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stans007
23 abonnés
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3,0
Publiée le 3 avril 2021
Reconstitution soignée à la distribution prestigieuse mais narration bordélique et caricaturale, cynique et libertine, quelquefois drôle, quelquefois lourdingue. Avec Jean-Pierre Marielle, Marina Vlady, Christine Pascal…
C'est avec tristesse que j'écris que "Que la fête commence" est mon film préféré de Bertrand Tavernier qui vient juste de nous quitter. Il nous aura laissé quelques pépites du cinéma français - et même du cinéma tout court -. "Que la fête commence" est une belle reconstitution historique du dix huitième siècle mais surtout un film incroyablement bien scénarisé. La galerie des personnages, du petit roi jusqu'au régent en passant par tous les autres, est une merveille de nuances et d'intelligence d'écriture. Tous ont un sens, un vrai rôle et des lignes de dialogues excellentes. La narration est d'une limpidité exemplaire, jamais on ne se perd dans cette jungle de la cour royale peuplée d'arrivistes, de courtisanes et de prostituées. C'est drôle et tellement féroce sans jamais perdre en réalisme, jamais on ne se dit que Tavernier en fait de trop. Et surtout, il sait donner vie à trois personnages principaux formidables joués par les géniaux Noiret - le régent humaniste mais acceptant le système -, Rochefort - l'abbé athée arriviste et âme damnée du régent - et Marielle - le petit noble breton indépendantiste farfelu et doux rêveur -. "Que la fête commence" est un pur bonheur que j'ai à chaque fois un grand plaisir à voir, un film qui va au bout de ses grandes ambitions, un film impressionnant d'intelligence et de maîtrise comme il en existe peu.
A la mort de Louis XIV, c'est Philippe d'Orléans, son neveu, qui assure la Régence, Louis XV n'étant qu'un enfant. Personnage complexe, Philippe est un décadent débauché amateur de parties fines, mais c'est aussi un homme à bon fond, profondément attaché à certaines personnes, et doté de quelques valeurs morales. Tavernier offre ce rôle nuancé à son acteur fétiche Philippe Noiret, qui apporte à la fois sensibilité et charisme à ce protagoniste touchant. La performance de l'acteur est d'autant plus importante que ce sont bien les comédiens qui sont ici au centre du récit. Pour l'anecdote, Noiret réincarnera Phillipe d'Orléans en 1997, dans "Le Bossu" ! En effet, le scénario tourne autour d'un complot breton de pacotille, fomenté par un noble pathétique (excellent Jean-Pierre Marielle) et monté en épingle par un ministre sournois (délectable Jean Rochefort). Mais les ellipses seront nombreuses, voire curieuses (ceux qui espèrent voir des orgies à l'écran seront déçus, on n'en voit que le début et la fin !). Ce sont donc les interactions savoureuses entre les personnages (dont les dialogues ne sont pas avares en bon mots !) qui donneront leur sens au film. Tavernier adresse ainsi un regard acerbe envers cette époque, en profitant pour évoquer en trame de fond le système de Law et la bulle spéculatrice autour de la Compagnie du Mississippi. Ou les écarts entre la noblesse et la classe paysanne, qui feront échouer la révolte bretonne, et commenceront à distiller un parfum de révolution. A noter que les regards avisés repèreront de succinctes apparitions de quelques jeunes acteurs du Splendid...
Un film historique de 1975 sur les années 1719-1720, semble étonnamment plus réaliste que tout ce qui a pu être fait depuis. Bertrand Tavernier propose ici une mise en scène qui peut déranger le spectateur de 2021, par le côté cru, par le contraste entre les paysans et les nobles, par la débauche des dirigeants du pays. Une floppée de scènes rappellent la dureté des mœurs du début du XVIIIe siècle, malgré les ors des palais. Pisser dans un seau tenu par un laquais. Trouver un rat mort une salle de Versailles. Aller au bordel. Participer à des orgies. Faire appel à des mirebalais pour ces dames. Les décors et les costumes sont sublimes, réalistes. La musique est de Philippe d'Orléans, régent de France, personnage central de cette épopée, rien que ça ! Quelques petits rôles amenés à une belle carrière font de discrètes apparitions (Michel Blanc, Thierry Lhermitte, Christian Clavier) aux côtés d'acteurs renommés (Philippe Noiret, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle) comme un passage de relais entre générations. Les fans d'histoire apprécieront de voir la conspiration de Pontcallec. Les autres auront plus de mal à rester devant l'écran, les standards cinématographiques ayant bien évolué en 46 ans.
