"New Jack City", tout à la fois premier film et acmé de la carrière de réalisateur de Mario Van Peebles peut être considéré comme l'aboutissement qualitatif de la blaxploitation, mouvement cinématographique très actif dans les années 1970 à 1980, destiné à revaloriser l'image des noirs américains grâce à des films de genre produits, réalisés et interprétés par des noirs. Il est à ce sujet intéressant et curieux de noter que le premier film recensé de la blaxploitation est "Sweet Sweetback's Baadasssss Song" réalisé en 1971 par Melvin Van Peebles, le père de Mario Van Peebles. Le scénario écrit par Thomas Lee Wright et Michael Cooper plonge le spectateur en plein New York en 1986 quand le crack (forme de base libre de la cocaïne provenant du Pérou et du Venezuela, tirant son nom du craquement se produisant quand les cristaux blancs sont chauffés pour la consommation. Ses effets sont plus rapides et plus violents que ceux de la cocaïne), envahit la ville pour dévaster en très peu de temps la communauté des ghettos noirs. Le parcours de Nino Brown (Wesley Snipes) inspiré de celui de Tony Montana (Al Pacino) fait de "New Jack City" une sorte de "Scarface" où le disco hypnotique de Giorgio Moroder aurait été remplacé par la fusion incendiaire qui est alors à l'œuvre entre Rap, Hip-hop et RnB. Le résultat est spectaculaire et contribuera grandement au succès commercial du film ainsi qu'au statut culte qu'il a acquis depuis. Rarement en effet, image et musique auront autant été en symbiose, s'électrisant au contact l'une de l'autre. Certaines scènes d'action sont carrément des chorégraphies pour les Ice T, Chris Rock et Wesley Snipes qui s'en donnent à cœur joie sans jamais oublier la crédibilité de leurs personnages. Pour autant, s'il constitue une véritable innovation dans le genre très codifié du film de gangsters, poussant encore un peu plus loin l'outrance kitsch qui caractérisait le "Scarface" de Brian de Palma sorti sept ans plus tôt, le film en respecte tous les codes. La montée fulgurante du caïd local grâce à une offre nouvelle, l'ivresse des sommets, la démesure comportementale suivi de l'inévitable paranoïa qui petit à petit fissure le groupe, la sanglante guerre des gangs pour la reconquête du territoire, l'infiltration du gang par les "stups", la trahison par le meilleur ami suivi de son exécution et enfin la perte totale de contrôle des évènements sont exposés et rythmés comme il se doit. Tony Brown interprété par un Wesley Snipes en apesanteur n'échappe pas au destin funeste outre celui déjà évoqué de Tony Montana, des Caesar Enrico Bandello (Edward G. Robinson dans "Little Caesar" de Mervin Leroy en 1931), Antonio "Tony" Camonte (Paul Muni dans "Scarface" d'Howard Hawks en 1932) et Arthur "Cody" Jarett (James Cagney dans "L'enfer est à lui" de Raoul Walsh) , rejoignant avec fracas la liste des plus célèbres gangsters psychopathes d'Hollywood. Un film très représentatif d'une époque tirant toute son originalité de la forme qu'à su lui imprimer Mario Van Peebles. En somme, un must de son genre.