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soulman
92 abonnés
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3,5
Publiée le 29 mai 2017
Un Tavernier qui appartient, comme "L'horloger..." ou "Une semaine de vacances" à sa veine intimiste, ancrée dans l'époque. Il tourne ici le dos au spectaculaire, au romanesque, qui ont donné ses films les plus aboutis ("Que la fête commence", "Coup de torchon"). Quarante ans après sa sortie, "Des enfants gâtés" reste une oeuvre attachante car, socialement, d'une actualité, hélas, toujours vivante et, sentimentalement, d'une étonnante justesse, loin de l'académisme du cinéma français des années 70. Cela tient à peu de choses mais Tavernier parvient à mettre beaucoup de lui-même, à faire entendre sa petite musique personnelle, celle d'un auteur modeste mais sincère. Christine Pascal, qui co-signe le scénario, et joue le rôle féminin principal, y est pour beaucoup. D'une grande sensibilité, elle impose sa personnalité à fleur de peau, celle d'une comédienne magnifique qui n'aura pas la carrière, ni la vie qu'elle méritait. Face à elle, Piccoli est formidable, comme le plus souvent, laissant déborder les fêlures, les contradictions de son personnage avec une vérité confondante. A noter un casting pas désagréable où Huppert apparaît 30 secondes en secrétaire de Toscan du Plantier, alors son époux à la ville.
Un film très incisif sur la violence sociale. Déjà impitoyable, au sortir des "30 Glorieuses" ("Des Enfants gâtés" est sorti en 1977). Propos croisés (se loger, se construire, sur-vivre...) qui ont encore gagné en pertinence dans notre monde de plus en plus sinistre, en 2017. Excellent Piccoli, en clone du réalisateur Tavernier.
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4,0
Publiée le 15 janvier 2015
En exergue de cet excellent quatrième long-mètrage de Bertrand Tavernier, une citation de Paul Eluard : « Toute caresse toute confiance se survivent. » Qu'il parle de l'Histoire ou d'aujourd'hui, Tavernier est toujours dans le coup! Rèalisèe en 1977, cette dènonciation de certains trafics est plus que jamais d'actualitè avec des quartiers qui navirent (dèjà) à la dèrive! La situation des locataires est la même que celle des salariès! Là où ils travaillent, on les dèplace, on les exploite, on les expulse! ils doivent payer, payer, toujours payer! Nous vivons dans l'urbanisme du mèpris! Comme beaucoup d'habitants de Paris (citons par exemple le XIXe arrondissement), ils ont ètè relogès en banlieue par des promoteurs qui dèpeuplent la capitale et construisent des bureaux plutôt que des espaces ou des terrains de jeux! Ça rapporte davantage! Dans ce film engagè, la regrettèe Christine Pascal se confie beaucoup à Michel Piccoli himself! C'est là qu'elle est remarquable! Que ce soit dans un garage souterrain où elle donne son opinion sur le suicide qui provoque aujourd'hui des blessures inguèrissables (on sait comment la malheureuse a fini) ou quand elle parle librement de son plaisir sexuel! Sinon quelle est la plus belle scène d'amour du cinèma mondiale ? Piccoli nous le fait savoir dans la première partie du film et c'est pour le moins surprenant! A noter que la chanson que l'on entend dans la scène d'introduction, « Paris Jadis » , est interprètèe joyeusement par Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle. "Des enfants gâtès" commençait par une citation de Eluard et se conclut de la plus belle des manières par une citation de Tristan Cabral : « Et si je meurs un jour, je veux que cela soit comme il m'est arrivè d'aimer. ». Un grand Tavernier...
Un homme qui voulait se fermer dans la solitude se prend au jeu des réunions à propos des expulsions de locataires dans Paris. Un film sur l'amitié avec en toile de fond l'extension de Paris, ses constructions, ses grues. Les enfants gâtés ce sont ceux dont l'amitié renforcée dans leur milieu social se joue de la vision parfois morose de la société actuelle. À la fois tendre et amer.
Un film qui dans la forme et l’esthétique est propre à ceux des années 70, et j'aime bien ce type de film. Sur le fond il a le mérite de s'opposer au pouvoir arbitraire des puissants et alerter sur la précarité des plus modestes. Entre des scènes "d'actions" on déambule au fil du flirt de Michel Piccoli en scénariste, fidèle à lui même, et d'une jeune "demandeuse d'emploi" qui se bat et fait part de ses nombreuses petites contrariété. Je ne suis pas contre ce type de topo mais j'ai trouvé la relation et le cheminement des 2 personnages principaux assez long, fade et médiocre, je dirais même trop artificiel. Intéressant donc pour le message, pour le style rétro et parce que j'aime bien les comédies des années 70 et Michel Piccoli, mais j'ai vu mieux.
