(….) Ce qui gêne dans Terminator 2, c'est à quel point il est l'exacte réplique-miroir de son prédécesseur, c'est-à-dire une copie carbone vidée de toute substance un tant soit peu ''offensive'', en d'autres terme de toute noirceur. A une honnête référence succède ainsi sa version soupe ''colossale''. L'opportunisme de T2 n'est que bas et veule, il ne consiste qu'en lobotomisations et inversions : toute la démarche tient à remettre les points sur les ''i'' façon hyper-mainstream.
L'emploi de Schwarzenegger en est le premier exemple : l'avatar le plus édifiant de Terminator a étrangement retourné sa veste [il s'humanise quitte à entrer en contradiction vis-à-vis de ses données]. Comme il est cool, comme il est gentil maintenant : c'est lui cette fois qui vient défendre John et assurer son avenir. D'abord livré comme un jouet un peu dangereux le compagnon-protecteur se mue vite, on l'aura compris, en père que John n'aura pas eux [culturiste et autiste, pas formidable la figure paternelle...].
Figure au burlesque jusque-là encore timide, Terminator opère un retour destroy s'annonçant des plus réjouissants. Le climax, c'est THE scène de l'arrivée ou Schwarzy s'en prend à un biker avant d'enfourcher la prunelle de ses yeux sur Bad to the Bone. Mais on déchante vite, puisque cet homme à la moto se réclame bientôt bourrin pacifiste [tuer=pas bien ; cogner=content] et se voit coolisé par le gamin. En outre, il lui apprend quelques ''reste cool, sac à merde'' ou ''hasta la vista baby'', des classiques instantanés. Terminator 2, avec son héros au look bad guy, son apologie du style hardos-coolos/hardos-bolos, fait doucement rire de lui-même.
Ce n'est pas particulièrement volontaire. Ca ne l'est même pas du tout. Le film est plus ou moins égal au schéma d'Aliens le retour : un bon démarrage, pas très stimulant, mais disséminant de quoi se bercer de quelques modestes illusions ; cela dure près d'une heure. Intervient alors une scène monumentale, celle de l'évasion, d'une virtuosité monstrueuse. Puis c'est la pente descendante et chacune des tares qu'on aura pu apercevoir se développe jusqu'à dévorer totalement l'écran. De braves gens bavardent en préparant leurs flingues et font passer Il faut sauver le soldat Ryan pour du Nietzsche, Sarah se la joue borderline bon marché et s'embarque dans des soliloques à la bêtise absolue... surtout, le film bascule dans la niaiserie totale, franchissant tous les points de non-retour.
Cet élan emmène tout avec lui, bafouant aussi toute cohérence, notamment lorsque John confie à son nouveau pote ''y a des fois je vois ma mère pleurer'', celle-ci aimant toujours son père qu'elle n'a connu qu'une nuit. Problème, ils viennent seulement de se retrouver, Sarah redécouvre à peine la liberté. A force de vouloir susciter l'empathie sans retenue, Cameron contredit tout ce qu'il a crée auparavant. On aura pu relever quelque entorse aux règles des métamorphoses du poursuivant des Connor, le T-800, mais elle était le prétexte à une sympathique idée graphique [le flic face à son double]. Ici l'incohérence concerne le scénario et le monde de Terminator : on nage en pleine débilité [voir l'issue qui s'offre au T-1000].
La version longue du film (2h36 au lieu des 2h11 de la version cinéma) ne lui rend pas vraiment justice puisqu'elle est assez contradictoire. Si elle l'enfonce encore plus dans son humanisme niaiseux et sa solennité crétine, elle dévoile aussi quelques séquences bien plus osées et intéressantes. Chacune d'entre elles concerne Sarah dans le contexte de l'hôpital psychiatrique, or le meilleur du film sans même la director's cut est contenu dans cette partie. Le charisme de l'actrice et du personnage font des merveilles, le raffinement de cette photo aux tons bleutés suit. C'est à ces seuls moments que la tension est palpable et ce sont ceux-là qui préparent le terrain pour rendre l'évasion si redoutable. Nous découvrons ainsi entre-temps l'un de ses rêves et le traitement de faveur que lui réserve les gardiens. La saga y gagne un peu de cohérence, Sarah assoit son avantage sur tous ses fades camarades.
Terminator 2 est pour beaucoup un classique absolu, un bout de pellicule mythique et le vecteur du plus serein des stand-by. Pourtant, en reprenant l'univers de son univers pour le ripoliner sans retenue, ce spectacle, sans doute gargantuesque, jouissif diront ses nombreux fans, est surtout, à une HP près, un gâchis complet.