Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Pascal
163 abonnés
1 694 critiques
Suivre son activité
3,5
Publiée le 14 mai 2023
Opus à part ( célibataire ?) au sein de la filmographie de N.Oshima, figure tutélaire de la nouvelle vague japonaise. Tiré d'un fait divers qui eut un fort retentissement médiatique dans les années 60 au sein de l'archipel.
Un père et sa concubine utilisent leur enfant de dix ans pour faire croire à un accident de la circulation et escroquer des automobilistes.
Portrait d'un enfant maltraité psychologiquement, placé sous la coupe d'un pater familia déficient ( il fut mobilisé et blessé lors du conflit mondial).
Oshima montre ici, une nouvelle fois, l'étendue de sa capacité créatrice, dans un film sur l'enfance qui ne recherche jamais le pathos facile.
On relèvera que lors du casting, l'enfant qui vivait en foyer, ne souhaitait pas participer au film. C'est sur son tempérament rebelle qu'il fût choisi par le metteur en scène.
La petite histoire raconte que même après la fin du tournage, l'enfant acteur préféra retourner en foyer plutôt qu'être adopté par un membre de l'équipe, témoignage de sa force de caractère, à la ville.
Si le film a ses aficionados parmi certains cinéphiles, c'est pourtant un opus du realisateur malheureusement peu vu.
Selon moi, si ce n'est pas le film emblématique sur l'enfance que je préfère ( " l'enfance nue" de Pialat et " je suis heureux que ma mère soie vivante" de Claude Miller, lui sont à mes yeux supérieurs), les amateurs du cinéma du patrimoine ne le laisseront pas passer sans le voir.
Un très beau film sur l'enfance et sur l'errance, qui nous fait parcourir le japon jusqu'au point le plus septentrional du Japon, au nord d'Hokaïdo. Inspiré d'un sombre fait divers, ce film lent est plein de poésie. Les images passent du noir et blanc au sépia, du sépia à la couleur, puis retour au noir et blanc, imperceptiblement, faisant écho à la tonalité des sentiments du jeune héros. Un très beau film qui se termine dans la neige.
Le pauvre gamin forcé de suivre ses parents irresponsables dans leurs arnaques à l'accident (et l'assurance) à travers tout le Japon est touchant et s'il a beau n'avoir que 10 ans, il sent bien que ses vieux font n'importe quoi.
Le souci (immense) ici est la répétition répétitive de cet état de faits comme si Oshima prenait son audience pour des imbéciles finis : pendant 1h27 c'est toujours la même chose, une sorte de "vis ma vie de d'arnaqueurs à la petite semaine" avec le père despotique complètement à la masse qui n'hésite pas à filer des tartes à sa bonne femme dès qu'elle ne file pas (ou plus) droit.
Puis dans les 10 dernières minutes, ce qui devait arriver arriva mais sans aucune surprise, sans aucun drame alors qu'on aurait pu s'attendre au pire, éventuellement. Le film se sert de filtres monochromes par intermittence pour exprimer le point de vue de l'enfant, une façon de faire maladroite, que ne contredit pas un style globalement plus proche du documentaire amateur que du film véritable.
Assurément déconcertant et surtout très ennuyeux malgré ses bonnes intentions, Le petit garçon est une oeuvre des plus consternantes voire carrément assomnante si l'avance rapide -notre planche de salut- n'était point là pour nous sauver la mise.
Un enfant élevé par des parents aux méthodes d’éducation pitoyables, est livré à lui-même, autant physiquement, dans ses déplacements en solitaire dans la ville, ou psychologiquement, inventant un monde parallèle dans son esprit. Oshima filme l’errance, les silences, les pensées intérieures de l’enfant et sa détresse qu’il va tenter d’exorciser lors de cette bouleversante scène du bonhomme de neige où il parvient à visualiser furtivement son confident qui à force d’être silencieux et muet va également le décevoir et entrainer sa destruction.
Le plus direct et pas le moins dérangeant des films d'Oshima de la fin des années 60. S'inspirant de faits réels (un enfant de dix ans simule de faux accidents de voiture), le cinéaste réalise une oeuvre sèche et brutale qui renvoie la société japonaise à ses propres dérives.
