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Kurosawa
581 abonnés
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4,0
Publiée le 4 septembre 2014
Avec "Le Duel silencieux", Kurosawa signe un film aux questions complexes et passionnantes. La frustration d'un désir inassouvi, le don de soi ou encore la façon de contenir sa souffrance sont discutés à travers un remarquable travail sur les ellipses, des plans-séquences parfaitement maîtrisés et une interprétation générale de haute volée (Mifune et Shimura une fois de plus parfaits). Ces procédés servent à merveille l’ambiguïté du propos qui ne cesse pourtant d'évoluer. Car si le film dit peut de choses dans un premier temps, il finit par se diriger lentement vers une forme plus explicite. Quelques longueurs pour un ensemble qui reste fort et pour le moins intelligent.
Sorti la même année que "Chien enragé", ce Kurosawa trop méconnu est pourtant un drame comme seuls les plus grand peuvent le réaliser. Kyoji, jeune médecin, attrape accidentellement la syphilis alors qu'il se coupe le doigt quand il opère un patient atteint de la maladie. Vivant alors avec cette affliction qu'il cache à ses proches, Kyoji ne sait que faire, tiraillé par le désir d'être avec celle qu'il aime mais qu'il ne peut avoir car son corps a été souillé alors qu'il est encore pur. Superbe paradoxe qu'utilise très bien Kurosawa pour aller jusqu'au bout de cette histoire aussi dramatique qu'intense. Les situations s'enchaînent mais jamais il ne tombe dans la mièvrerie. Il faut dire qu'il a avec lui un allié de force : Toshirô Mifune dont les tourments plus vrais que nature apportent une véritable sensibilité à l'ensemble.
Alors que l'on retrouvera régulièrement et sous différentes formes la guerre dans le cinéma de Kurosawa, Le Duel Silencieux évoque un médecin qui, en soignant un soldat blessé par balle, va contracter la maladie de la syphilis.
Kurosawa signe là un film assez puissant, complexe et intrigant, où il est question de la maladie mais surtout de la souffrance, celle que l'on garde pour soit et qui change une vie. Une certaine ambiguïté plane tout le long du récit, permettant à l'oeuvre de rester prenante de bout en bout, tandis que le cinéaste japonais démontre à nouveau un véritable savoir-faire derrière la caméra, sachant capter avec grand brio l'essence, les dilemmes et l'émotion du protagoniste.
Comme souvent Kurosawa fait preuve d'un réel humanisme, évoquant ici les mœurs d'une époque et société ainsi qu'une certaine vision de la pureté et son importance, et ce avec intelligence et finesse. Il retranscrit à merveille le principal dilemme du protagoniste, à savoir vivre heureux avec la femme qu'il aime alors que son corps est souillé. On se prend d'affection pour ce personnage tandis que la construction du récit est remarquable, tout comme la montée en puissance parfaite jusqu'à une dernière partie tout en émotion.
Dramatique et intense Le Duel silencieux ne tombe jamais dans l'excès ou la mièvrerie et se révèle beau et triste à la fois, tandis que les légères maladresses dont fait encore preuve Kurosawa ne sont jamais préjudiciables à l'immersion au plus près du protagoniste. La photographie en noir et blanc est vraiment belle, tout comme de nombreux plans du cinéaste japonais rendant plusieurs séquences réellement mémorables. Devant la caméra, Toshirô Mifune est immense, sachant rendre ses tourments vrais et émotionnellement forts, tandis qu'il apporte une véritable sensibilité à l'ensemble.
Akira Kurosawa signe avec Le Duel Silencieux une oeuvre puissante et complexe, où il est question d'un duel face à soi-même qu'il évoque avec intelligence, émotion, humanisme et sensibilité, tout en étant portée par un immense Toshirô Mifune.
