En 1969, "Bullitt" fit son apparition sur les écrans et le regretté Yates de se faire un nom à Hollywood, et ce grâce au producteur McQeen qui l'imposa à la mise en scène. Peter avait été premier assistant réalisateur sur "Les canons de Navarone" de Jack Lee Thompson, mais c'est véritablement avec son quatrième long-métrage ("Bullitt") que les règles du film policier changeaient.
En effet, Peter Yates a pris soin de tourner toutes les prises en extérieur pour améliorer le rendu de l'affaire policière qui se fait bien ressentir au travers des effets visuels, du montage et du rendu esthétique des décors naturels.
Changement aussi pour le rôle que tient McQueen, un commissaire aux méthodes brutales et violentes. Pour se faire, Steve s'est inspiré d'un inspecteur chargé d'élucider l'affaire du Zodiac. Et le résultat, reste, bien entendu, est au-delà de nos espérances. Bingo !
Sur une trame classique aujourd'hui, en celà "Bullitt" était pionnier. Pionnier aussi sur une course-poursuite de légende avec des astuces de réalisation et de nouveaux plans (dans le rétroviseur, à l'intérieur de la voiture). De ce fait, l'action est bigrement ressenti grâçe à plusieurs caméras virtuoses qui arrivent à nous plonger dans cette course qui dure plus de 10 minutes. Très beau boulot !, Peter. Surtout que l'on sait que tu as mis environ trois semaines pour boucler cette séquence. Tous mes chapeaux !!, Monsieur.
Sur un scénario donc bien écrit et aujourd'hui devenu classique (un commissaire de police est chargé de protéger un témoin -gangster- pour un procès impliquant son supérieur politique. Le témoin est vite éliminé mais le commissaire s'aperçoit vite qu'il n'est pas le bon.), la musique de Lalo Shifrin (qui a déjà composé les partitions de "Luke la main froide" et "Mission impossible" notamment) est un must et se déguste avec bonne humeur puisqu'elle est non seulement entraînante mais aussi langoureusement délectable. Revigorante aussi, car elle permet, dès le générique d'introduction de nous mettre dans le bain. Brillantissime, Lalo. Je me permets de rajouter que durant la mythique course-poursuite, les bruits de moteur de la Ford Mustang et de la Dodge font partie intégralement de la bande-son de Lalo. Un pur coup de génie !!!
Du côté du casting, il y a bien sûr l'inébranlable, le seul, l'unique, Steve McQueen qui s'en donne à coeur joie dans un rôle qui lui va comme un gant. Une classe et un charisme indestructible qui résiste encore et toujours au temps. Merci Steve !! Le seul acteur qui arrive à lui faire un peu d'ombre, c'est Norman Fell (on l'a vu dans "A bout portant" de Don Siegel, "Le lauréat" et "747 en péril" (avec Charlton Heston) notamment), bien dans ses chaussures. Avec aussi les très bons Don Gordon ("Papillon", toujours avec McQueen), Robert Vaughn (il s'agit ici de sa deuxième collaboration avec Steve, la première était "Les 7 mercenaires", et la troisième, "La tour infernale"), et la féminine Jacqueline Bisset qui se glisse aux côtés du commissaire Steve avec panache et subtilité.
Pour revenir sur l'action, Peter Yates enclenche le processus courses-poursuites sans temps mort, se glisse dans la peau de l'inspecteur et nous livre, dans une séquence finale (rappelant cruellement "Heat" pour l'affrontation sur l'aéroport) explosive à souhait, un "Bullitt" bien cru qui se savoure toujours aussi bien (c'est la première fois que je le regardais) grâce au savoir-faire de grands maîtres en la matière, à savoir McQueen, Shifrin et Yates.
Explosif (dans tous les sens du terme) !!!, et à ne pas mettre dans toutes les mains.
PS : il est bon de retrouver, durant un court instant, Robert Duvall en chauffeur de taxi. Merci Peter !
Spectateurs, lâchez votre pédale de frein !