"Wings" est le 1er film à avoir gagné l'Oscar du meilleur film, qui ne s'appelait pas encore comme ça à l'époque. La même année, "L'aurore" de Murnau remportait aussi un Oscar qu'on pourrait qualifier d'équivalent, mais plus comme œuvre artistique et importante pour le cinéma. Le film de Wellman est à la fois une pure œuvre d'un gros studio, ici la Paramount, et un film qui définira les canons du genre "film à Oscars" : un récit épique mêlant grande Histoire et romance, une reconstitution d'époque flamboyante, des moyens faramineux, des records à l'écran, des stars et du glamour. Wellman, que j'adore, est un ancien aviateur décoré de la Grande Guerre, et il signe ici un film très personnel, sur le conflit et sur ce que ça signifie, pour lui, d'être pilote de chasse. Après un début nous présentant le carré amoureux, avec en point d'orgue la méga star Clara Bow (je reviendrai sur son cas plus bas), le film nous plonge dans l'entraînement des recrues (avec un petit caméo de Gary Cooper en sus) puis au cœur du conflit. Là, le drame se noue au sein d'une mise en scène spectaculaire. C'est bien simple, le cinéaste nous en met plein les yeux pendant plus de 90 minutes, avec des combats aériens époustouflants, une reconstitution au sol monumentale (3 500 figurants pour la bataille finale, plus des dizaines d'avions et des tanks), raconte la guerre avec ferveur et une certaine distance tragique, puis nous sort quelques plans scotchant, comme ce travelling magistral qui traverse les tablées dans un club bondé de Paris. Quant à Clara Bow, c'est une découverte pour moi ! L'autre fille du film, Jobyna Ralston, a pour moi le physique typique de la femme des années 20, en tout cas au cinéma. Au contraire, Clara Bow a un regard et une présence unique. Sa façon de capter l’œil du spectateur, de minauder, de jouer, est incroyablement moderne et particulière. L'actrice, à la réputation sulfureuse, enflammera l'imaginaire de ses contemporains, et servira de modèle à l'incendiaire et subversive Betty Boop des cartoons. Son charmant minois irradie ici un film tragique, beau et puissant, qui fera date. Un classique indispensable. D'autres critiques sur thisismymovies.over-blog.com