Pendant plusieurs années, les fans de Cameron ont réclamés une suite à sa série B démente sortie en 1984. Seulement, malgré une fin ouverte, il fallait un élément réellement novateur pour justifier la mise en chantier de son successeur : l'amélioration des effets spéciaux. Le choc provoqué par T2 lui permis de s’octroyer une pluie de louanges, dont quatre oscars, et une reconnaissance qui n'a toujours pas faiblit d'un poil. On assistait là aux premières images de synthèse en voyant les déformations de métal liquide du T-1000, qui aujourd'hui ont bien vieillis (c'est très regardable, comme on dit, notamment grâce à une bonne fluidité) sans avoir bien sûr pu garder leur forte impression, désormais ce sont des SPFX comme les autres. Ceci m'amène sur un point qui m'a déjà frappé concernant Terminator 1, c'est l'admiration qui dépasse un peu les limites lorsqu'on lève les yeux au ciel en murmurant : « mon dieu, quel chef d’œuvre » à l'évocation de Judgement Day. Cela reste un film d'action qui vaut avant tout pour ses séquences d'action. De plus, contrairement au premier volet, le scénario perd son intérêt concernant la temporalité et à ce niveau il s'agit d'un quasi remake (et à bien d'autres d'ailleurs, j'y reviendrais). Quant à l'esthétique générale, elle délaisse la veine dark et cyberpunk des années 80 pour se pencher vers l'épure et la photographie lorgnant le réalisme enluminé des années 90. Des choix qui effacent dès le début la formidable atmosphère nocturne de polar gore du premier opus, mais finalement c'est pour mieux servir une autre dimension apposé ici avec sincérité : de l'émotion. Schwarzeneger passe du côté des gentils, et la machine sera humanisé par Cameron avec une intelligence qui force l'admiration. Ce thème déjà très présent dans l'univers littéraire de SF (les robots d'Asimov) sera repris dans le cinéma un nombre incalculable de fois à partir de T2 (on avait déjà eu E.T., mais avouez que c'est plus facile d'humaniser un alien, créature de chair et de sang, qu'une machine de métal et boulons). Cela permet à Schwarzy de se renouveler, mais sans la qualité du jeu d'acteur d'Edward Furlong (qu'on retrouve dans Little Odessa, encore plus porté vers l'excellence), cela n'aurait pas pu marcher. Linda Hamilton change la donne avec une Sarah Connor revue et passée au crible, profondément assombrie par rapport à l'aventurière ayant accomplie sa quête initiatique qu'on nous montre à la fin de T1. Enfin, le nouveau méchant, campé par Robert Patrick, totalement magnétique, assure parfaitement son rôle. Les enjeux de T2 participent également à ce changement d'ambiance : c'est une course contre l'apocalypse, traversée de vision infernales et menée sur de longues routes désertes qui s'égarent dans des coins perdus à la façon d'un road movie dantesque. Si l'on veut relever les défauts principaux de l'aventure, ce serait l'action pas super bien dosée et qui semble un peu trop répétitive (au bout de quelques visions seulement, on parle quand même d'un ponte de l'action...), les scènes vraiment calquées sur le schéma du premier opus, même si c'est parfois très drôle, un Terminator T-800 qui finit par être trop gentil à la longue en évitant de tuer qui que ce soit, et une durée qui n'est pas calibrée au poil près. Mais c'est pour mieux nous faire subir la descente aux enfers qui démarre à peu près vers l'explosion du laboratoire. A partir de là, plus aucune pause n'est permise, c'est un duel à mort, et les poursuites vont s'enchaîner en multipliant les cascades, les explosions, la brutalité augmentant peu à peu, ne laissant aucun répit aux protagonistes, pour surpasser la fin du premier Terminator, effroyable du fait que le robot se relevait tout le temps pour continuer à avancer. Ici le concept est poussé à son maximum, on en ressort épuisé et lorsque vient le dénouement dramatique, l'émotion ne peut que nous submerger. Moi ça marche à tout les coups, cela fait toujours quelque chose de voir la fin de Terminator 2 après tout ce qui a précédé. La musique de Brad Fiedel enracine ce mythe à jamais dans nos cœurs, et voilà un tour de force majeur qui vient d'être bouclé en beauté ! On a envie de crier au meilleur film de tout les temps après une vision de T2, surtout si c'est la première, à vrai dire la première fois les séquences d'actions paraissent si énormes...mais avec le recul, on est bien obligé de constater que ce film survitaminé use peu à peu son pouvoir qu'il a trop consacré à l'action, niveau timing, et qu'il ne vaut plus que pour John Conor en compagnie de son Terminator. Mais rien que pour cela, on pourra encore le regarder éternellement.