Une intrigue assez classique au départ mais assez surprenante sur la fin, un Steve McQueen qui montre pourquoi il est l'un des plus grands acteurs des années 60/70, et la réalisation efficace de Peter Yates qui filme San Francisco comme personne.
Mais s'il n'y avait que ça, le film serait un policier efficace, sans pour autant être culte.
Et pourtant, il l'est.
Bullitt fait partie de ces films dont une seule séquence, en plus de la qualité du film en elle-même, suffit à les rendre mythiques et inoubliables.
On se souviendra par exemple de Cary Grant poursuivi par un avion dans La Mort aux Trousses, de la fusillade de la gare dans Les Incorruptibles, du duel final dans Le Bon, la Brute et le Truand, et j'en passe...
Ici, ce qui transcende le film et lui fait atteindre le rang de classique culte du genre, c'est une course poursuite.
Une poursuite longue, âpre, dans les rues de San Francisco qui se prêtent à merveille à ce genre de cascades, seulement rythmée par le ronflement des moteurs et le crissement des pneus, sans dialogue ni musique (et si la musique de Lalo Schifrin, inoubliable compositeur du thème de Mission : Impossible est ici excellente et souligne bien l'action, son absence durant cette magnifique séquence la renforce encore dans sa puissance et son impact sur les mémoires), et qui se termine aussi brutalement qu'elle démarre.
Il y a un dernier point qui rend cette séquence superbe, et il ne risque pas de surprendre les cinéphiles amateurs de la période et de Steve McQueen.
C'est tout simplement le fait que McQueen a tourné cette scène sans doublure, en grand amateur de mécanique qu'il était (passion qui le conduira à s'impliquer sur Le Mans en 1971, et qui lui a fait convaincre Peter Sturges, en 1963, de lui confier le rôle du soldat allemand qui pourchasse son propre personnage de Hilts dans la poursuite culte à moto de La Grande Evasion).
Tout cela suffit à faire de cette séquence le point d'orgue d'un spectacle bien mené, l'élément qui lui donne ses lettres de noblesse et l'élève à son rang reconnu (et surtout mérité) de film culte et de classique du policier.
Il y a aussi toute la tension du passage à l'aéroport, le plan final où Bullitt se met face à lui-même, comme il le fait déjà plus tôt dans le film sous l'impulsion de sa fiancée...
Rien de comparable à cette folle course poursuite, mais des moments forts qui contribuent encore à la qualité du film.
A noter également un petit rôle de Robert Duvall, avant qu'il ne devienne 4 ans plus tard le consigliere Tom Hagen de la famille Corleone dans Le Parrain.
Bref, un grand classique du policier, à ranger aux côtés du Faucon Maltais, L'Homme qui en Savait Trop, L'Année du Dragon, et bien d'autres.