Magnifique! Dès le sublime générique le ton est donné, «Le Duel Silencieux» sera beau, triste, et incroyablement maîtrisé... et c'est ce que la séquence de début confirmera avec éclat : nous avons affaire à un cinéaste en pleine ascension, encore maladroit ça et là, mais déjà en pleine possession de ses moyens. Si les personnages ne sont pas encore pleinement aboutis (c'est bien sûr relatif), si le ton est parfois légèrement bancal, oscillant entre réalisme et mélodrame, l'ensemble demeure d'une qualité admirable. La mise en scène de Kurosawa est tout d'abord, et une fois de plus, virtuose. On ne compte plus les cadrages inspirés, la gestion des corps est là encore impressionnante, le montage est impeccable, les idées de mise en scène foisonnent... D'autant plus que photographie est très belle, le japonais en profitant pour utiliser à merveille le noir et blanc ainsi que la profondeur de champ. Bref, d'un point de vue esthétique «Le Duel Silencieux» est tout à fait digne d'éloges! Quant à l'interprétation elle est (mais c'est une constante avec Akira Kurosawa) excellente. De l'inévitable Toshiro Mifune en passant par Takashi Shimura et toute une galerie de seconds rôles (des habitués des films du cinéaste), tous sont remarquables. Mais n'oublions pas le principal (ou presque) : le scénario! Cette fois-ci Kurosawa se penche sur le métier de médecin et tout ce que cela implique, que ce soit sur un plan personnel, familial, professionnel,... et surtout moral! C'est en effet la valeur centrale du film, celle au nom de laquelle le héros (peut-être un brin trop classique) incarné par Mifune entend conduire sa vie et devra renoncer à tout, ainsi qu'à lui-même. Si «Le Duel Silencieux» ne peut évidemment prétendre à être considéré comme un chef-d'oeuvre (ça n'était de toute façon certainement pas l'objectif de Kurosawa, qui réalise là un long métrage simple et dépouillé), malgré sa rareté je ne peux que vous inviter à le découvrir. Un film « mineur » de la sorte, j'en redemande! [3/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/