«Des enfants gâtés» (France, 1977) de Bertrand Tavernier s’ouvre sur une chanson cynique sur l’esprit bien-pensant des bourgeois bohèmes de Paris. La ritournelle n’est pas gratuite, elle met en place le dispositif du film. Bernard Rougerie, cinéaste, loue un appartement pour terminer tranquillement le scénario de son prochain film. Dans un HLM, il fait la rencontre de ses habitants. Très vite, Tavernier confronte le cinéaste (qui n’est autre que lui même puisqu’il aurait réalisé «La Mort en direct» -qui à la sortie du film n’est pas encore produit-) avec une femme engagée et féministe. Interprété par la fragile Christine Pascal, le personnage d’Anne Torrini est le point d’achoppement du film qui permet de répondre aux interrogations sociales dufilm. Au contact de ces gens communs, le cinéaste, artiste privilégié, s’interroge sur la légitimité de ses privilèges. Inscrit dans des décors et dans l’exiguïté des appartements HLM, les situations se développent selon le fil des récits romantiques. Car bien que «Des enfants gâtés» soit reconnu auprès des associations féministes américaines comme un des meilleurs films féministes, il n’en demeure pas moins un film aux élans romantiques et, par extension, répondant aux codes du rapport homme dominant-femme désiré. Tavernier prend toutefois soin d’interroger ce rapport, de ne pas l’accepter comme une évidence mais de le rendre trouble. Or, pour les cinéphiles, la richesse du film se situe dans le questionnement de la place du praticien du cinéma, de l’amoureux de l’art vis-à-vis des conditions pratiques de la société. À plus grande ampleur, ce que le minimalisme formel de Tavernier permet d’interroger, c’est la fonction de l’artiste, être de l’esprit, dans la place des commodités sociales. Peut-on en droit se permettre de faire de l’art pendant que d’autres n’arrivent pas à vivre décemment ? Tavernier, rien qu’en se posant la question, assure qu’il engage son cinéma à une visée sociale.
Piccoli assure mortellement et ses énervements sont jubilatoires. Christine Pascal est moderne, belle, une romy jamais réellement consacrée. Tavernier est étonnant, bon, très bon pour un film qui dénonce et pas qu'un peu. L'équipe du splendid est là. Réjouissant par les temps qui courent, prémonitoire pour Christine et sa diatribe sur le suicide, moderne par les thèmes abordés, réalisation qui date un peu mais Vintage !!! Christine , tu es magnifique !! RIP.
Film totalement gâché par une lourdeur idéologique énorme...... ce n'est pas un film mais un documentaire ou pire un film de propagande...... c'est dommage car les interprètes sont justes et c'est un réel plaisir de voir jouer à leur début la bande du splendid.... mais Tavernier veut tout aborder, le problème du chômage, du logement, de l'éducation, des patrons, des ouvriers, de la solidarité, du féminisme, des associations, au final seul le féminisme est bien compris, le reste est noyé dans un manichéisme politique de mauvais aloi..... il est aussi assez bizarre de voir que les problèmes de 1977 sont les mêmes que ceux de 2014, toujours pas réglés......mais que fait Tavernier.....
On se demande bien ce que Michel Piccoli est venu faire dans ce "film". C'est plutôt un genre de documentaire scénarisé sur "l'urbanisme du mépris", une chronique d'une cité des 70's. Petits locataires de bonne foi contre bailleur véreux, force détails sur les charges indûment facturées, bref c'est assommant. Piccoli est largué au milieu de tout cela, il ne semble pas convaincu. Christine Pascale s'en tire mieux en incarnant le féminisme naissant. Une tyrade sur la jouissance féminine se remarque. Malheureusement le peu de qualités de ce "film" est gâché par la présence d'une partie de la troupe du Splendid qui donne un air de "Les Bronzés dans la Cité".
