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BigDino
8 abonnés
473 critiques
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4,5
Publiée le 25 janvier 2016
Renoir écarte une bonne partie de l'oeuvre de Gorki, pour faire à son idée. Le résultat? On passe un très bon moment, Gabin et Jouvet sont très bons, suivis par une palette de personnages hauts en couleurs et servis par d'excellents dialogues.
Fresque du paris des années 30 et de tout un tas de personnages plus marfinaux les uns que les autres, Jean Renoir nous livre ici un de ses meilleurs films. Le duo Gabin jouvet fonctionne à merveille Un grand moment
Quel cinéma ! Quel film! Quels acteurs! C'est en regardant Jouvet, Gabin, Michel Simon dirigés par Renoir, Duvivier, etc..que l'on se rend compte de ce qu'on a perdu avec ce grand cinéma des années 30, 40 et 50 et que le cinéma français actuel est bien mort comme le cinéma US.
Un Renoir peu connu qui se situe, il est vrai entre Une partie de Campagne et la Grande illusion. Pourtant, la confrontation Gabin-Jouvet, des dialogues truculents et drôles de Spaak, la patte sociale et le grand talent de Renoir font de ce film une œuvre puissante et importante. Songer d'ailleurs à la filmographie de Renoir dans la décennie 1930 donne d'ailleurs le tournis. L'oeuvre de Gorki est noire, sans concession pour les puissants corrompus, les domestiques veules et voleurs, et même pour les pauvres. Une figure étrange dans le film, jouée par René Génin, celle d'un vieux fou mystique qui parvient à rassurer ses congénères par ses propos apaisants et optimistes, mais qui les pousse finalement vers la mort. La morale du film est désespérante, mais Renoir a su s'écarter de la pièce (il y a très peu d'allusions à la Russie et au début du XXème siècle) et l'aérer. La fin optimiste rappelle étrangement celle de Chaplin dans Modern Times sorti la même année.
Plusieurs « créatures » des bas-fonds tentent d'échapper à leur condition et de s'extraire de la fange. L'un d'eux, Pepel (Jean Gabin), voleur de profession fait la connaissance d'un baron ruiné avec lequel il se lie d'amitié. Il cherche également l'amour sur lequel il compte pour changer de vie.
Un Renoir pas complètement maîtrisé mais duquel échappe quelques fulgurances de modernité : le jeu de certains comédiens (pas forcément principaux) ou le piquant des dialogues. Une analyse sociale moins fine que celle de La grande illusion (chef d'oeuvre tourné par Renoir l'année suivante), un peu condescendant peut-être pour le peuple des bas-fonds à part la relation décrite entre le baron et son valet très grinçante (voire un autre Renoir La règle du jeu).
Un très bon Renoir, souvent sous-estimé ou méconnu, qui doit beaucoup au jeu de Gabin ou de Jouvet, mais aussi aux dialogues de Charles Spaak : Renoir renonce ici à son style parlé, parfois à la limite de l'impro (comme dans la Règle du Jeu ou la Marseillaise), pour un vrai texte.