Film marquant de Dario Argento, Ténèbres est surement moins flamboyant que Suspiria ou Inferno, mais appartient aux vrais bons films du réalisateur, de ceux qui ne s’oublient pas facilement après visionnage.Au niveau du casting celui-ci reste clairement à deux vitesses. En effet si on ne peut nier une réelle aisance chez Anthony Franciosa qui s’empare de son rôle avec une belle facilité et un indéniable talent, si on ne peut nier de belles prestations, notamment chez la charmante Daria Nicolodi, en revanche il faut tout de même avouer que les seconds rôles ne sont pas franchement tous au point. C’est notamment vrai du côté de Giulano Gemma, qui joue et de Carola Stagnaro, qui jouent les deux enquêteurs de façon peu concluante. Après ce sont des seconds rôles qui ne portent pas une franche atteinte au métrage en lui-même.Le scénario est efficace même si le suspens pourra s’éventer avant la fin pour les plus perspicaces. Rythmé sans excès, Ténèbres sait aussi prendre son temps comme tout bon giallo qui se respecte pour mettre en valeur des scènes qui le mérite (notamment un double meurtre remarquable). L’histoire est agréable à suivre, l’enquête du héros ne manque pas de saveur, les meurtres sont bien répartis, le final est à la hauteur, bref, globalement le film tient tout à fait la route, et malgré les différences esthétiques par rapport à Suspiria ou Inferno, les amateurs d’Argento retrouveront clairement sa patte et son style maitrisé dans cette histoire.Visuellement aussi d’ailleurs, car il faut reconnaitre que sa mise en scène, soignée, onctueuse, nous offre un spectacle de toute beauté. Les meurtres sont mémorables et il y a une séquence absolument mythique, surement l’une des plus réussies d’Argento à l’occasion donc d’un double meurtre hallucinant. Le final avec la statue a fière allure aussi, et de façon générale Ténèbres est clairement maitrisé par son réalisateur. On peut en dire autant de décors qui ne flanchent pas. Ici Argento à recours à une esthétique moderne, du moins pour l’époque, et le résultat à l’écran est décapant, avec l’utilisation d’architectures et d’œuvres étonnantes parfois. Comme annoncé en introduction Ténèbres ne cherche pas la flamboyance, et la photographie se fait volontairement grise et triste. Certains pourront être décontenancés, et je l’ai été un peu au départ, mais finalement Argento maitrise ce choix, et son film n’en pâtit pas du tout. Les meurtres eux en revanche sont toujours, là, violents, sanglants, avec une prédominance de l’arme blanche dans un style giallesque des plus purs. Comme toujours chez le réalisateur on louera aussi une bande son aux petits oignons, qui donne une sacrée dimensions à plus d’une scène. Au final Ténèbres est un film très agréable à regarder, même si ce n’est pas le chef-d’œuvre d’Argento. Peut-être un peu trop prévisible dans son dénouement, il y a quelques ratés dans les seconds rôles par exemple qui sont plus gênants ici, dans un film plus classique, que dans Suspiria par exemple où les défectuosités de ce genre étaient moins apparentes. Je donne 4.