Le fait que la réalité dépasse la fiction est un lieu commun, et pourtant.... Que dire de cette incroyable histoire? Sûrement pas le meilleur film d'Oshima, Le Petit garçon séduit néanmoins par son avant-gardisme, le film n'a pas pris une ride, et par la façon qu'il a de rendre les états d'âmes de son jeune acteur avec un minimum d'expressions et de dialogues, tout en livrant au passage, à travers quelques scènes, ou parfois juste une attitude, le malaise d'une société qui se cherche. On pardonnera du coup le manque de nuance de l'ensemble.
(...) Cette famille dysfonctionnelle symbolise pour moi, ce Japon des 60’s victime de son Histoire; Un Japon en état de vulnérabilité économique, sociale, politique et morale… Un Japon post-occupation américaine, qui se retrouve sujet à la percée du capitalisme occidental, contaminant les valeurs les plus traditionnelles et bousculant les comportements sociaux les plus évidents. Prostitution, corruption, drogues… Ces déviances jusque là culturellement confinées connaissent une percée marquante durant cette période… Une source d’argent bien-entendu illégale, mais également quasi-illimitée. Le proxénétisme déguisé du Petit Garçon en est pour moi une métaphore. D’un autre coté, la mentalité japonaise visant toujours au dépassement de soi rentre en conflit avec cette humilité forcée causée par la Capitulation. En découle une certaine difficulté, en tant qu’individu, à trouver sa place dans la société. C’est un peu tout cela que matérialise cette famille; la jeunesse, qui doit se construire sans repères véritable; l’homme, symbole d’un pays humilié par les « blessures de guerre »et s’en servant comme justification à un capitalisme déviant; la mère symbole d’une nation très moderne (son style), mais attachée à ses dogmes et coutumes (sa confiance inconsidérée envers le « chef de famille ») (...
critique par GEORGESLECHAMEAU - l'intégralité, sur Le Blog du Cinéma
C’est en 1969 que sort « Le Petit Garçon », le nouveau film du père de la nouvelle vague Japonaise Nagissa Oshima. Et pourtant on peine à croire que ce film ait presque cinquante ans.
Connu pour ces nombreux films esthétiquement prodigieux et souvent très érotiques, le réalisateur adopte ici les mêmes thèmes qu’il avait utilisé dans « Contes Cruels de la Jeunesse », mais les décuple autant qu’il les renouvelle. S’éloignant plus ou moins de la poésie dont il a souvent fait preuve pour concentrer un récit froid sur l’enfance et la vie de famille dans le milieu du crime. Car comme le titre l’illustre si bien, le protagoniste n’est qu’un petit garçon embarqué par ses parents dans un destin funeste. Il ne va pas à l’école, est habitué aux arnaques de ses géniteurs. Il est triste, personne ne lui donne d’amour, tout le monde le rejette. Le film est froid de part le fait qu’il n’y a aucun amour, toutes les relations sont purement et simplement platoniques. À l’inverse, Oshima sublime la naïveté du gosse en la soulignant avec un trait onirique et vivant, entre le pur drame et un portrait magnifique de la solitude de chaque personnage. Ici, ils sont tous repliés sur eux même, sans attache, sans personne, seul dans l’hiver. Là « Le Petit Garçon » prend toute sa froideur et captive en filmant ces âmes en peine, reflétées par les regrets et le désire, le temps qui passe.
En filmant la froideur, la torture psychologique avec une lenteur forcée, Oshima aboutit à une nébuleuse pleine de couleur mais pas pour autant pétillante. Un film intense emmené par l’envole de la naïveté.
D’après un fait divers réel, Oshima relève les imperfections de son pays en imaginant la légende d’un petit garçon à l’enfance interdite. Mais il le fait cette fois avec une mise en scène plus narrative, délaissant la vision expérimentale de ses précédents films. Ce qui permet d’aborder la filmographie du cinéaste japonais de manière plus aisée, autour de thèmes récurrents (l’intrusion, la délinquance) qu’il aborde moins par le commentaire que la mise en perspective d’une société à une époque donnée. Il y est alors question d’enfermement et d’une voie quasi sans issue pour tout un peuple confiné, replié sur lui-même. Les acteurs sont excellents et en particulier le petit garçon Tetsuo Abe… Pour en savoir plus