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Pascal
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4,0
Publiée le 31 mai 2022
Glèb Panfilov est un réalisateur russe de la génération de Tarkovski dont la filmographie est beaucoup moins connue que celle de ce dernier sous nos latitudes.
Pourtant, son talent est de tout premier ordre et même s'il n'atteint pas la perfection de celui de Tarkovki ( sans doute, il est vrai, une plus importante signature du cinéma mondial) son œuvre mérite très largement d'être connue et est tout sauf anecdotique.
Panfilov reçu d'ailleurs un hommage lors de l'édition de 1990 du festival de Cannes. Précisons que son film le plus renommé est " le thème " qui obtiendra l'Ours d'or au festival de Berlin.
"Pas de gué dans le feu" : le titre est tiré d'une réplique prononcée par un des personnages et répétée par un autre à la fin du film.
Elle signifie que lors d'événements extrêmes ( comme celui de la guerre civile en russie, située après la révolution de 1917, période ou se déroule l'action ), il n'y a pas de place pour la nuance. Celui qui n'est pas complètement d'un côté est considéré comme un ennemi et paye le prix fort : sa vie.
Couronné du léopard d'or en 1969 au festival international de Locarno (Suisse), " pas de gué...", premier opus de son réalisateur ( il a à son actif à ce jour une dizaine de longs métrages) frappe par la qualité de sa réalisation, sa magnifique photo en scope noir et blanc, son interprétation ( irina Tchourikova l'actrice principale - actrice voisine dans son style de celui de Giuletta Massina, l'épouse de Fellini- deviendra la muse du realisateur) plus que par le scénario lui-même peu propice en rebondissements.
Le film monte crescendo en intensité, jusqu'aux dernières dix minutes. Il faut alors prêter attention aux uniformes pour comprendre que l'héroïne est tombée entre les mains des russes blancs ( défenseurs du dernier Tsar Nicolas II).
Rappelons que ces derniers luttèrent pieds à pieds plusieurs années durant contre les révolutionnaires arrivés au pouvoir, avant de perdre définitivement la partie.
Panfilov aborde dans cet opus, le thème de l'importance de l' Histoire dans les destins personnels. L'amour, le talent artistique, l'art lui-même ne pèsent pas grand chose face à la tragédie de l'histoire humaine, semble nous dire le réalisateur.
Ajoutons que Panfilov fait partie de ces réalisateurs qui laissent au spectateur sa part d'interprétation à propos du film qu'il montre.
Peut-être veulent ils par là même l'inciter à faire preuve à son tour de créativité et à prendre conscience et confiance envers ses propres capacités?