Ce qu'il y a de fabuleux avec ce film c'est que Tavernier s'attaque à une période peu connue de l'Histoire de France, entre le décès de Louis XIV et le règle effectif de Louis XV : la régence assurée par le Duc d'Orléans. Et je dois dire que j'ai trouvé ça jubilatoire. En effet, Tavernier, on le sait, adore lorsque ses films historiques fourmillent de détails qui sont vrais et donc il ne se prive pas. Ici on saura tous des mœurs de l'époque. Il ne nous épargne rien des intrigues politiques, mais surtout il réunit trois excellents acteurs : Noiret, Marielle et Rochefort et c'est un régal.
On est donc pris dans un vaste complot afin de mettre le roi d'Espagne sur le trône de France (descendant de Louis XIV, mais ayant renoncé au trône de France à cause de l'odieux traité d'Utrecht), mais qui vise surtout à permettre l’indépendance de la Bretagne. On voit que tous les protagonistes ont quelque chose à gagner, des intérêts contradictoires et qu'ils ne sont pas réellement animés par l'intérêt de la France... tout au mieux par leur intérêt personnel lorsque ce n'est pas pour le seul intérêt de leur bas ventre. Si je ne m'abuse on suggère même des relations sexuelles entre le régent et sa défunte fille. Gai...
Le libertinage, les maisons closes, c'est ça le quotidien que nous dépeint Tavernier de l'époque de la régence. Finalement la révolte de Marielle pour la République de Bretagne ne semble pas si vaine... même si désordonnée, brouillonne et surtout isolée.
Il reste qu'en abondant de détails Tavernier arrive à donner un véritable corps à son film, à ses intrigues politiques et à faire un film à la fois drôle à cause des mœurs des dirigeants, mais aussi annonciateurs de la Révolution Française qui interviendrait pourtant plusieurs décennies plus tard. Le ras le bol du peuple ne sortait pas de nulle part. Ce qui donne d'ailleurs à cette fin à la fois un côté inachevé, pas aussi profondément beau puisque c'est la première (et la dernière fois) que l'on s'attarde sur le peuple et que c'est lui a le dernier mot.
Mine de rien, derrière le film sur les mœurs douteuses de la noblesse, on a quand même un film politique.
Il faut également noter la présence des beaux yeux de Christine Pascal et de la musique composée par le régent lui-même ! Si ce n'est pas fabuleux, si ce n'est pas un soin accordé au détail dont seul Tavernier pouvait faire preuve ?
Satire acide de l'hypocrisie courtisane ainsi que des pratiques clientélistes monarchistes, ce drame historique raille de même les prétentions révolutionnaires de nobliaux vantards mais impuissants. Ancrant son intrigue dans un monde de débauches voulues raffinées et de ruses rhétoriques, Tavernier emprunte au vaudeville tout en s'appuyant sur un trio d'acteurs au sommet desquels trône l'impérial Philippe Noiret. Dans une mise en scène qui se distingue toujours par sa mise en beauté des décors naturels, le récit assez rythmé quoique parfois redondant se suit avec plaisir voire rires. Un divertissement au charme suranné.
1719, Louis XV a 5 ans et la régence est assurée par Philippe d’Orléans épaulé par l’abbé Dubois comme ministre. Un petit régent accompagné par un ministre sans envergure ; dans cette transition royale, on sent bien les prémices de 1789. Soupers libertins, marivaudages décomplexés, Eglise autocentrée tenant les cordons de la bourse ; le cocktail explosif est en place, la fin de règne est proche. L’image phare du film est celle d’une poignée de paysan mettant le feu au carrosse du Régent malgré le dédommagement du préjudice qui leur est fait… la coupe est pleine. Tavernier dans son second film met tout son talent de metteur en scène dans des mouvements de caméras amples qu’il maitrise déjà à merveille. Les dialogues sont ciselés, mais Leconte dans « Ridicule » saisira encore plus finement la dégénérescence de cette noblesse. Là, Tavernier parodie, divertie lorgnant presque du côté de la farce et dessert son propos. Par contre il s’appuie sur un trio d’acteur de très haut vol : Noiret / Rochefort / Marielle… même si ce dernier a tendance à renforcer le côté farce du film. 4 Césars… comme « Ridicule »… quel heureux hasard ! mon blog: tout-un-cinema.blogspot.com
Cette plongée dans la cour au temps de la régence est assez savoureuse, le fil conducteur de l’intrigue (le projet de révolte et de scission de nobliaux Bretons), très ténu, relevant quasiment du prétexte. La caméra se promène avec élégance dans cet univers et les dialogues sont riches, mêlant l’humour et le cynisme. Bertrand Tavernier décrit les mœurs de la cour, ses intrigues, ses bassesses, ses dépravations, son nombrilisme et son aveuglement dans son ignorance du peuple. Dans le tableau de cette décadence affleure la fin d’un monde, par l’allégorie symbolique d’une révolution inéluctable. L’entreprise ne manque pas d’intérêt, mais de force et d’envergure.
