Bouzi Bouzouf aime « Nothing » de Vincenzo Natali, film qui ne ressemble à... nothing, et à la fin duquel Bouzi Bouzouf s'est demandé : « Mais c'est quoi ce truc ? » Et s'il y a bien une question que Bouzi Bouzouf, adepte de la surprise permanente dans l'art, adore se poser en visionnant un film – ou en lisant un livre ou en écoutant un disque ou en regardant un tableau –, c'est bien celle-ci : « Mais c'est quoi ce truc ? » Car « Nothing » met en scène deux inadaptés sociaux qui, un beau jour, se retrouvent en plein... néant. Oui, le néant. Le vide, le rien, le non-être, l'absence de tout. Nothing, quoi. (Si vous éprouvez des difficulté à vous représentez ce pitch singulier, lecteurs, imaginez deux types projetés tout à coup à l'intérieur de vos crânes.) Toute la difficulté pour le metteur en scène va donc consister à élaborer une intrigue et à construire un film d'une heure et demie dans lesquels le néant sert de décor principal, bref à faire du cinéma à partir d'un truc totalement anticinématographique. Si le projet avait échu à des réalisateurs tels que Kubrick, Fincher ou Richard Kelly, cette histoire de néant aurait sûrement servi de support à une grave réflexion métaphysique sur le monde, la vie et la destinée de l'être humain. Mais Vincenzo Natali, lui, pourtant déjà auteur d'un OVNI métaphysique avec « Cube » et de ce fascinant thriller alambiqué qu'était « Cypher », à choisi un traitement comique à la portée intellectuelle limitée. « Nothing », c'est un peu en effet « Dumb et Dumber contre le néant » ou encore le « Gerry » de Gus Van Sant revisité à l'humour de cour de récré. Les situations comiques ne sont pas toujours dès plus finaudes et semblent n'amuser que les deux acteurs (dont un, qui jouait déjà dans « Cube », est le portrait craché de Bill Pullman). À cause d'elles, le film est même parfois au bord de la rupture. Quant au message, il consiste, en gros, à dire aux geeks : « Ne vous repliez pas trop sur vous-mêmes et restez connectés au monde. »