Un Tavernier qui appartient, comme "L'horloger..." ou "Une semaine de vacances" à sa veine intimiste, ancrée dans l'époque. Il tourne ici le dos au spectaculaire, au romanesque, qui ont donné ses films les plus aboutis ("Que la fête commence", "Coup de torchon").
Quarante ans après sa sortie, "Des enfants gâtés" reste une oeuvre attachante car, socialement, d'une actualité, hélas, toujours vivante et, sentimentalement, d'une étonnante justesse, loin de l'académisme du cinéma français des années 70.
Cela tient à peu de choses mais Tavernier parvient à mettre beaucoup de lui-même, à faire entendre sa petite musique personnelle, celle d'un auteur modeste mais sincère. Christine Pascal, qui co-signe le scénario, et joue le rôle féminin principal, y est pour beaucoup. D'une grande sensibilité, elle impose sa personnalité à fleur de peau, celle d'une comédienne magnifique qui n'aura pas la carrière, ni la vie qu'elle méritait. Face à elle, Piccoli est formidable, comme le plus souvent, laissant déborder les fêlures, les contradictions de son personnage avec une vérité confondante.
A noter un casting pas désagréable où Huppert apparaît 30 secondes en secrétaire de Toscan du Plantier, alors son époux à la ville.