Une comédie vraiment très plaisante, menée par la regrettée, et trop rare, Judy Holliday, parfaite dans un rôle de jolie idiote pas si bête.
La première partie du film est presque brillante (la rencontre dans le parc, les mésaventures avec le galant manipulateur incarné par Peter Lawford...) et contraste avec une fin très, trop consensuelle, qui perd d'un coup tout son mordant. Happy end obligatoire, avec morale assortie, mais on se prend à rêver de ce que Billy Wilder aurait peut-être pu tirer de ce sujet.
Passée cette déception inévitable, reste une comédie alerte, piquante satire de la publicité et de la recherche de la gloire, qui anticipe avec acuité notre monde médiatique (à un moment s'esquisse même ce qui deviendra le principe de la téléréalité...). L'ensemble reste d'une grande modernité. S'ajoute à cela une tonalité d'ensemble assez indéfinissable et vraiment charmante : fantaisie dingue, subtile comédie de caractère, pointes de gravité, voire de cynisme, on ne sait pas toujours ce qui l'emporte, de même qu'on ne sait pas toujours s'il faut donner tort ou raison à cette surprenante héroïne. D'ailleurs, ce personnage est vraiment déstabilisant, car on ne sait si Gladys est sotte, juste trop naïve, victime de la société et de ses mirages, ou bien finalement bien plus fine qu'il n'y paraît (sa subite clairvoyance lorsque Evans III se montre très entreprenant)... Cette indéfinition quant au caractère du personnage fait peut-être la faiblesse du film, mais aussi son charme, car la comédie se soucie souvent fort peu de vraisemblance. Pour ma part, le charme l'a emporté définitivement grâce à une Judy Holliday toute en paradoxe : ravissante cover girl sophistiquée et "américaine moyenne", timide et audacieuse, sotte et lucide, victime et manipulatrice, spontanée et calculatrice, elle est tout cela à la fois et c'est un vrai plaisir de découvrir la palette de cette actrice ! Les autres acteurs doivent se contenter de rôles bien plus stéréotypés, mais auxquels ils donnent corps avec la conviction qui convient.