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Flavien Poncet
238 abonnés
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2,5
Publiée le 16 février 2009
«Mossafer» (Iran, 1974) compte parmi les premières réalisations d’Abbas Kiarostami. Attaché à l’enfant, le cinéaste raconte l’histoire de Qassem, un petit garçon d’Iran mauvais élève mais passionné de football. Par le prisme de la passion, les actes de l’enfant, que la morale réprouve (comme de voler ses parents), aspire à accomplir le rêve de voir l’équipe de football nationale jouer. Mettant tout en œuvre pour pouvoir fuir voir le match, Qassem réussira à se procurer un billet de bus et une entrée dans le stade. La condition de la jeunesse, sa nature rêveuse empêchera l’enfant d’y assister puisqu’en s’endormant sur une pelouse, il rêvera plutôt que de voir le match. Dans un noir et blanc granuleux d’une fondamentale beauté, le film et sa simplicité essentielle se confondent parfois avec le rêve. La frontalité des cadres, évoquant celle du peintre Irman Maleki, instaure un rapport direct avec l’enfant. Le jeune public comme les plus grands peuvent apprécier l’œuvre de Kiarosami par l’humilité avec laquelle la réalisation est accomplie. Cette simplicité presque primitiviste ne produit pas pour autant une œuvre commune, faite de banalité. La séquence du rêve, qui se détache brutalement du régime esthétique du film par son «expressivisme», affirme la nécessité d’user d’une réalisation ascétique. Les milieux modestes, les paysages sobres permettent une lisibilité directe de l’image et de son action pour permettre au jeune public, à l’instar des grands films de Lamorisse, de saisir pleinement le drame du récit. Ce dépouillement des lieux, qui permet une immédiate intelligibilité habilite Kiarostami à développer la complexité de l’enfance ailleurs, dans l’articulation entre ces lieux dépouillés. Les rues sinueuses, les cohues citadines, les méandres du rêve sont les chemins tortueux qui parsèment le film. Déjà, dans son premier long-métrage, Kiarostami développe le motif récurrent de son cinéma : le sentier (ligne sinueuse) parcourant une montagne (figure immuable).
Un premier « vrai » long métrage pour Abbas Kiarostami, et déjà un excellent long métrage! Tout l'art de son auteur est là, et ne demandera qu'à être développé par la suite. «Le Passager» est le récit néoréaliste de la quête d'un petit garçon rêveur et passionné de football qui fera tout pour assister à un match à Téhéran. Comme dans «Où Est la Maison de Mon Ami?», c'est l'occasion pour Kiarostami de se livrer à une sorte de fable aux niveaux de lectures nombreux tout en demeurant d'une simplicité extraordinaire (et par ailleurs pleine de suspense et de rebondissements!) en adoptant le point de vue d'un enfant. Non seulement il parvient à saisir le monde de l'enfance, ses envies, ses espoirs, ses difficultés, ses souffrances, mais parallèlement il dépeint le monde « des adultes » rien qu'en montrant sa réaction à celui « des enfants ». Et bien souvent règne l'incompréhension entre ces deux « sphères » qui pourtant sont appelées à se rejoindre dans la vie de tout individu (c'est comme si les adultes avaient oublié qu'ils avaient été enfants). C'est aussi un moyen détourné de représenter avec le plus d'exactitude possible la société iranienne d'alors, à travers les yeux « innocents » et en un sens « objectifs » de l'enfant. Comme bien souvent dans le cinéma de Kiarostami, «Le Passager» est le portrait d'un passionné qui fera tout pour arriver au bout de ses rêves, en dépit de la société et des contraintes matérielles qui s'imposent à lui, annonçant ainsi un film comme «Close-Up». Kiarostami n'émet aucun jugement de valeur (pour autant il a bien sûr une sensibilité qui lui est propre et qui apparaît en filigrane) : la question n'est pas de savoir si le gamin est fautif en fuguant ou en volant, mais plus pourquoi et comment il le fait (et encore le récit n'est jamais orienté selon des questions aussi triviales de ce genre). Vraiment je ne peux que saluer une fois de plus le grand talent d'Abbas Kiarostami, tout comme l'évidence et la richesse de son cinéma : Kiarostami avait en un sens anticipé les enseignements « réalistes » du Tarkovski du Temps Scellé, c'est dire la place du cinéaste iranien dans l'évolution qualitative du 7e art! [3/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
Premier long métrage d'un cinéaste de génie, Le Passager traite de l'enfance avec humilité, élégance et poésie. Comme il le dit lui-même dans le making of de sa dernière pépite ( Five ), Abbas Kiarostami n'a jamais éprouvé une réelle passion pour le football. Même si Mossafer prend comme point de départ un enfant souhaitant assister à un match de foot à Téhéran,ce dernier n'est qu'un prétexte. Ici, il est surtout question d'étudier la société iranienne : misère et conflits, aveuglement d'une mère à l'égard des études de son fils, violence des adultes...Servi par une photographie Noir et Blanc très contrastée, brute mais flamboyante, Le Passager rappelle un peu les 400 Coups de François Truffaut : même souffle de liberté, mêmes thèmes et même amour du cinéma. Bien entendu, nous sommes à mille lieux de la période contemporaine de Kiarostami : ici, l'oeuvre est de facture plus classique, moins contemplative et plus montée que ses derniers films. Cependant, Le Passager est de ces longs métrages qui vous prennent par la main et qui ne vous lâche plus jusqu'à la fin. Un chef d'oeuvre, et l'un des films les plus accessibles de son auteur. Rare mais indispensable.
Quand le match de foot devient une épreuve de la vie. Se battre au quotidien a cause de sa taille d’enfant, faire bonne figure devant les adultes qui n’ont aucune indulgence face à sa ténacité et une fin décourageante....... Passionnant par le courage du jeune.
Une daube monumentale! Rempli de plans longs et ridicules, d'acteurs bidons, de clichés: les méchants sont des latinos, les parents (beaucoup) trop sévères envers leur gamin... Passer votre chemin.
Comme c’est simple de faire un bon film !! Avec une mise en scène sobre et efficace pour décrire cette épopée d’un gamin difficile et obstiné : matches de foot enfantins comme je les ai connus (avec buts et ballon en prime), scènes familiales crédibles avec mère impuissante (islam) et père laxiste (c’est un garçon), correction infligée au gamin par le directeur de l’école pendant que le maître continue son cours dans la classe contigüe, magouilles pour trouver l’argent, arrivée à Téhéran, découverte de la capitale et d’une piscine, marché noir et fin inattendue… tout sonne juste.