Loin d'être inintérressant, American gigolo est cependant divisé en deux catégories, inégalement réparties, n'emportant que quelques fois l'agrément. La première, assez banale et fastidieuse, concerne le scénario. Cette histoire de meurtre doublé d'une psychologie artificielle exalte une construction fragile, qui navigue entre réalisme et irréalisme. En effet, le rôle de Richard Gere est tout à fait efficace, avec une petite dose d'ambiguïté qui le rend passablement fascinant. Toutefois, son statut de playboy gâche souvent l'importance et la complexité de sa personnalité, dont le jeu se résume partiellement à être le charmeur des grandes femmes fortunées dans le monde corrompu de la politique. Certes, on trouvera cette position caricaturale, bien trop superficielle pour devenir pertinente. En outre, la liaison amoureuse qu'entretient notre gigolo avec Lauren Hutton cherche clairement la difficulté de style, entre le symbolisme maladroitement équivoque et le thème de l'amour impossible. Encore trop instable, on sent surtout que l'intention de Paul Schrader hésite entre le spectacle grand public accessible et la densité d'un film d'auteur, peut-être plus discutable, mais bien plus audacieux. Surtout pour un sujet comme celui-là. Mais ne blâmons pas le travail remarquable de la mise en scène, le grand point fort de ce long métrage. Les jeux de lumières s'exposent et tournoient dans des décors futuristes très recherchés. Prenons pour exemple celui du bar au tout début, ou encore la boîte de nuit. Son utilité participe à intégralement à l'ambiguïté générale du récit. De plus, cette recherche d'esthétique forge un ton unique à American gigolo, reconnaissable au premier coup d'oeil. L'ambiance qui s'en dégage enivre le spectateur, dans cette synopsis pourtant banale, mais qui par son style et sa grâce corporelle nous intrigue et nous captive. Ce contraste forme un résultat mitigé. Il n'est au final qu'un exercice de style, mais qui de ce point de vue, reste très réussi.