes! Salomon, fils de David et de Bethsabèe, disait ègalement : « Une femme ètrange attend, comme une proie. Elle stimule le pèchè chez les hommes. » . Des mots en avance sur leur temps qui font plus que jamais ècho à cette silhouette grise errant dans le brouillard de la nuit londonienne...
Ce film à l'atmosphère à la fois fantastique (la brume, les ombres) et policière (enquête de Scotland Yard) est vraiment excellent. John Brahm a une façon hitchcockienne de filmer au point que j'ai cru que le film était du maître du suspense. En effet : noir et blanc exquis, prestation excellente des acteurs (Laird Cregar dont ça sera un de ses derniers films est remarquable, de même que George Sanders ou la superbe Merle Oberon), plans travaillés dont certains sont épatants (le suicide de Jack l'Eventreur), suspense bien dosé. Le film peut se targuer de rivaliser avec les meilleurs Hitchock. Une belle surprise.
Un honnête travail sur un sujet connu et archi repris, celui de Jack l’éventreur… Les brouillards de Londres, la crainte du « petit peuple », les policiers impuissants, les crimes qui se multiplient… Ici, code Hays oblige, les prostituées ont été remplacées par des actrices ! Côté suspens, on n’en a strictement aucun puisque le titre original annonce l’identité du tueur ! Les comédiens sont excellents, George Sanders plein de perspicacité, Merle Oberon pleine de charme et Laird Cregar plein d’ambiguïté qui vient nous rappeler qu’il n’y a pas de monstre dans l’espèce humaine mais simplement des situations insupportables génératrices de drames… La mise en scène est très classique mais correcte. Un film honnête et distrayant.
Transcription très libre des méfaits du serial killer le plus célèbre de tous les temps mais comme on ne connait toujours pas l'identité de ce fumier on peut y aller aussi librement que l'on veut. Quelques belles idées de mise en scène à l'instar de faire figurer le sang (et ainsi contourner très habilement la censure de l'époque !!!) à l'écran par du vin lors du premier assassinat dans le film ; George Sanders a toujours la grande classe en chef de la police ; Merle Oberon est sexy en actrice de music-hall ; Laird Cregar est hallucinant en (peut-être !!!) l'ami Jacquot et carrément impressionnant d'intensité dans la séquence finale ; et la photo de Lucien Ballard est splendide. Autrement les policiers sont d'une nullité digne de celle des flics des "Simpson" et on a remplacé les prostituées de la réalité par des plus "politiquement correctes" actrices. Sans être extraordinaire, un film qui tient très bien son rang.