Agréable surprise que simple mortel. Jolivet a un cinéma à lui, dont je ne suis pas spécialement fan, mais qui l’art de cueillir l’air du temps et de prendre, souvent, avec les années, un charme nostalgique qui ajoute à l’intérêt initial de ses films. C’est exactement le cas ici, avec une plongée fort plaisante au début des années 90, parfaitement saisi dans les décors, l’ambiance, la photographie, les accessoires… Il y a un vrai effort formel pour capter quelque chose de naturaliste dans laquelle, en principe, il glisse un élément perturbateur qui accentue de fait le malaise. Ici, cet élément perturbateur c’est une voix ! Le film ne dit jamais vraiment à qui appartient cette voix, mais on le soupçonne en filigrane ! C’est une excellente idée car on se retrouve avec un film de sf minimaliste, sous-genre assez rare qui, mené avec intelligence, peut donner de petits chefs-d’œuvre ! Ici, en s’appuyant sur son concept, le métrage se déploie sur une durée très raisonnable de 80 mn sans jamais faillir dans l’exploitation de son idée. Plongeant son héros dans une descente aux enfers continuelle, on suit le métrage avec un plaisir certain, notamment parce qu’il sait se montrer méchant, et on appréhende un peu la fin en se disant qu’il ne faut surtout pas qu’il rate sa sortie, et, il ne la rate pas, avec un twist habile ! Le film ose aussi laisser des questions en suspens, et ma foi il fait bien. A trop vouloir expliquer il aurait pu compromettre son intérêt (j’ai craint de voir une soucoupe à un moment !).
Là-dessus il faut souligner la qualité de l’interprétation, en particulier de Philippe Volter. Acteur un peu entre Philippe Caroit et Bernard Giraudeau physiquement, il a un jeu très juste, très convaincant, et moi qui le découvrais ici, je regrette qu’il n’ait pas eu une meilleure carrière car il avait du potentiel. Autour de lui, des seconds rôles de qualité, notamment Roland Giraud qui apparaît à l’occasion d’une scène pas très utile mais qu’il rend très amusante. Nathalie Roussel a une présence discrète mais son rôle apporte beaucoup à la force du film.
Enfin, à souligner une bande son réussie, ce qui s’imposait d’autant que le héros écoute souvent son baladeur et qu’il y a donc souvent de la musique.
Mon point de vue sur Simple mortel c’est que c’est une tentative réussie de sf minimaliste. Une bonne idée de départ, parfaitement tenue sur une durée raisonnable, portée par de bons acteurs et une ambiance prenante, et le résultat est là ! Pour ma part, le seul vrai bémol que je mettrai c’est sur la réalisation de certaines scènes d’action, notamment l’une d’entre elles, décisive, avec Fabien. Le montage est hasardeux, on comprend pas bien ce qui se passe, il y a quelques petits loupés comme ça. Mais ça ne gâche pas l’intérêt global de ce film qui fait plaisir. 4