Du grand spectacle. Kevin Reynolds réalise avec brio cette énième adaptation de l'histoire de Robin des Bois, choisissant de concentrer son récit sur les origines fondatrices du mythe, pendant la captivité de Richard Coeur de Lion au retour de la 3e Croisade. Dans la peau du héros de la forêt de Sherwood, Kevin Costner trouvait là l'un de ses plus grands rôles, puissamment épique et lyrique. Porté par un acteur au meilleur de sa forme, le film vaut aussi pour la qualité de jeu d'une pléiade d'autres interprètes talentueux et pour les portraits soignés qu'il brosse, tant des amis, fidèles, loyaux, que des ennemis les plus méprisables et sanguinaires, en tête desquels l'ambitieux shérif du comté de Nottingham. Archétype de la brute sadique animée d'une haine farouche, il ne rêve que du trône et d' "arracher le coeur avec une petite cuillère" à Robin de Luxley, depuis que ce dernier lui a balafré la joue pour avoir assassiné son père et l'avoir dépossédé de ses terres. Le cheveu corbeau et l'oeil noir, Alan Rickman, habitué aux rôles de "méchants" est ici machiavélique à souhait. Terroriste, on se souvient qu'il donnait du fil à retordre à Bruce Willis dans "Piège de cristal". Drapé dans une cape noire, il fut aussi le professeur Severus Rogue dans la saga Harry Potter. Transi d'amour pour la belle Marianne, le shérif vit une relation ambiguë avec Mortianna, une vieille sorcière hideuse au regard vitreux. On apprendra pourquoi... Parmi les autres personnages emblématiques de cette épopée médiévale, Marianne, donc. Sous les traits de Mary Elizabeth Mastrantonio (vue dans "Abyss"), la cousine du roi d'Angleterre est une femme forte, indépendante et courageuse, qui ne s'en laisse pas compter. Il y a aussi Gilles l'Ecarlate, interprété par Christian Slater. Découvert à 17 ans dans "Le Nom de la Rose", le comédien américain a raté le tournant des années 2000, sur le déclin après "Entretien avec un vampire" et "Broken arrow". Compagnon énigmatique de Robin des Bois dans le film, on le sent vindicatif et perturbé par un lourd secret. Morgan Freeman dégage une noble prestance dans le rôle d'Azeem, le maure sauvé des geôles de Jérusalem par Robin. A travers son personnage passe le message fraternel qu'au-delà de la couleur de peau ou de la religion, c'est le courage qui fait la valeur d'un homme. Et puis il y a encore Guy de Ghisborne, Duncan, Petit Jean, Frère Tuck la "barrique" et, bien sûr, Richard Coeur de Lion... dont le fier destrier apparaît à la toute fin, portant sur son dos un Sean Connery en majesté. On connaît l'histoire de ce héros au grand coeur, qui a fédéré et soudé à la vie à la mort une bande de hors-la-loi désorganisés, leur apprenant le courage de se battre, redistribuant le pain et les richesses aux plus démunis. Bien qu'elle ait été tournée il y a plus de 20 ans, cette version de 1991 reste parfaitement moderne dans sa réalisation. Du rythme, de l'action, de l'amour, de belles scènes de bataille, des paysages de forêt magnifiques... et puis ces fameuses flêches qui vrillent en gros plan et atteignent leur but. Tout concourt à faire de "Robin des bois, prince des voleurs" un spectacle d'une grande qualité esthétique. On ne s'ennuie pas une minute. Et tout se termine en chanson, par le très romantique "I do it for you" de Brian Adams.