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TTNOUGAT
596 abonnés
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4,0
Publiée le 12 février 2010
John Garfield est vraiment exceptionnel,on a l’impression qu’il ne joue jamais:il est là.Ce film lui doit beaucoup car s’il est truffé de belles choses,il comporte aussi pas mal de zones d’ombres.Il faut du temps pour comprendre ce qu’il se passe et aussi ce que le réalisateur veut montrer car les thèmes sont nombreux. Amour fraternel malgré les différences,corruption généralisée de la société,mensonges et dissimulations,culpabilité générale,bonheur inaccessible à New-York en ces années là,cynisme,lucidité,lâcheté et courage.Le tout dans un film plus noir que noir dans tous les sens du terme.Il en résulte un ensemble qui porte une griffe de créateur;mélange de Walsh,Curtiz et Welles d’où sortira sans doute le style Aldrich.Polonsky a fait trop peu de films,c’est dommage car il était bourré de talent et d’intelligence mais sans doute un peu désabusé pour croire en lui-même. ___________________________________________
L'Enfer de la corruption, un des rares films d'Abraham Polonsky et pour ainsi sa seule œuvre d'auteur, est l'un des sommets du Film noir, s'il est à classer, et ce n'est pas simple, dans une catégorie si réductrice. John Garfield, dans le rôle de sa vie, incarne Joe Morse, un avocat arriviste au service de la pègre. L'une des plus belles scènes du film est un jeu de tourmente et de nervosité, entre des personnages fatigués du mal ("J'ai l'impression de mourir un peu presque chaque jour, telle est ma façon de vivre") pour aboutir à un terrible massacre au son de Beethoven. Elle compte parmi les scènes les plus impressionnantes jamais tournées par Hollywood, encore libre avant le maccarthysme. Force of evil, un film malheureusement peu connu, est une fable complexe sur le mal, la déchéance, la probité et la rédemption. Le personnage principal offre lui même une métaphore de sa vie : une descente aux enfers, par amour de l'argent, mais aussi pour son frère. Pour sauver de ce dernier, c'est comme s'il "descendait dans les profondeurs du monde". Dans un final particulièrement sanglant et noir, Joe Morse, l'avocat sans scrupule, supprime tout ce qui le retenait au vice et à la mort. spoiler: Après avoir supprimé ses derniers ennemis, le héros descend récupérer le corps de son frère qui traine parmi les détritus.
Ce film est à assez étrange. Il est plutôt bien fait, et même très bien fait, car la photographie est superbe, les plans sont époustouflants de modernisme, et la réalisation est vraiment bien! Mais bon, la première partie est vraiment incompréhensible, car il y a trop de personnages, et leurs noms se croisent et s'entrecroisent tellement qu'au bout d'un moment on finit par tous les confondre, ce qui est fort facheux pour un film au scénario si complexe. Et puis s'il a l'audace de critiquer le système corrompu des Etats-Unis (à savoir la chasse aux sorcières, qui emporta d'ailleurs sur son passage Abraham Polonsky), l'ensemble a la fâcheuse tendance à être un peu trop lisse, sans véritable originalité. On retiendra John Garfield, excellent. Mais à part ça et la réalisation pas grand chose à se mettre sous la dent de ce film noir un peu surfait.
Pour son premier film, celui qui à Hollywood était considéré comme un prestigieux érudit, Abraham Polonsky adapte un roman d'Ira Wolfert. «Force of Evil»(USA, 1948) se distingue comme un exemple caractéristique du film noir. Plus que l'intrigue, davantage que l'interprétation des acteurs, le plus immédiatement appréciable se révèle être la photographie de George Barnes (responsable également de l'image de «Rebecca»). Découpant au scalpel dans un geste minutieux les contours du monde, Barnes sous les directives de Polonsky taille un monde brisé sous ses ombres. L'année de réalisation du film, 48, le situe pleinement au sortir de la seconde guerre mondiale. L'érudition et l'intelligence de Polonsky laisse présumer que plus que de constituer un film noir de qualité, «Force of Evil» entend évoquer les affres engendrés par le régime nazi à travers le monde, et notamment dans ses camps de concentration. La scène finale, où un cadavre gît sur des pierres, au bord d'un fleuve, renvoie à l'image forclose des corps horribles des déportés dans les camps d'extermination. L'intrigue fait recouper cette imagerie avec l'état économique des Etats-Unis lors de la sortie du film. Joe Morse, avocat new-yorkais, défend un gang de racketteurs qui contrôlent les paris. Son frère banquier, Leo (interprété par le délicat Thomas Gomez), refuse de se plier aux injonctions du gang. Entre fraternité et droit, Joe se confronte à un dilemme. Celui-ci, par extension, renvoie au fondement du nazisme et du fascisme qui plutôt que de choisir la fraternité entre les peuples a décidé de prôner la défense relativement rationnelle des intérêts des droit nationaux. Membre des Dix d'Hollywood, les dix auteurs du cinéma américain entièrement blacklistés, Polonsky traite directement de la corruption de son pays (et du système hollywoodien) mais également articule les formes d'un monde en ruine, embourbé dans les rouages de l'argent et de son ultra libéralisme amoral.
Une dénonciation courageuse et réaliste de la corruption en Amérique. D'autant plus courageuse qu'elle a été réalisé alors que le maccarthysme commençait à pointer son nez. Un très bon film réalisé par le trop rare Abraham Polonsky. La distribution est en outre très convaincante en particulier John Garfield.
Abraham Polonski est un cinéaste peu prolifique connu pour avoir été « blacklisté » à l’époque du maccarthysme. Ce film a été redécouvert vingt ans après sa sorite grâce à l’appui des critiques de la nouvelle vague française. Ce regain de popularité a permis à Polonski de mettre en scène un dernier film (« Willy boy » avec Robert Redford). Ce parcours est relaté par Bertrand Tavenier et Pierre Missan dans les bonus du DVD. Le film par lui-même est une variation sur le thème de la corruption qui gangrène tout ce qu’elle touche. John Garfield avocat véreux n’y échappera pas, se croyant pourtant protégé par son statut. L’opposition de caractère entre les deux frères est le thème central du film. Polonski démontre parfaitement les manœuvres de la mafia qui cherchent à conduire à la banqueroute toutes les loteries clandestines pour ensuite prendre le contrôle de celles qu’elle entend conserver. En tentant de sauver l’entreprise de son frère, Garfield ne fera que précipiter la mort de celui-ci malade du cœur en l’obligeant à agir contre nature. Le remède sera pire que le mal. Garfield est parfait dans son rôle mais on appréciera surtout la prestation remplie d’humanité de Thomas Gomez.
Un film noir magnifique. A part au niveau du traitement sonore (et surtout musical), ce film n'a pas pris une ride. Bien qu'il soit moins "incontournable" que certains autres classiques, il n'en reste pas moins un grand et beau film.