Barton Fink, 1991, d’Ethan et Joel Coen, avec John Turturro, John Goodman et Steve Buscemi (dans le petit rôle du réceptionniste). Film complexe sur une histoire relativement simple, mais une écriture de scénario très rigoureuse et une mise en scène magnifique. Un jeune auteur au succès tout récent (Turturro, invraisemblablement coiffé !), un peu naïf, vend bêtement son âme au diable, c’est à dire, passe sous contrat à Hollywood et reçoit (d’un patron de Major, caricature subtile et drôle) commande d’écrire un truc pour Wallace Berry, sur le monde des lutteurs. Comme le sujet ne l’inspire pas, on va cheminer avec lui dans les méandres de la création, celle qui torture parce qu’elle n’aboutit pas. C’est l’angoisse de la page blanche, qui s’accompagne d’un regard étrange, affolé, poétique et dramatique à la fois, sur l’environnement, la chambre d’hôtel, le voisin…Réalité et fiction se mêlent et s’entrechoquent : le papier peint se décolle et il faut le punaiser, un moustique devient un monstre sanglant, le charmant voisin (Goodman), complice et tendre, est un tueur en série, la fille d’une nuit baigne dans son sang au petit matin. Chaque plan est soigné et les lumières font des images de superbes compositions artistiques qui constituent une sorte de labyrinthe métaphysique. Le spectateur est en permanence surpris et malmené : quand on se croit dans une comédie, on plonge aussi sec dans le drame, et quand on pense être au cœur d’un thriller, un curieux virage nous entraîne vers le fantastique, le poétique.