Cette plongée dans la cour au temps de la régence est assez savoureuse, le fil conducteur de l’intrigue (le projet de révolte et de scission de nobliaux Bretons), très ténu, relevant quasiment du prétexte. La caméra se promène avec élégance dans cet univers et les dialogues sont riches, mêlant l’humour et le cynisme. Bertrand Tavernier décrit les mœurs de la cour, ses intrigues, ses bassesses, ses dépravations, son nombrilisme et son aveuglement dans son ignorance du peuple. Dans le tableau de cette décadence affleure la fin d’un monde, par l’allégorie symbolique d’une révolution inéluctable. L’entreprise ne manque pas d’intérêt, mais de force et d’envergure.
Au risque de déplaire aux critiques précédentes j'ai trouvé le film confus dans sa narration et manquant totalement de souffle. La réalisation est laborieuse avec Noiret, Rochefort et Marielle qui cabotinent à tout va. La photo est vraiment quelconque. Les plans relevent plus du film amateur quand on pense que le chef d'oeuvre Barry Lyndon à été réalisé à la même époque.
Un film historique avec de belles reconstitutions, une jolie musique, de bons acteurs, mais que j'ai trouvé un peu brouillon dans son montage. La période et les faits rapportés, ceux de la transition entre Louis XIV et Louis XV, sous le règne du Duce D'Orléans, régent , ceux d'une pseudo révolte des bretons voulant instaurer une république, ceux aussi, plus habituels, des luttes et alliances variées entres cousins et neveux royaux d'Angleterre et D'Espagne, sont moins connus et dignes d'intérêt
je suis étonné des notes, j'ai eu beaucoup de mal à me concentrer pour regarder le film, dur à rentrer dedans, de comprendre les personnes, si le film est humoristique ou vraiment historique, drôle de mélange... On a une succession d'événements qui n'ont pas vraiment de rapport, la révolte est peu compréhensible et on ne voit même pas le breton se faire décapiter... Par contre pour le côté reconstitution, des décors, des habits, de la musique là c'est réussi. Il faudrait peut-être que je le regarde une nouvelle fois mais pas plus emballé que ça
Avec Que la fête commence…, Bertrand Tavernier réussit à recréer un début de XVIIIème siècle extrêmement crédible. Le cinéaste évite les clichés et montre une noblesse et un clergé loin de l’image qu’ils auraient dû montrer idéalementspoiler: (on y voit des représentants religieux pratiquer le péché de chair et aller au bordel) . Le cinéaste bénéficie également d’un casting irréprochable (Philippe Noiret, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Marina Vlady, Christine Pascal, Nicole Garcia et dans des tous petits rôles des membres du Splendid comme Michel Blanc, Thierry Lhermitte, Christian Clavier ou Gérard Jugnot) mais le traitement de l’histoire en elle-même n’est guère passionnant et l’ensemble peut paraître un peu long. Ainsi, Que la fête commence… est une œuvre très intéressante d’un point de vue historiquespoiler: (même si on peut être étonné que la dernière séquence paraisse annoncer une Révolution française qui n’aura lieu que 70 ans plus tard !) mais un peu décevante pour un spectateur cherchant avant tout le plaisir cinématographique.
Une reconstitution historique soignée pour ce qui ressemble à une satire mordante du pouvoir au sein de la France du 18e siècle. Voilà un film qui ne rejouira pas les nostalgiques d'antan, la royauté française apparaissant dans ce qu'elle a de pire, ou chacun cherche à assoir ses positions et ses privilèges. Absolument pas soucieux du peuple, c'est un spectacle décadent auquel on assiste, et pas si lointain dans le temps... Malgré la qualité d'écriture, d'interprétation, il manque un souffle, un espoir pour empêcher que l'ensemble ressemble à un jeu de massacre et faire de ce film amoral une vraie réussite
Outre que le récit soit intéressant historiquement, la mise en scène est tout à fait exaltante et l'interprétation de haut vol avec des personnages historiques tout à fait crédibles.
