Une véritable déception. Peter Hunt, réalisateur de seconde équipe sur les précédents opus et également monteur, parvient à convaincre la production de le laisser réaliser un opus de la saga 007. Pour se faire, il décide d'orienter son film vers un réalisme plus poussé que par le passé, explorant des pans jusque là inédit. Réputé comme étant un excellent opus, voyons s'il mérite toute ses louanges...
L'histoire nous propulse dans le Portugal profond où Bond, toujours à l’affut d'une jeune demoiselle en détresse, décide de se lancer à la poursuite de Blofled, terrible chef de l'organisation criminelle Spectre. Pour se faire, il est catapulté en Suisse, pays où semble résider le terrible bandit international, dont les intentions ne semblent pas être amicales. En chemin, il croisera la route de la charmante Tracy dont il tombera éperdument amoureux. Plutôt décevant dans la forme, pas forcément dans le fond, Au Service Secret de sa Majesté oppose deux ambiances peu complémentaires. Tout d'abord le sérieux de la mission de Bond qui veut empêcher le Spectre de répandre un virus sur la planète. Pas très inspiré, le film ne permet pas de ressentir une quelconque tension ou importance quant à la mission de Bond. On le sent plus épris par ses sentiments que par sa mission. Le scénario du film risque d'en surprendre plus d'un car le film se permet d'explorer les émotions de Bond, chose inédite pour la franchise. Classique dans la forme, le film offre quelques séquences frisants le mauvais goûts comme un Bond qui s'adresse au public ou encore ses sessions de dragues où il se contente de ressortir les mêmes phrases pour séduire plusieurs filles. Pourtant tout n'est pas à jeter, à l'image de ces superbes courses-poursuites dans la neige ou ce final à la fois touchant et dramatique. Très éloigné des codes de la saga, je ne m'y suis clairement pas retrouvé dans cet opus qui, étrangement, jouit d'une excellente réputation auprès des spectateurs.
Le casting offre un résultat pour le moins très ambiguë. Du côté des satisfactions, mis à part les interprètes des rôles de M, Moneypenny et Q, la ravissante Diana Rigg (Game Of Thrones) incarne une James Bond Girl ravissante et sympathique. En revanche, carton jaune pour George Lazenby, clairement pas à l'aise dans la peau de Bond. Il se cherche, jouant plus sur son physique et ses blagues lourdes (les deux grosses boules... sérieusement ?), il n'arrive pas à égaler la prestation de Sean Connery. Il en va de même pour Blofeld incarné par le décevant Telly Savalas, qui n'apporte rien au personnage. Là aussi, le précédent acteur, Donald Pleasence était bien plus crédible dans la peau du n°1 du Spectre. Pareil, j'ai du mal à comprendre ce que peuvent trouver le public à ces deux rôles clés aussi mal interprétés.
Pour ce qui est de la réalisation, le film embarque des décors somptueux et très originaux. Alors que la Suisse avait déjà été entraperçue dans Goldfinger, elle est ici beaucoup plus présente. Décors blanc, monts alpins et autres stations nichées sur une montagne, le film s'offre une véritable identité. Il en va de même pour l'Angleterre et le Portugal, qui apporte un petit plus au film. Comme à son habitude, la bande-son de John Barry est excellente et rend un bel hommage aux précédents opus. Petit bémol pour l'introduction, pas très inspirée ni même chantée, ce qui est fort regrettable.
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Les : un Bond qui éprouve pour la première fois des sentiments, quelques séquences intéressantes, une bande-son et une réalisation exemplaire, un final qui ajoute une touche de tragédie au film
Les - : mais une histoire qui s'éloigne totalement des codes de la saga, quelques passages qui flirtent avec le mauvais goût, George Lazenby pas très à l'aise dans le costume de Bond, un Blofeld moins convainquant que par le passé (Donald Pleasence, où es-tu ?), une introduction banale sans chants.
Considéré par beaucoup comme l'un des meilleurs opus de la franchise, Au Service Secret de sa Majesté déçoit énormément à de nombreux tableaux. Tout d'abord au niveau du scénario qui s'apparente plus à des vacances organisées par meetic qu'à une vraie mission périlleuse. Bond se contente d'enchainer les conquêtes tel un coq dans une basse-court, oubliant au passage sa "mission". Son interprète semble être complètement à la ramasse, crispé entre le sérieux du personnage et la lourdeur de son jeu d'acteur. Blofeld, terrible ennemi de Bond dans les précédents opus, n'est ici qu'un petit savant fou qui s'amuse à envouter des femmes avec des flashs lumineux afin de dominer le monde, pas très glorieux. Ses intentions, aussi stupides que bizarres, n'arrangent clairement pas la sauce. Même si le cadre du film et quelques séquences sont réussies (mention spécial au ski), il n'y a pas de quoi se réjouir face à un film aussi vide de sens et dénué de tout intérêt pour la saga. Une énorme déception.