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BlindTheseus
297 abonnés
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4,0
Publiée le 8 septembre 2009
fantastique sur le theme du doppelganger ne nourrissant pas la langue de bois et l'hypocrisie actuel et qui, à la différence des Virgin Suicides ou autres, n'entretient pas cette forme de mode doux-amer frelaté car on ne peut bel et bien pas vendre ce que l'on a pas; pareillemment d'ailleurs à ces orgueilleuses pucelles à qui l'autre donne une bonne leçon. Un bon drame sur ces rêves d'adolescence bafoués et les vies ignorés.
Oeuvre étrange, "The Other" marque l'incursion dans le fantastique d'un cinéaste très classique - voir académique, d'avantage habitué au mélodrame hollywoodien. Le résultat, à mi-chemin entre la chronique pastorale et une poétique de l'étrange à la Jack Clayton (on pense à sa magistrale adaptation du" Tour d'écrou" d'Henri James : "Les Innocents"). La première demi-heure est assez fascinante, tant Mulligan parvient à restituer une atmosphère d'inquiétante étrangeté dans cette chronique nerveuse de l'enfance : la sur-activité de Niles, ses rapports troubles avec son frère jumeau, l'ambiance de malaise familial qui sourde derrière le bucolisme... Tout cela fonctionne merveilleusement et Mulligan parvient à cerner l'énergie morbide de cet enfant qu'on sent marqué par un lourd passif. Puis le choses deviennent plus prévisibles, de la révélation sur le frère à la succession des drames. Mulligan ne vise pas l'effroi, d'avantage le malaise. On peut en être un peu frustré, mais il faut lui reconnaître sa cohérence. Et voir dans le film une version plus subtile et troublante de "La Malédiction", qui s'intéresse moins à faire bondir le spectateur dans son fauteuil qu'à lui proposer une réflexion poétique sur le trouble de l'enfance, ce territoire où le Mal n'est pas encore rangé dans une catégorie morale, où la violence des sentiments co-existe avec l'innocence. Une curiosité à redécouvrir.
Aujourd’hui plus ou moins tombé dans l’oubli, Robert Mulligan eut la malchance de connaître sa plus grande période d’activité au cours de la décennie charnière qui s’étala de 1965 à 1975 : d’un esprit trop classique pour ne pas avoir souffert du changement de paradigme imposé par le Nouvel Hollywood et pas assez pour trouver sa place parmi les maîtres de l’âge d’or qui survécurent à ce bouleversement, Robert Mulligan, cinéaste middle-of-the-road par excellence, ne laisse derrière lui aucun véritable chef d’oeuvre et pas davantage de faux-pas. Du coup, il n’est pas si étonnant que ce soit un film apparenté au genre fantastique qui soit aujourd’hui considéré comme son travail le plus marquant. Toutefois, il ne faudrait pas aborder ‘L’autre’ sous l’angle du mystère à résoudre : on a vu suffisamment de pitch similaires au cours des dernières décennies pour comprendre dès les premières minutes à quoi on a affaire...quoique Mulligan parvienne à plusieurs reprises à relancer avec brio le processus de doute. En fait, outre une très belle maîtrise technique qui manque malgré tout un peu de personnalité, c’est dans les détails de l’atmosphère qu’on trouvera les meilleures raisons de s’enthousiasmer pour ce qu’on n’appelait sans doute pas encore un “Thriller psychologique� : qu’il s’agisse de ce cadre estival propice à toutes les aventures enfantines, de la représentation de la pré-adolescence comme un âge de lumière et de ténèbres mêlées, ou de ces éléments fantastiques en guise de miroir des névroses familiales enfouies ou apparentes, ‘L’autre’ semble parfois préfigurer, dans des tons nettement moins pop, l’esprit de certaines des futures productions Amblin.
Un film très troublant, centré sur un enfant aux deux visages, innocent et maléfique, et sur un traumatisme hallucinatoire qui touche à la folie. Robert Mulligan distille des éléments inquiétants, malsains ; il varie les points de vue (subjectif puis objectif) en développant progressivement un jeu de massacre qui fait froid dans le dos et en donnant à sa narration l’allure d’une chronique enfantine naïve. C’est d’autant plus monstrueux.
Sans doute le film le plus connu mettant en scène des jumeaux de cet âge-là et aussi le plus angoissant. Robert MULLIGAN a réussi là un véritable coup de maître et, du coup, ce film est devenu culte. Je viens de le regarder et de l'enregistrer en DVD et je peux vous assurer qu'il a sa place dans toute bonne DVDthèque qui se respecte. Les acteurs sont très bien dirigés notamment Uta HAGEN dans le rôle de la grand-mère d'origine russe mais la performance la plus extraordinaire est celle des jumeaux justement ! Chris et Martin UDVARNOKY sont craquants, angoissants à souhait et font preuve d'un talent et aussi d'une grande maîtrise rares à cet âge. Peu d'enfants-acteurs de cet âge réussissent à assumer de tels rôles si ce n'est Jimmy BENNETT qu'on verra bientôt dans Orphan et quelques autres. Le suspens est très bien mené ceci d'autant plus qu'on passe du présent au passé et vice et verça ou alors d'un jumeau à l'autre. L'histoire est compliquée mais elle mérite d'être suivie et vue par ceux qui ne la connaissent pas. En outre, l'atmosphère des années 30 est très bien reconstituée. Bref ! c'est pour dire que c'est un excellent film et que vous ne regretterez pas de l'avoir vue et je ne peux que vous conseiller d'acheter le DVD si jamais il existe dans le commerce. Ensuite, vous êtes sûrs de passer un bon moment que vous n'oublierez pas de sitôt !