Noiret ne joue pas, il est et sera toujours ce Régent désabusé qui regarde passer avec bienveillance et bonhomie le crépuscule d'un monde. Un Régent tellement supérieur à la vieille noblesse -symbolisée par le pitoyable et gâteux Duc du Maine- qui redressera une France en lambeaux laissée par Louis XIV -qui s'est toujours méfié de ce neveu trop brillant- entre petits soupers libertins et ruine des agioteurs lors de la fantastique expérience du père de la finance moderne John Law. A l'heure des feuilletons écrits au kilomètre on savoure des dialogues brillants et cyniques (tu ne vas pas te mettre à croire en Dieu l'Abbé ? Non, bien sûr, mais quand je serais Pape, qui sait...). Un Rochefort qui en fait des tonnes et campe un Abbé Dubois plus vrai que nature (l’anecdote de l'Abbé sautant sur tous les meubles de la pièces est authentique comme la majorité des détails d'un film historiquement très bien documenté). Un Dubois cynique à l'ambition illimitée mais qui se révélera un très grand serviteur de l'état. Un Marielle flamboyant qui cherche sans espoir à ressusciter un monde qui s'en va : c'est un trio d'acteurs extraordinaire au service d'un des meilleurs films français. N'oublions pas une Christine Pascal qui campe une prostituée-femme fille-confidente (ne serais-ce pas la femme parfaite ?) miroir féminin du Régent. Trois destins à la foi nihilistes (Le régent sait que sa petite protégée ne lui fera pas revenir sa jeunesse, Dubois qu'il restera quoi qu'il fasse un petit abbé et Marielle que son monde a disparu à jamais) mais tellement humains. Seul petit bémol, la scène finale du carrosse où Tavernier le marxiste cherche à justifier une révolution impensable à l'époque qui ne viendra que 70 ans plus tard. Plus que cette vision qui se pose en juge d'une époque on retiendra le destins de trois personnages qui ont fait l'histoire sans s'en rendre compte et passèrent sans illusions mais avec élégance du Grand siècle à celui des Lumières.
Avec ce film Bertrand Tavernier fait un portrait au vitriole de l’aristocratie juste après le règne de Louis 14 et en profite pour égratigner les élites modernes, leurs hypocrisies, mensonges. Il montre le pouvoir comme une fin en soi qui a perdu de vue ce pourquoi il était fait. Il bénéficie pour son film de la participation des trois géants: Noiret, Rochefort et Marielle formidables comme toujours. J’ai aussi apprécié le soin apporté à l’envie de retranscrire l’ambiance de cette cours après un règne interminable où on sent une forme de décadence dans un royaume trop sclérosé. Il faut reconnaître cependant qu’on sent par ci par là quelques manques de moyens de la reconstitution.
Film décevant, mais qui se regarde. Le scénario et le jeu des acteurs manquent de crédibilité. Certes, le tableau est "allègre" et "plein de verve" - c'est ce qui sauve le film ; mais la mise en scène est plate, vieillotte et l'histoire racontée est confuse. Il aurait fallu plus d'audace et une mise en scène des personnages mieux construite. C'est dommage, car ce film avait un atout de taille pour faire un grand film : de très bons acteurs.
Ce qu'il y a de fabuleux avec ce film c'est que Tavernier s'attaque à une période peu connue de l'Histoire de France, entre le décès de Louis XIV et le règle effectif de Louis XV : la régence assurée par le Duc d'Orléans. Et je dois dire que j'ai trouvé ça jubilatoire. En effet, Tavernier, on le sait, adore lorsque ses films historiques fourmillent de détails qui sont vrais et donc il ne se prive pas. Ici on saura tous des mœurs de l'époque. Il ne nous épargne rien des intrigues politiques, mais surtout il réunit trois excellents acteurs : Noiret, Marielle et Rochefort et c'est un régal.
On est donc pris dans un vaste complot afin de mettre le roi d'Espagne sur le trône de France (descendant de Louis XIV, mais ayant renoncé au trône de France à cause de l'odieux traité d'Utrecht), mais qui vise surtout à permettre l’indépendance de la Bretagne. On voit que tous les protagonistes ont quelque chose à gagner, des intérêts contradictoires et qu'ils ne sont pas réellement animés par l'intérêt de la France... tout au mieux par leur intérêt personnel lorsque ce n'est pas pour le seul intérêt de leur bas ventre. Si je ne m'abuse on suggère même des relations sexuelles entre le régent et sa défunte fille. Gai...
Le libertinage, les maisons closes, c'est ça le quotidien que nous dépeint Tavernier de l'époque de la régence. Finalement la révolte de Marielle pour la République de Bretagne ne semble pas si vaine... même si désordonnée, brouillonne et surtout isolée.
Il reste qu'en abondant de détails Tavernier arrive à donner un véritable corps à son film, à ses intrigues politiques et à faire un film à la fois drôle à cause des mœurs des dirigeants, mais aussi annonciateurs de la Révolution Française qui interviendrait pourtant plusieurs décennies plus tard. Le ras le bol du peuple ne sortait pas de nulle part. Ce qui donne d'ailleurs à cette fin à la fois un côté inachevé, pas aussi profondément beau puisque c'est la première (et la dernière fois) que l'on s'attarde sur le peuple et que c'est lui a le dernier mot.
Mine de rien, derrière le film sur les mœurs douteuses de la noblesse, on a quand même un film politique.
Il faut également noter la présence des beaux yeux de Christine Pascal et de la musique composée par le régent lui-même ! Si ce n'est pas fabuleux, si ce n'est pas un soin accordé au détail dont seul Tavernier pouvait faire preuve ?