Rosemary’s Baby est souvent cité comme l’un des meilleurs Polanski, si ce n’est le meilleur. Je me devais donc de m’attaquer à ce film si réputé. Je ne le regrette pas et je suis d’autant plus contente de l’avoir commencé sans en lire l’histoire ou les critiques auparavant, la surprise fut donc totale. Si vous ne l’avez pas vu c’est d’ailleurs ce que je vous conseille de faire, en effet il vaut mieux découvrir par soi-même ce chef d’œuvre pour mieux l’apprécier. Ne lisez donc pas ce qui suit.
Tout débute doucement sur une musique aux airs inquiétants, le ton est donc donné dès les premières secondes du film. Un jeune et beau couple, représentant la vision parfaite d’un mariage heureux, cherche un appartement, ils décident de s’installer dans un immeuble au passé étrange malgré les histoires qu’un de leurs amis leur racontent. Très vite, la mort fait son apparition, une jeune femme que l’on a à peine le temps de connaitre lors d’une brève rencontre avec la jeune femme du couple. Ainsi, le fameux couple âgé de voisins fait son apparition en même temps que la mort, indifférent de la mort d’une femme dont ils s’occupaient pourtant, on sent vite qu’il y a quelque chose qui cloche chez ces voisins. Petit à petit ils vont s’immiscer dans la vie du jeune couple, ce qui n’a pas l’air de déranger le mari qui s’adapte vite à ces voisins qu’ils trouvent sympathiques, sa femme, elle, émet plus de doutes mais est bien forcé de laisser faire.
Puis le fantastique fait son apparition via l’esprit de la femme et elle tombe enceinte, l’ambiance devient alors de plus en plus malsaine, inquiétantes et la mise en scène est impeccable si bien que le réel et l’irréel deviennent moins évident. En effet, à partir de ce moment, on commence à douter en même temps que la femme de son entourage, ses voisins, sont nouveau médecin et même son mari. Et on se questionne quant à savoir si elle devient folle et nous entraine dans sa folie ou s’il y a réellement quelque chose ? En effet on suit la descente aux enfers de cette femme enceinte qui se transforme au fil de sa grossesse pour finir par ressembler à un fantôme squelettique… Et on se pose des questions en même temps qu’elle, que sont ces boissons que lui font boire ces voisins si sympathiques en apparence et si étrange à la fois ? Ces accidents mystérieux qui arrivent à des moments trop opportuns pour être de simples coïncidences ? Tout monte en puissance et tout est suggestion, Polanski n’use à aucuns moments d’artifices inutiles et le film parvient à nous plonger dans cette ambiance glauque et malsaine admirablement construite.
En effet le réalisateur parvient avec talent à alterner des scènes banales du quotidien avec des scènes qui sèment le doute dans notre esprit, de plus l’intégralité du film se passe quasi exclusivement dans l’appartement et pourtant l’ennui n’est pas là. Et que dire ce cette fin qui nous persuade que l’on voit l’enfant alors que la caméra ne nous le montre pas ?
Ce film a donc plus de quarante ans mais pas une ride, il reste toujours aussi efficace de par sa mise en scène et sa construction. J’apprécie également beaucoup le fait qu’il laisse une part d’imaginaire au téléspectateur et offre plusieurs niveaux de lectures et une critique des gens en apparence normaux comme le mari qui semble pourtant idéal à tout point de vue et dont l'on n'aurait pas idée de se méfier.
Polanski signe là un chef d’œuvre !