Bien que je fasse partie des quelques réfractaires au cinéma lancinant de la légende Clint Eastwood, j’ai toujours voulu découvrir "La relève", tant il me semblait faire partie de la catégorie des films différents du réalisateur où sont mêlés action et humour (comme "Le Maître de guerre" ou encore "Space Cowboys"). La bande-annonce promettait un film dans la veine des grands buddy movies des années 80 et 90, genre "L’arme Fatale". Et dire qu’on est très loin du compte tient du doux euphémisme. Car, de "La Relève", on retiendra, tout au plus, le numéro habituel d’Eastwood en flic dur à cuire qui emmerde le règlement (soit un clone vieillissant du culte Dirty Harry). L’acteur passe, en effet, le film à trimbaler sa mauvaise humeur, cigare visé au bec en cherchant inlassablement un paquet d’allumette, sans tenter le moindre renouvellement d’un personnage qu’il connaît par cœur. Les fans apprécieront cette énième interprétation, les profanes seront forcés d’admettre le charisme du bonhomme. C’est d’ailleurs sans surprise qu’il éclipse totalement Charlie Sheen, censé représenter la relève (et, accessoirement, grand espoir de l’époque), et qui ne s’impose à aucun moment avec un jeu très limité. Mais, pour le reste, "La relève" est un incroyable plantage qui cumule à peu près tous les poncifs les plus ridicules qui caractérisaient le cinéma d’action de l’époque… en pire ! Le scénario, tout d’abord, est d’un vide abyssal (la jeune recrue qui va tout apprendre du vieux sage, ça fait léger…) et pullulent de personnages tous plus transparents les uns que les autres quand ils ne sombrent pas carrément dans la caricature grotesque. On n’échappe à rien, de la petite amie invraisemblablement dévouée à son homme au chef de la police complètement dépassé par les événements en passant par la jeune recrue traumatisée
par un souvenir d’enfance
et la complice latino complètement maso. Quant aux enjeux dramatiques, ils font tous dans le réchauffé, avec le méchant forcément étranger qui va
tuer le coéquipier du héros
, sa vendetta personnelle contre l’avis de sa hiérarchie ou encore
l’incroyable transformation du jeune bleu qui va se révéler à lui-même et sauver son mentor
! Et ne parlons même pas de l’inévitable refus du gosse de riche qui ne veut pas du pognon de son père ou encore du garage de ce brave Nick, rempli de modèles de collection malgré un simple salaire de flic qui plus est intègre ! Le problème avec tous ces poncifs, c’est qu’ils n’ont même pas le bon goût d’être sympathique au vu du traitement très premier degré du réalisateur. Quant à la mise en scène, elle est d’une mollesse affligeante et surtout impardonnable au vu du sujet traité (mention spéciale aux interminables poursuites en voiture). Enfin, certaines scènes ont fini de m’achever tant elles sont ridicules, à commencer par le pétage de plomb du jeune Ackerman dans le bar ou encore la scène hot du vieux Nick, aussi inutile que pathétique. Certes, on se surprendra à être un peu plus indulgent par moments, lorsque les dialogues font dans l’humour (la vanne sur la voiture verte, l’amusant "la prochaine fois, vise les genoux ! - C’est ce que je visais"…). Mais c’est franchement trop peu pour empêcher le film d’être un raté monumental !