"The Other"/"L'Autre" [1972] de Robert MULLIGAN est assurément un très, très grand film. Disons qu'il est - au moins - l'égal du "Nosferatu" [1922] de Friedrich-Wilhelm MURNAU, de "Cat People"/La Féline" [1942] et de "I walked with a zombie"/"Vaudou" [1943] de Jacques TOURNEUR, de "The Night of the Hunter"/"La Nuit du Chasseur" [1955] de Charles LAUGHTON, de "Psycho"/"Psychose" [1960] d'Alfred HITCHCOCK (en les transcendant presque tous) - et annonce aussi bien le remarquable "Halloween"/"La Nuit des Masques" [1978] de John CARPENTER, le très subtil "A Tale of Two Sisters/"2 soeurs" [2003] de Kim JEE-WOON, le renversant "Get Out" [2007],de Jordan PEELE, le troublant "It Follows" [2014] de David Robert MITCHELL, voire même l'inoubliable "Joker" [2019] de Todd PHILLIPS - à la plasticité d'un classicisme innovateur, tout pareillement inoubliable. Car l'aspect artistique n'est pas pour rien dans la réussite de "The Other" : Mulligan était d'abord un formidable directeur d'acteurs (et on se souvient de son trio de gamins dans son "Du silence et des ombres"), son directeur photographique Robert L. Surtees a livré des images aux tonalités tour-à-tour estivales (bucolique solaire) et "gothique" (on note l'utilisation somptueuse des complémentaires jaune et bleue dans "The Other" en 1972 ; viendra le règne des oranges et des verts dans le "Joker" de 2017), séquences soleil/ténèbres parfaitement articulées et d'un impact redoutable ; le scénario de Thomas TRYON tiré de son propre roman est d'une stupéfiante audace ; ajoutons-y la partition sifflée puis orchestrale de Jimmy Goldsmith qui résonne dans notre souvenir tout comme l'harmonica de la b.o. d'Ennio Morricone pour "Il était une fois dans l'Ouest" de Sergio LEONE. Les jumeaux Chris et Martin Udvarnoky furent des acteurs enfants exceptionnels, Uta Hagen en maîtresse du "Great Game" a une présence exceptionnelle, Diana Muldaur restera à jamais cette mère au regard perdu... "L'Autre" est entièrement baigné d'un clair obscur digne des toiles des frères Le Nain. Mulligan fut un Maître... Un artiste dont la modestie, le savoir-faire et l'éclectisme ont produit une Oeuvre solide par sa forte cohérence thématique (abyssales ambigüités de cette grande énigme qu'est l'être humain) mais aussi très inégale (citons "Inside Daisy Clover" [1965], qui a particulièrement mal vieilli - exemple de partiel ratage sans doute dû au jeu très "daté" de l'actrice Natalie Wood surjouant l'adolescence et visiblement laissée ici en roue libre par son réalisateur... ). On se souviendra d'abord de "To kill a Mockingbird"/"Du silence et des ombres" [1957] : à la fois film majeur et très brillante adaptation du chef d'oeuvre romanesque de Harper LEE... On évoquera aussi "The Stalking Moon" /"L'Homme sauvage" [1968], western profondément original mettant en scène l'affrontement entre l'intériorité de ses quatre principaux personnages. On évoquera encore le très méconnu et si crépusculaire "The Nickel Ride" [1973] qui à lui seul annonce les chefs d'oeuvre de Martin SCORSESE ("Taxi Driver"), Francis Ford COPPOLA ("The Godfather", I et II), Abel FERRARA ("King of New York") et Brian DE PALMA ("Scarface")... Enfin, "The Man in the Moon"/"Un été en Louisiane" [1991] sera un nouveau chant du cygne concluant brillamment la carrière de ce réalisateur curieusement oublié du grand public.
Un chef d'oeuvre d'intelligence pour ce scénario peu commun, de prises de vues, de musique, et de rôles d'acteurs surprenants. Vu ce film, non pas à sa sortie, mais en 1977, et ce dédoublement de la personnalité m'a impressionné. Un bruit, à la fin d'un film comme The Other peu vous donner du bonheur cinématographique. Depuis le seul film qui m'a rendu le même frison, dans un genre différent est, Avalon. Film de Mamoru Oshii, année 2002.
L'Autre a la particularité d'acclimater le thème fantastique du "doppelgänger" dans la pastorale américaine. La photographie du film, à la fois lumineuse et vaporeuse, nimbe les choses et les personnages d'une aura surréelle. Dans les scènes où les deux frères sont présents, Mulligan évite de les montrer ensemble dans le cadre par des mouvements panoramiques qui les montrent successivement ou simplement un montage champ/contrechamp. La mèche est vendue dans la scène où l'on découvre, grâce à un simple zoom arrière, que Niles parle face à un fauteuil vide qu'occupe en imagination son frère. L'effet est saisissant! Le film équilibre une forme classique (la scène avec les phénomènes de foire est un hommage à Freaks de Browning) et préfigure les excès grandguignolesques à la Carpenter, lors de la dernière partie du film: comme Mike Myers dans Halloween,Niles semble une incarnation indestructible du Mal!