Si Bertrand Tavernier est un passionné de cinéma, il est aussi un homme de convictions. Après trois films en deux ans en qualité de réalisateur qui lui apportent une reconnaissance critique immédiate et le placent dans une position enviable au sein du petit monde fermé du cinéma français, il effectue un pas de côté en 1977 en traitant sur un ton primesautier de la destruction du Paris d'après-guerre qui progressivement videra la capitale de ses classes populaires pour aboutir à la spéculation immobilière que l'on connait et qui en fait aujourd'hui une des villes les plus chères d'Europe. Bertrand Tavernier avant d'aborder le lourd projet de "La mort en direct" plusieurs fois évoqué dans le film, s'en va donc musarder du côté de "Mon oncle" (1958) de Jacques Tati pour sa face cocasse et du côté du "Chat" de Pierre Granier-Deferre (dont il a été l'assistant de production) pour son versant plus sombre. On pense aussi bien sûr, au "Petit jardin" de Jacques Lanzmann et de Jacques Dutronc sortie en 1972. 1977, C'est aussi l'époque du giscardisme triomphant que Tavernier ne se gêne pas d'égratigner de manière un peu grossière à travers le personnage de Mouchot (Georges Riquier), le propriétaire cynique d'une grande partie des nouveaux immeubles sans âme poussant comme des champignons aux abords du périphérique. Facétieux comme il aime parfois l'être, Tavernier qui cosigne le scénario avec Charlotte Dubreuil et Christine Pascal introduit au sein d'une bande de locataires en colère contre les abus de leur bailleur, la figure tutélaire d'un metteur en scène qui a loué un appartement dans la barre d'immeuble pour s'isoler du tumulte parisien afin de trouver l'inspiration pour son prochain film qu'il doit tourner dans trois mois. Intrigante mise en abyme à laquelle Michel Piccoli tout juste sorti de sa collaboration féconde avec Claude Sautet apporte son auguste présence et son charme vénéneux pour servir de guide-fil à une intrigue qui semble parfaitement savoir où nous emmener mais qui hésite parfois sur le chemin à prendre.spoiler: Un peu en rupture de ban sentimentale, le réalisateur va prêter son aura pour faire avancer la cause des locataires mais aussi s'en servir opportunément pour retrouver de son inspiration via une romance passagère avec une jeune chômeuse de l'immeuble (Christine Pascal) qui donnera plus qu'elle ne recevra dans une relation forcément déséquilibrée . Si l'ensemble parfois bancal est sympathique, c'est surtout les prestations de Michel Piccoli et de la regrettée Christine Pascal qui retiennent l'attention. Quand on connait la fin tragique de Christine Pascal, on ne peut qu'être ému quand dans une scène étrangement prémonitoire, son personnage se demande pourquoi une de ses voisines s'est suicidée. On notera aussi la présence dans des seconds rôles pittoresques de toute l'équipe masculine du Splendid. Film le plus oublié de la filmographie désormais imposante de Bertrand Tavernier, "Des enfants gâtés" mérite le détour pour découvrir une facette méconnue du talent de son réalisateur.
Bertrand Tavernier a réuni autour de Michel Piccoli un beau casting notamment composé d’une bonne partie des membres de la troupe du Splendid. Et, s’ils n’apparaissent pas à l’écran, Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort ouvrent le film en interprétant « Paris jadis », ritournelle-critique de l’esprit des bourgeois-bohèmes parisiens. Incarnant un scénariste en panne d’inspiration et afin de se concentrer sur son travail, Piccoli loue un appartement dans un immeuble sans âme parmi tant d’autres dans un quartier en cours de reconstruction. De réunions de locataires en soirées diapositives, son personnage devient le chef de file des victimes de « l’urbanisme du mépris », de loyers et charges trop élevés. Pris entre luttes, menaces d’expulsion, chômage, voire suicide, les personnages secondaires sont bien caractérisés. La réalisation classique et minimaliste ne détourne en rien l’attention des spectateurs au fil d’un scénario embrassant de (trop ?) nombreuses questions sociales depuis les conséquences de la crise économique jusqu’au féminisme. Quarante ans après sa réalisation, ce film-manifeste jouit toujours d’une grande actualité à défaut de modernité.
Ce quatrième film de Tavernier semble aujourd'hui bien oublié alors qu'il n'a rien à envier à ceux qui l'ont précédé. Le scénario se moque au départ de manière assez réjouissante d'un réalisateur en rupture de ban familiale, ne pouvant trouver l'inspiration que dans l'isolement, pour ensuite mettre en pièces, bien plus férocément, les richissimes propriétaires véreux dominant l'immobilier parisien. La distribution est impeccable, auprès d'un Piccoli à son meilleur, Christine Pascal rivalise aisément avec Romy Schneider. Aumont, Jugnot, et plus épisodiquement quelques autres membres du Splendid complètent agréablement le casting.