Rosemary's baby date de 1968, et pourtant, il est toujours aussi efficace. En effet, 8 ans après le magistral Psycho d'Hithcock qui réussissait à s'imposer comme un terrifiant film d'angoisse et presque d'horreur, sans pour autant montrer mais suggérer, Polanski reprend le même filon, certes avec moins de perfection, mais pour lui qui a un peu plus de la trentaine, il signe là l'une de ses oeuvres les plus réussies. En effet, au niveau technique Rosemary's baby séduit, plan en plongé en tout début de film qui suggère l'oeil d'une puissance supérieure, délires ou visions de Rosemary en plans très rapprochés, usage intelligent de la lumière et de l'obscurité etc. Pour ce qui est du casting là encore il s'est avéré de très bon choix, et nous retiendrons surtout les figures féminines centrales du film, à savoir Ruth Gordon, épatante d'excentricité et de présence dérangeante, et bien sûr la magnifique Mia Farrow à la fois femme et enfant, femme fatale donc qui tentera même le diable, mais enfant aussi, capricieuse et fragile. Pour ce qui est du fond, nous avions très vite deviné que quelque chose ne tournait pas rond chez les Castevet, sans pour autant certifier qu'ils étaient dangereux, tout comme la figure du mari, suspect ou non ? C'est là que réside toute la force de Rosemary's baby qui malgrès sa durée qui dépasse les 2 heures maintient le spectateur en haleine et nous fait partager la détresse de Rosemary. Alors, est-on plongé dans l'esprit paranoïaque de Rosemary qui imagine des choses insensées ou la part de fantastique est-elle bien présente dans le film ? Jusqu'au dernier moment un soupçon de doute subsiste, avant la scène finale, délicieusement ambiguë,qui soulage et horrifie à la fois, un des meilleurs films de Polanski !