Outre que le récit soit intéressant historiquement, la mise en scène est tout à fait exaltante et l'interprétation de haut vol avec des personnages historiques tout à fait crédibles.
Deuxième long-métrage de Bertrand Tavernier, Que la fête commence… prend pour cadre la période de la Régence, au XVIIIème siècle, au moment où le duc d’Orléans exerçait le pouvoir en attendant que le jeune Louis XV puisse monter sur le trône. Porté par un trio d’acteurs génial (Philippe Noiret, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle) et de nombreux seconds rôles délicieux, ce film ambitieux et épris de liberté dans son ton et son écriture raconte les coulisses peu reluisantes d’un pouvoir décadent et pourri de l’intérieur, rappelant malicieusement que la Révolution française allait avoir lieu quelques 70 ans plus tard. En s’attardant sur les multiples intrigues et les mœurs légères du régent et de son cynique conseiller politique l’abbé Dubois, cette chronique acerbe et jouissive s’en prend autant à la noblesse qu’au clergé français. Enthousiasmant.
A première vue, cette fête ne me disais rien qui vaille, quel erreur de jugement de ma part ! Ce n'est plus une comédie mais une énorme farce, acerbe et cruel mais foutrement drôle et comprenant une bonne dose d'absurdité. J'éprouve toujours la même fascination pour le texte, ici un poil plus comique que dans les autres films que j'ai pu voir de Tavernier, il excelle à nouveau. Les comédiens sont aux diapasons, Jean Rochefort est étincelant, chacune de ces répliques - et de ces mimiques - m'a littéralement fait me tordre de rire. Les scènes cultes sont pléthores, elles se comptent à la pelle, un régal.
Quel doux plaisir de retrouver ce trio truculent de verve, de bons mots et d'une délicieuse désinvolture. C'est à ce genre de comédie réjouissante qu'on se surprend à penser : qui dans la jeune génération sera capable de porter le flambeau allumé par Rochefort, Marielle et Noiret. La gent féminine n'est pas en reste dans cette comédie licencieuse et nous charme de ses représentantes joliment déshabillées. B Tavernier nous rappelle l'histoire de France avec un h minuscule mais avec une maestria exquise !
Bertrant Tarvernier a su encore une fois allier le tragique et le comique, dans ce film réunissant une pléiade d'acteurs parfaitement à l'aise dans leur rôle. Pendant tout le long du film, on vacille entre le malsain et le fascinant, qui finit par créer cette Ambiance si surréaliste propre au travail du réalisateur.
Le réalisateur soigne particulièrement ses dialogues et met en scène des personnages machiavéliques et réalistes à l'image de ceux joués par Jean Rochefort et Philippe Noiret. "Que la fête commence" traite d'évènements rarement mis en valeur au cinéma, qui permettent d'aborder des sujets intérressants comme le pouvoir, la manipulation ou encore la trahison. Tavernier se permet même de filmer la sexualité de façon très libre en nous proposant des scènes d'orgie et d'amour très esthétiques. Loin des films maniquéens comme peuvent l'être "L'homme au masque de fer" ou d'autres, "Que la fête commence" s'inscrit plutot dans la branche des films historiques pensés intelligement a la manière d'un "Barry Lyndon". Je conseille ce film a tout ceux qui aiment voir des réalisations travaillées dans lesquelles les personnages ont une psychologie complexe et réfléchie.
Cette œuvre de qualité relatant des faits historiques assez méconnus laisse le spectateur un peu perdu dans sa lourdeur. Les acteurs, la musique, les dialogues nous transportent néanmoins.
Oui Que la fête commence, est un film qui respecte bien la 'réalité historique', et il est bourré de références et d’anecdotes exactes. Le casting aussi rend l'histoire prenante, Jean-pierre Marielle et Jean Rochefort au mieux de leurs formes ! Traité avec pas mal d'humour et sans politiquement correcte, je ne peux qu'adorer !
Revu récemment, ce film que je gardais en mémoire comme un des chefs d’œuvre d’un grand réalisateur m’est apparu comme une farce d’un goût discutable en découvrant DSK sous le masque du Régent et Dodo la Saumure sous celui du Cardinal Dubois. Quel coup de vieux a pris la posture de l’époque ! De la libération sexuelle à la révolte bretonne, il ne reste des années 70, vues avec les lunettes d’aujourd’hui, qu’un libertinage lourdingue et un Marquis de Pontcallec pitoyable dont la complainte chantée par Gilles Servat est vidée de son émotion. Quant à ces pathétiques courtisanes en petite tenue, ne feraient-elles pas mieux d’aller se rhabiller et de balancer leur porc au lieu ramper sous la table au moment du dessert ? La magie a disparu et il ne nous reste que ce film d’un autre temps qui pourrait aussi bien s’appeler « que la partouze commence ! » Il reste à voir ou revoir pour comprendre (un peu) combien le vent a tourné en une quarantaine d’années.