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Flavien Poncet
242 abonnés
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1,0
Publiée le 7 février 2007
«Gran Casino» (Mexique, 1946) est le premier film de Luis Bunuel au Mexique. Loin de son surréalisme français et de son documentaire espagnol, cest dans le cinéma commercial que Bunuel a choisi dexercer. Pour «Gran Casino», le cinéaste divertit par des chansons, intermèdes entre les scènes principales. Lhistoire est celle de deux vagabonds ( dont lun est joué par la star mexicaine de la chanson de lépoque : Jorge Negrete ) qui vont se trouver au milieu dun conflit pour un puit de pétrole. Malgré lapparente absence de la «patte» Bunuel, les thèmes de prédilection du cinéaste sont donnés dans ce film : critique de la bourgeoisie, plans surréalistes incrustés au sein de la normalité, etc Ainsi «Gran Casino» derrière ses aspects inoffensifs et tout à fait banal, possède tout de même une singularité, subtile mais non moins sensible. Cependant, on est très loin du «Charme discret de la bourgeoisie» (France, 1972), de «Belle de jour» (France, 1996) ou même de «Los Olvidados» (Mexique, 1950) qui ne sortira pourtant que quatre ans plus tard. Le divertissement prime, le tout ressemblant plus à un film à suspense français des années 30. Grosso modo, rien doriginal, simplement un bon instant où la présence du cinéaste napparaît que dans de brefs instants de lumière, instants jouissifs mais trop éphémères. En conclusion, «Gran Casino» (Mexique, 1946) est un film assurément mineur dans luvre de Bunuel, elle na de valeur vis-à-vis de lensemble de sa filmographique que comme base de départ de la ligne thématique, ligne qui ne cessera de devenir plus grande et plus étoffé bien heureusement.
« Gran Casino » est le premier film mexicain de Luis Buñuel après un passage inabouti à Hollywood. Sous la forme d’une comédie musicale, le film coche toutes les cases du western. Le patron de la puissante société qui cherche à récupérer l’entreprise du petit entrepreneur par tous les moyens, la danseuse de saloon, ici en forme de cabaret, l’inévitable gunfight et la morale qui triomphe. La réussite est au rendez vous, grâce au couple central : deux chanteurs populaires, l'Argentine Libertad Lamarque qui vient de fuir son pays (elle s’est accrochée avec la future Evita Peron), l'étoile mexicaine Jorge Negrete et aux numéros qu’ils interprètent. Le tout est soigneusement chorégraphié (Hollywood n’est pas loin), et ce, dès le premier numéro dansant de l’aguichante Camelia (Mercedes Barba). Malheureusement, Buñuel ne sait pas filmer une bagarre, ce qui nuit à la force du film, et affaibli encore un peu plus un discours politique plus proche d’un plaidoyer moral que d’une analyse sociétale. Quant à l’aspect social, faute d’une base marxiste il est le grand absent du film. Bien réalisé, bien scénarisé, l’ensemble reste néanmoins bien propre sur soi, le cinéaste ayant perdu dans les coulisses son humour noir et l’acidité de ses critiques. Par conséquent toute forme de provocation.
Il y a plusieurs Bunuel. Celui des débuts, imaginatif et virevoltant qui avait révolutionné le cinéma avec son "Chien Andalou" ; il y a celui de la fin (probablement le plus connu) sage et aguerri, au style abouti. Et puis, entre ces deux périodes, Bunuel s'est longtemps exilé au Mexique (dictature Franquiste oblige) pour mettre en scène une série d'oeuvres plus ou moins sociales, plus ou moins surréalistes et surtout plus ou moins réussies. "Gran Casino" (qui date de 1946) est vous l'aurez compris issu de ces années passées loin du vieux continent et incarne sur un certain nombre de points le célèbre "Los Olvidados" qui verra le jour quatre ans plus tard. Fable morale, le film est caractéristique d'un courant la plupart du temps non assumé par ceux qui l'incarnent, à savoir le catholicisme de gauche (même si Bunuel tentera de se justifier plus tard par un anti-cléricalisme violent). Une conscience en béton, l'humanisme comme dogme, "tu ne tueras point, tu ne voleras point, tu ne seras point méchant" en guise de devise... Une petite critique des grands patrons en passant (qui ne respectent pas la dignité humaine, ce qui ne débouche pas pour autant sur un marxisme revendicatif comme on pourrait naïvement le croire), un semblant de rédemption, une analyse simpliste du sentiment de culpabilité... Qu'est-ce-que vous voulez dire après ça ? Oui, tes valeurs nous conviennent mon cher Luis mais bon, ça fait beaucoup tout cela assené dans un seul long-métrage non ? D'autant plus que tu ne l'as pas mis en scène avec un franc brio et t'es plutôt effacé (à tort), toi, auteur, te réfugiant derrière un conformisme aujourd'hui passé de mode, certes bien propre sur soi (BCBG en quelque sorte) mais tellement ennuyeux. Eh oui, on s'endort et s'énerve très vite devant cette bonne grosse leçon de morale ô combien convenue tant sur le fond que sur la forme. A déconseiller aux plus de cinq ans. Bon, moi je vous laisse, ce genre de trucs, ça me donne envie de mettre le feu à ma maison !
Ce film (le premier de Luis Buñuel au Mexique), aujourd'hui très marginal dans l'œuvre du cinéaste, est pourtant des plus intéressants. Il ravira d'abord les amateurs de films musicaux : Jorge Negrete et Libertad Lamarque, deux vedettes de la chanson hispano-américaine n'y ménagent pas leur peine. Sans oublier le trio Los Calaveras et Mercedes Barba, remarquablement filmée lors de sa danse dans le casino. Tout cela est charmant bien que très éloigné de l'univers de Luis Buñuel. Mais Gran Casino est aussi un film politique qui montre la corruption, le racket et la violence que faisaient régner les gros propriétaires des puits de pétrole mexicains avant leur nationalisation. Et, le cinéaste, fidèle à ses principes, refuse tout excès de sentimentalisme, ce qui nous vaut la fameuse scène du bâton remuant boue et pétrole en lieu et place du baiser entre les héros.