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In Ciné Veritas
90 abonnés
922 critiques
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3,5
Publiée le 27 juin 2016
Film noir classique dont la restauration est impeccable au même titre que sa réalisation. Le noir et blanc est somptueux et la photographie l’est tout autant. Campant des personnages ambivalents, le casting réuni est talentueux avec notamment John Garfield, parfait.spoiler: Ironie de l’histoire, le seul personnage cherchant à rester intègre est un banquier… indépendant.
Avec L’enfer de la corruption, Abraham Polonsky signe la réalisation de son premier film dont il est également scénariste. Un scénario dense, ambitieux et verbeux tiré de Force of evil, roman d’Ira Wolfert. Une fois n’est pas coutume, le titre français nous semble plus approprié que le titre original, éponyme du roman adapté. A sa sortie, L’enfer de la corruption fut perçu comme une attaque en règle du capitalisme américain et de son système corrompu sous-jacent. Son auteur, Abraham Polonsky, fut alors victime du maccarthysme dans les années 50 et inscrit sur la liste noire d’Hollywood.
L'Enfer de la corruption, un des rares films d'Abraham Polonsky et pour ainsi sa seule œuvre d'auteur, est l'un des sommets du Film noir, s'il est à classer, et ce n'est pas simple, dans une catégorie si réductrice. John Garfield, dans le rôle de sa vie, incarne Joe Morse, un avocat arriviste au service de la pègre. L'une des plus belles scènes du film est un jeu de tourmente et de nervosité, entre des personnages fatigués du mal ("J'ai l'impression de mourir un peu presque chaque jour, telle est ma façon de vivre") pour aboutir à un terrible massacre au son de Beethoven. Elle compte parmi les scènes les plus impressionnantes jamais tournées par Hollywood, encore libre avant le maccarthysme. Force of evil, un film malheureusement peu connu, est une fable complexe sur le mal, la déchéance, la probité et la rédemption. Le personnage principal offre lui même une métaphore de sa vie : une descente aux enfers, par amour de l'argent, mais aussi pour son frère. Pour sauver de ce dernier, c'est comme s'il "descendait dans les profondeurs du monde". Dans un final particulièrement sanglant et noir, Joe Morse, l'avocat sans scrupule, supprime tout ce qui le retenait au vice et à la mort. spoiler: Après avoir supprimé ses derniers ennemis, le héros descend récupérer le corps de son frère qui traine parmi les détritus.
Le film est remarquable sur un plan formel : photographie et cadrages de toute beauté, noir et blanc majestueux, superbes plans urbains, réalisation impeccable. Mais le scénario est très complexe et multiplie les thèmes à un rythme très soutenu : amour fraternel, corruption généralisée de la société, mensonges et dissimulations, culpabilité, cynisme, lâcheté, courage…. On a du mal à comprendre les subtilités d’une intrigue qui avance à toute allure, à s’accrocher aux nombreux personnages rapidement installés, et à suivre les dialogues étourdissants.
Abraham Polonski est un cinéaste peu prolifique connu pour avoir été « blacklisté » à l’époque du maccarthysme. Ce film a été redécouvert vingt ans après sa sorite grâce à l’appui des critiques de la nouvelle vague française. Ce regain de popularité a permis à Polonski de mettre en scène un dernier film (« Willy boy » avec Robert Redford). Ce parcours est relaté par Bertrand Tavenier et Pierre Missan dans les bonus du DVD. Le film par lui-même est une variation sur le thème de la corruption qui gangrène tout ce qu’elle touche. John Garfield avocat véreux n’y échappera pas, se croyant pourtant protégé par son statut. L’opposition de caractère entre les deux frères est le thème central du film. Polonski démontre parfaitement les manœuvres de la mafia qui cherchent à conduire à la banqueroute toutes les loteries clandestines pour ensuite prendre le contrôle de celles qu’elle entend conserver. En tentant de sauver l’entreprise de son frère, Garfield ne fera que précipiter la mort de celui-ci malade du cœur en l’obligeant à agir contre nature. Le remède sera pire que le mal. Garfield est parfait dans son rôle mais on appréciera surtout la prestation remplie d’humanité de Thomas Gomez.
Ce film est à assez étrange. Il est plutôt bien fait, et même très bien fait, car la photographie est superbe, les plans sont époustouflants de modernisme, et la réalisation est vraiment bien! Mais bon, la première partie est vraiment incompréhensible, car il y a trop de personnages, et leurs noms se croisent et s'entrecroisent tellement qu'au bout d'un moment on finit par tous les confondre, ce qui est fort facheux pour un film au scénario si complexe. Et puis s'il a l'audace de critiquer le système corrompu des Etats-Unis (à savoir la chasse aux sorcières, qui emporta d'ailleurs sur son passage Abraham Polonsky), l'ensemble a la fâcheuse tendance à être un peu trop lisse, sans véritable originalité. On retiendra John Garfield, excellent. Mais à part ça et la réalisation pas grand chose à se mettre sous la dent de ce film noir un peu surfait.
Une dénonciation courageuse et réaliste de la corruption en Amérique. D'autant plus courageuse qu'elle a été réalisé alors que le maccarthysme commençait à pointer son nez. Un très bon film réalisé par le trop rare Abraham Polonsky. La distribution est en outre très convaincante en particulier John Garfield.
Un film noir magnifique. A part au niveau du traitement sonore (et surtout musical), ce film n'a pas pris une ride. Bien qu'il soit moins "incontournable" que certains autres classiques, il n'en reste pas moins un grand et beau film.