Avis sur L'Etoile du Nord

Lewis Milestone, réalisateur du chef d'oeuvre «A l'ouest rien de nouveau» se met au service de l'effort de guerre avec un des films de propagande tournée lors de la période 39-45. Et son plus gros défaut est justement ce qu'il est ; une propagande. Si d'autres films ont su sortir leur épingle du jeu et étant avant tout une ouvre du 7ème art (le plus connu étant «Casablanca») ce film-ci a tout de la propagande au 1er degré sans les nuances du grande cinéma. En effet me film commence par une très longue et ennuyante présentation des différents personnages tous évidemment touchants, plus ou moins pauvre, courageux et héroïques... etc... Avant de nous présenter les nazis monstrueux jusqu'au réveil de résistance de la population, sans omettre l'appel au patriotisme des plus primaires. Evidemment on ne peut être que touché par certaine scène mais tout ça reste extrêmement manichéen et sans mesure.

Avec une copie de qualité, ce beau film du passé mérite d'être vu pour le soin qui lui a été apporté, pour le contexte historique de l'opération'' barbarossa'' et pour la leçon de paix qu'il véhicule malgré l'horreur absolue des événements. Je ne me souviens pas avoir vu dans une autre production cinématographique évoquer ce qu'on peut appeler sans erreur possible le ''vol du sang d'enfants'', cet acte méritant à lui seul d'être connu à jamais. C'est louable de l'avoir fait à travers ''L'étoile du Nord''. Question cinéma, plus personne aujourd'hui ne montrerait aussi longtemps la première partie, celle heureuse de la fin de l'été et pourtant elle est essentielle pour souligner l'absurdité de la guerre. Milestone à fait de gros efforts d'authenticité dans la description des sentiments amoureux plein de réserves et de pudeur comme ils étaient à l'époque en ce lieu; témoin le premier baiser plein de douceur entre Damian et Marina ou le romantisme enfantin de Claudia. Les acteurs sont ou deviendront célèbres, notamment Anne Baxter qui a 20 ans ainsi que Farley Granger le héros de ''Senso'' encore plus jeune qu'elle. Ils sont tous épatants avec une réserve cependant pour Erich Von Stroheim dans un rôle ambigu lui convenant mal. Ce film n’est en aucun cas un film de propagande pour l'armée américaine, il essaye juste de porter témoignage du courage bien connu des ukrainiens, de parler de la guerre et des limites à ne jamais dépasser . Par ses maladresses puériles, il respire la sincérité.