Sensible à l’humanisme, Akira Kurosawa fait souvent appel aux codes du mélodrame pour traduire la mélancolie des situations et la difficulté des rapports sociaux. «Shizukanaru Ketto» (Japon, 1949) concentre son intrigue dans un hôpital, lieu-témoin au carrefour des maux humains chez Kurosawa, et y invente un drame, celui d’un médecin condamné à refuser son amour depuis qu’il a été contaminé par la syphilis après avoir opéré, à sang ouvert, un blessé de guerre. Cette inextricable situation met en place un drame, au sens le plus noble du terme. Le drame, Kurosawa le sait bien pour l’avoir traité sous différents niveaux de justesse, est ce qui est imposé à un personnage ou à un groupe sans que celui-ci ne puisse s’en extraire indemne. «Shizukanaru Ketto» est, de ce fait, un drame dans ce qu’il a de plus tragique, dans sa souffrance intérieur, dans son expression tacite. A croire que Kurosawa a brillé dans le mélo avant que Sirk n’en devienne l’illustre représentant. La modestie narrative déplace la puissance émotionnelle du film dans la représentation esthétique. Comme très souvent chez Kurosawa, le cadre fait l’objet d’une attention rigoureuse, ainsi que les lumières et leur inflexion sur les visages et la gestualité des corps. Un visage qui s’enfouit dans des mains pour dissimuler la tristesse prend une allure plus grave encore, et moins pathétique, quand ce geste se fait dans une ombre où luisent modestement de petites lueurs. Cette modicité du récit au profit d’une profondeur esthétique (profonde mais jamais grandiose, continuellement intime) sert une conception rentrée de l’émotion. Kurosawa n’est pas expressionniste. A l’inverse de certains de ces contemporains, Kon Ichikawa notamment, Kurosawa retrousse les sentiments à l’intérieur, ne les expose pas dans une présent ation expressionniste, au sens large. La corrélation des jeux d’acteur et des lumières nébuleuses produisent un film aux affres aussi profondes qu’elles s’expriment subtilement.
Vu en remplacement d'un autre film. Mélodrame sur comment différents personnages, centrés autour du médecin joué par Toshiro Mifune affrontent leurs destins et tentent de trouver un accomplissement à leurs vies. Un peu surrané peut être, mais peut être aussi vu comme une métaphore du Japon de l'après guerre. Un film positif sur l'espoir et la capacité de l'être humain à faire face aux difficultés.
Magnifique! Dès le sublime générique le ton est donné, «Le Duel Silencieux» sera beau, triste, et incroyablement maîtrisé... et c'est ce que la séquence de début confirmera avec éclat : nous avons affaire à un cinéaste en pleine ascension, encore maladroit ça et là, mais déjà en pleine possession de ses moyens. Si les personnages ne sont pas encore pleinement aboutis (c'est bien sûr relatif), si le ton est parfois légèrement bancal, oscillant entre réalisme et mélodrame, l'ensemble demeure d'une qualité admirable. La mise en scène de Kurosawa est tout d'abord, et une fois de plus, virtuose. On ne compte plus les cadrages inspirés, la gestion des corps est là encore impressionnante, le montage est impeccable, les idées de mise en scène foisonnent... D'autant plus que photographie est très belle, le japonais en profitant pour utiliser à merveille le noir et blanc ainsi que la profondeur de champ. Bref, d'un point de vue esthétique «Le Duel Silencieux» est tout à fait digne d'éloges! Quant à l'interprétation elle est (mais c'est une constante avec Akira Kurosawa) excellente. De l'inévitable Toshiro Mifune en passant par Takashi Shimura et toute une galerie de seconds rôles (des habitués des films du cinéaste), tous sont remarquables. Mais n'oublions pas le principal (ou presque) : le scénario! Cette fois-ci Kurosawa se penche sur le métier de médecin et tout ce que cela implique, que ce soit sur un plan personnel, familial, professionnel,... et surtout moral! C'est en effet la valeur centrale du film, celle au nom de laquelle le héros (peut-être un brin trop classique) incarné par Mifune entend conduire sa vie et devra renoncer à tout, ainsi qu'à lui-même. Si «Le Duel Silencieux» ne peut évidemment prétendre à être considéré comme un chef-d'oeuvre (ça n'était de toute façon certainement pas l'objectif de Kurosawa, qui réalise là un long métrage simple et dépouillé), malgré sa rareté je ne peux que vous inviter à le découvrir. Un film « mineur » de la sorte, j'en redemande! [3/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/