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Un visiteur
5,0
Publiée le 1 août 2013
Si ce court métrage de Charles Dekeukeleire m'a rappelé, par son esthétique fougueuse et fulgurante, la Passion de Jeanne d'Arc réalisée par Carl T. Dreyer la même année, sa structure est d'une intelligence inégalée : il instaure, dans un premier temps, à renforts de gros plans technicistes sur des parties de la moto, un fétichisme des plus primaires, probablement en réaction au monde matérialiste, il progresse crescendo vers une abstraction cubiste où l'environnement (la nature) vient répondre à la machine. Une dialectique s'instaure alors au montage : la nature est représentée par des plans "uniques", alors que la machine et la femme hallucinée (qui ne font clairement qu'un) sont prises dans des ensembles de plans de plus en plus saccadés, montés de plus en plus courts. La femme est même de plus en plus décadrée, apparaissant même inversée par moments : la folie de la technique et de l'humanité annihilent l'unicité de l'être humain. On y retrouve même une exploration de certaines thématiques du montage eisensteinien, notamment dans un jeu sur les contrastes noir et blanc dans les passages de plans. Tout ceci aboutit alors, dans la logique philosophique la plus pure, à un surréalisme impressionniste : les gros plans se font de plus en plus proches, jusqu'à l'insert où on ne reconnait plus la forme, on devient capable de nommer ce qu'on voit. Dekeukeleire a filmé avec brio l'impatience comme dérive vers une folie et une pulsion destructrices, une expérience de la non-matière.